Se gratter procure un soulagement instantané, mais paradoxalement, cela peut aussi aggraver les démangeaisons. Pourquoi ce réflexe a-t-il perduré à travers l'évolution? Des dermatologues américains de l'université de Pittsburgh se sont penchés sur la question, persuadés que ce geste avait une fonction bénéfique pour l'organisme.
Et ils avaient raison. Leurs travaux, publiés fin janvier dans la revue Science, révèlent que se gratter active des neurones spécifiques jouant un rôle clé dans la réponse immunitaire de la peau.
Pour démontrer leur hypothèse, Andrew Liu et son équipe ont fait des tests sur des souris en appliquant un allergène sur leur peau. Ils ont alors observé une réaction en chaîne favorable à la défense immunitaire. En effet, en se grattant, l'organisme libère davantage de mastocytes, ces cellules immunitaires responsables de l'inflammation.
Si cette inflammation est souvent perçue comme négative, elle joue en réalité un rôle clé dans la guérison des réactions allergiques. Les chercheurs ont également constaté que des globules blancs spécifiques, les neutrophiles, étaient activés, favorisant la récupération des infections cutanées.
De plus, se gratter contribuerait à réduire la diversité microbienne à la surface de la peau, jouant ainsi un rôle dans la protection contre certaines infections.
L'équipe de chercheurs a également étudié l'impact du grattage sur une infection au staphylocoque doré, une bactérie fréquemment présente sur la peau. Il s'avère que le grattage permet d'intensifier la réponse inflammatoire et d'aider l'organisme à lutter contre l'agent pathogène.
Cependant, le grattage a aussi ses inconvénients. En stimulant les mastocytes, il peut exacerber les réactions allergiques. Par ailleurs, il peut faciliter la propagation de parasites intestinaux, notamment chez les enfants. Certains vers pondent leurs œufs près de l'anus, provoquant des démangeaisons. L'enfant se gratte, puis porte ses mains à sa bouche, favorisant ainsi l'ingestion des œufs et la perpétuation de l'infection.
Se gratter est naturel, mais mieux vaut adopter des alternatives moins agressives lorsque l'envie devient trop pressante. Voici quelques conseils du Centre d'allergie suisse Aha!:
Se gratter n'est donc pas qu'une simple manie, c'est un mécanisme de défense évolutif aux effets à double tranchant. La clé est de trouver le bon équilibre pour profiter de ses bienfaits sans en subir les inconvénients.