«Ma souffrance a commencé!» Elle a servi de cobaye pour le sextoy ultime
Lorsqu'au détour de ses recherches, Michael Lenke tombe sur cette étude américaine, il tombe de son tabouret. Le chiffre est tout simplement accablant. Plus de la moitié des femmes de la planète n'auraient jamais connu d'orgasme. Intolérable pour cet Allemand de 63 ans heureux en ménage. Il faut y remédier de ce pas. Alors, le jeune retraité fonce dans sa cave. Et se met au travail.
Il était une fois, en Bavière
Après tout, Michael Lenke n'est en pas à sa première invention. Au cours de sa prolifique carrière, l'ingénieur installé dans la petite ville de Metten, en Bavière, juste à côté d'un monastère bénédictin datant de l'an 766, a conçu quantité d'objets. Ses inventions vont d'un système de détection précoce des tremblements de terre à une machine pour lutter contre le rhume des foins, en passant par «Happy Bonsaï», un procédé qui permet de réduire la taille des plantes sans génie génétique et qui l'a rendu millionnaire. Le plaisir féminin ne devrait pas être une énigme plus complexe à résoudre, si?
Michael Lenke lit, étudie, compare, examine et échange avec des gynécologues. Après de longs mois de recherche, il pense détenir la solution: la pression atmosphérique. Une pression d'air alternée autour du clitoris, entre succion et poussée, serait la voie infaillible vers l'orgasme. Alors, il s'empare d'une pompe d'aquarium et d'un tuyau en plastique.
Pour l'inventeur, un obstacle majeur se pose très vite sur son chemin vers l'orgasme féminin. Il n'est pas une femme. Et il ne peut donc guère essayer son prototype sur lui-même.
C'est donc tout naturellement que l'inventeur se tourne vers une source sûre. Brigitte Lenke, 57 ans, banquière de formation, sa partenaire en affaires et son épouse depuis 30 ans. «Et c’est là que mes souffrances ont commencé», se souvient en souriant Brigitte, au quotidien allemand Bild, en 2017.
Pour servir la science et la cause féminine, Brigitte Lenke accepte de positionner le tuyau sur la partie la plus sensible de son anatomie: le clitoris.
Le début d'une longue période de tests, en rentrant du travail ou entre deux séances de repassage. Des essais plus ou moins confortables, ennuyeux, désagréables, à mesure que Michael perfectionne l'ergonomie et la pression de l'air de son sextoy. Parfois, la vibration n'est pas tout à fait correcte. D'autres, sa cobaye ne ressent rien du tout. Le découragement pointe. A plusieurs reprises, Brigitte prie son mari de bien vouloir passer à autre chose et de se trouver une autre invention à développer.
Mais Michael s'obstine. Pour aboutir, enfin, au bout d'un an, à la percée: un appareil qui aspire le clitoris, crée des mouvements d'ondes électriques et génère autant de vibrations qui conduisent à l'orgasme garanti. «Ça y est», souffle-t-elle, les larmes aux yeux, après un test en solo dans leur chambre à coucher. Si l'appareil stimule d'autres femmes aussi intensément, alors, c'est certain.
Michael opte pour un design qui plait à sa femme, Brigitte choisit le nom: ce sera Womanizer.
Ne reste plus qu’à savoir si d’autres femmes l'apprécient tout autant. Pour en avoir le coeur net, Michael Lenke contacte le club échangiste local. «Il leur a demandé: Puis-je venir demander aux gens de votre club d'essayer mon produit?», raconte Johannes Plettenberg, directeur général du groupe WowTech, au média Sifted.
La commercialisation du Womanizer démarre dans le salon du couple Lenke en 2014. Quatre ans et plus de 10 millions d'euros de chiffre d'affaires plus tard, alors qu'ils ont du mal à répondre à la demande, ils vendent leur précieux sextoy au groupe allemand WowTech. Selon le site internet, le jouet compte désormais 5 millions de clientes à travers le monde.
Du «caviar et de la crème fraîche»
Brigitte avait raison: Womanizer est un succès mondial. Selon les dernières enquêtes de la marque, tous genres confondus (il existe à présent plus d'une trentaine de versions), le sextoy affiche un taux de satisfaction éclatant de 93% auprès de ses consommatrices. «Du caviar et de la crème fraîche. Du miel et des gaufres», décrit avec émotion et imagination la journaliste Mary Frances Knapp de Vice, qui a testé sa version «Duo».
La recette de ce succès? Sous ses airs de thermomètre auriculaire aux couleurs pop, cet objet 100% hypoallergénique et waterproof, conçu pour être discret et faire un minimum de bruit, cache une technologie unique en son genre. Contrairement à un vibromasseur traditionnel, qui entre en contact avec le clitoris et la vulve dans leur ensemble, le Womanizer stimule le clitoris sans avoir à le toucher directement.
C'est cette pression de l'air qui rend le Womanizer si efficace. «Votre corps ne s'habituera jamais à la sensation, vous aidant à jouir encore et encore», s'émeut Angela Rosario, experte en jouets sexuels et relations chez TooTimid, au Glamour US. «C’est, je crois, le véritable signe d’un bon jouet: un jouet que vous recommanderez joyeusement et authentiquement à vos amis sans aucune honte. Amen.»
De son côté, Michael Lenke, coule désormais, avec sa chère Brigitte, une retraite heureuse dans leur maison de Majorque. Le Womanizer reste l'invention qui le rend plus fier. «Et ce, pour une bonne raison: aujourd'hui, je peux vraiment dire avec fierté que j'ai rendu des millions de femmes heureuses», affirme-t-il à Galaxus. Pas de fausse modestie qui tienne. Il a bien raison.
