Le 17 décembre 1988, à Morges (VD), est né le plus grand gardien de la sélection suisse de football. Qu'on l'aime ou pas, Yann Sommer a marqué l'histoire du football suisse.
Depuis son premier match le 30 mai 2012, ce sont 12 ans, 94 matches et 35 clean sheets en équipe nationale. Ajoutez trois Coupes du monde et deux Euros qui ont jalonné une carrière internationale exemplaire.
Exemplaire, oui. Le pas de recul est nécessaire pour saisir l'empreinte laissée par le gardien helvétique, l'une des phalanges de la Nati pendant dix longues années.
Ses détracteurs ont été nombreux, piquants, lui reprochant un tas de choses. Dans le paquet, il y a par exemple ce manque de mordant sur le terrain, plus occupé à lisser cette image qu'il souhaitait véhiculer auprès du grand public, et surtout sa petite taille (1m83) pour un dernier rempart. Trop petit, trop irrégulier, les médias ont noirci des pages pour égratigner les prestations majoritairement impeccables du Bâlois.
Fébrile parfois, certes, le portier était un perfectionniste «qui avait tendance à se perdre dans les détails», comme le confiait sa représentante marketing Vanessa Luperti. C'est l'image qui l'a laissée sous le maillot suisse. A trop en vouloir, à trop se mettre la pression, il fautait. Toujours est-il qu'une fois les gants enfilés, Sommer affichait son masque de numéro 1 incontesté aux performances de métronome.
Il en fallait de la régularité pour reléguer sur le banc des gardiens d'envergure tels que Diego Benaglio et Roman Bürki. Il a même réussi à freiner l'ascension de gardiens pétris de talents comme Jonas Omlin et surtout Gregor Kobel - appelé à endosser le rôle de numéro 1 désormais.
La défiance lui a collé aux gants, souvent épinglé en club pour une petite erreur - surtout lors de son passage de six mois au Bayern Munich. Si Yann Sommer a plié, il n'a jamais rompu. Il a souvent été canardé de toutes parts, tant par les fans que les frappes des joueurs adverses, mais l'homme s'est montré prompt sur sa ligne.
Yann Sommer a fait valoir sa malice pour garder à flot les joueurs à croix blanche. Nombreux sont ceux qui lui prêtent d'ailleurs un QI football au-dessus de la moyenne. Petit par la taille, grand par l'anticipation et l'explosivité. Une intelligence qui a permis à la Nati de survivre dans des moments difficiles.
On se remémore cet arrêt sur un penalty de Jorginho, en feignant un plongeon du côté opposé. La technique du joueur italien, adepte d'un saut pour prendre l'information avant de botter le cuir pour tromper le gardien, n'a pas eu le moindre effet sur notre idole nationale.
C'est un autre tir au but stoppé, celui de Kylian Mbappé lors de l'Euro 2021, qui l'enverra dans l'éternité du football suisse.
Toutes ces années, il a été un véritable ancrage pour l'équipe Suisse. Sommer a été grand, régulier, mais pas assez pour convaincre des observateurs qui ne voyaient qu'un gardien de classe internationale et non de classe mondiale.
Or Sommer l'a empoignée cette classe mondiale, n'en déplaise aux grognons. Il l'a étrennée maintes fois sous le maillot suisse. Même Gianluigi Buffon s'était incliné devant le talent du Bâlois, le qualifiant de meilleur gardien de la Serie A la saison dernière:
Il a incarné une ère de footballeurs suisses qui a réussi à accrocher les quarts de finale de deux Euros consécutifs, d'une génération qui a toujours répondu présent lors des grandes compétitions, sans pour autant réussir à créer l'exploit. La seule ombre au tableau. Une Nati peut-être trop tendre pour chatouiller les grands de la planète football. Il ne manquait plus que ça à Sommer: guider la Nati à une finale d'Euro qui aurait conclu une grande carrière en sélection. Malgré ça, Sommer appartient au Hall of Fame du football suisse.