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Le ski alpin est pris en otage

A protester of Last Generation is dragged away after spraying paint in the finish area of an alpine ski, men's World Cup slalom in Gurgl, Austria, Saturday, Nov. 18, 2023. (AP Photo/Piermarco Tac ...
Les activistes autrichiens ont été traînés hors de la raquette d'arrivée par les services de police. Image: AP
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Le ski alpin est pris en otage

Les skieurs et les skieuses ont désormais une cible sur le dos, comme l'ont montré les évènements du week-end à Gurgl et Zermatt.
20.11.2023, 18:4920.11.2023, 20:14
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L'univers du ski alpin essuie les reproches et fait face à l'ire des défenseurs de l'écologie. Un climat lourd et toxique pour les acteurs et actrices du Cirque blanc, désormais affichés comme des pollueurs, comme des destructeurs de la nature.

Les déboires des organisateurs sur la piste de Zermatt/Cervinia n'ont cessé d'alimenter la polémique. Après la vague de critiques, voilà que les conditions météorologiques (vent et neige) viennent doucher les espoirs du comité d'organisation.

En Autriche, sur le magnifique tracé de Gurgl, des activistes ont bondi dans l'aire d'arrivée pour interrompre la course alors qu'Alexander Steen Olsen (5e de la première manche) allait s'élancer pour sa seconde manche. Ce n'est pas la première fois cette saison que des militants du climat ciblent une course de ski: ils étaient aussi présents à Sölden, fin octobre, à l'occasion du géant masculin. Ils avaient alors bloqué l’unique route d’accès au glacier de Rettenbach.

epa10984171 A worker removes gates after the women's downhill race was cancelled due to strong winds, on the new ski course "Gran Becca" at the Alpine Skiing FIS Ski World Cup Zermatt-C ...
A Zermatt, on range les piquets pour la huitième fois.Keystone

Leurs méthodes n'ont pas tardé à faire réagir les coureurs, conscients des enjeux climatiques, mais remontés par les actions des activistes, qui nourrissent une colère graduelle dans le milieu. Les ripostes d'Henrik Kristoffersen, qui a voulu en venir aux mains avec les manifestants, et de Sebastian Foss Solevaag, qui a trainé un intrus hors de la zone de course, sont symptomatiques de ce ras-le-bol grandissant.

Le ski est désormais pris en otage. Il est devenu la cible privilégiée des activistes, de l'opinion publique et même des dieux de la météo. Malgré toute la bonne volonté valaisanne, c'est un 8-0 (huit épreuves organisées pour huit annulations) face aux cieux. Les larmes de Franz Julen au micro de la SRF ont achevé ce week-end cauchemardesque au pied du Cervin.

Des craintes de voir des skieurs perdre leur calme

Tout est allé de travers en Valais et il n'y a plus de tolérance en Autriche. On craint de voir des skieurs perdre leur calme. Aussi, il y a des interrogations concernant la sécurité pour les coureurs. Markus Waldner, le directeur des courses, n'a pas hésité à souligner le manque de réaction de l'organisation autrichienne samedi.

Tout ce pataquès ne fait que contrarier des coureurs. Daniel Yule nous expliquait qu'il était le premier «à s'engager et défendre un discours raisonné», mais les critiques concernant son sport, «c’est vrai qu'à la longue, les critiques pèsent».

Les glaciers, baromètre du réchauffement climatique

Les conditions hivernales en Autriche n'ont pas calmé les ardeurs des militants; celles de Zermatt non plus. Le sport alpin est désormais une cible privilégiée, très émotionnelle, car la pratique se fait en montagne, qu'elle use des glaciers qui fondent irrémédiablement. Le recul des glaciers est un baromètre du réchauffement climatique et les organisateurs zermattois, par exemple, avec les pelleteuses sur le glacier Théodule, ont touché en plein coeur l'opinion publique.

Un prolongement qui s'est étendu sur ce week-end alpin, alors qu'à des milliers de kilomètres, les pilotes de F1 faisaient rugir leur moteur dans la cité du jeu. Las Vegas et son budget de 550 millions ont sûrement eu une empreinte carbone ô combien plus élevée que les 8 500 spectateurs de Gurgl, massés sur le bord de la piste pour célébrer le triplé autrichien. Mais la folie des grandeurs du monde la Formule 1 a moins choqué. Là, les critiques sont restées silencieuses.

Il y aura deux poids, deux mesures, et une empreinte carbone qui continuera à faire jaser dans le sport en général. Notre société et notre époque sont ainsi façonnées et nous chercherons toujours un coupable pour lui taper dessus.

Alors que la neige et le froid est au rendez-vous, les skieurs et les skieuses s'apprêtent à s'envoler outre-Atlantique pour taquiner les piquets à Beaver Creek (Colorado) et Killington (Vermont). Un nouveau tollé est-il prévu?

Inutile de chercher qui a plus pollué que l'autre, qui est le plus fautif dans l'équation écologique. Un mouvement tel que «Dernière génération» a le mérite de nourrir le débat, mais ses actions ne doivent pas pour autant phagocyter des heures d'entraînement de sportifs professionnels qui viennent gagner leur croûte. Sinon, la situation pourrait rapidement dégénérer.

Un chien interrompt le Super-G de Bormio
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