La semaine dernière, quelques jours avant la démonstration de Tadej Pogacar sur le Tour des Flandres, Stefan Küng avait eu cet aveu prémonitoire: «On roule aujourd'hui de manière plus défensive, ce qui joue finalement aussi en faveur d'un van der Poel ou d'un Pogacar.»
Dans une dépêche d'agence diffusée par l'ATS, le Thurgovien avait évoqué «la pression à laquelle sont soumises les équipes qui doivent récolter suffisamment de points pour conserver leur statut sur le World Tour».
Pour rappel, la saison 2025 est particulière pour le peloton. L'exercice sanctionnera en effet fin octobre un cycle de trois années, au bout duquel les licences World Tour seront réattribuées.
Les équipes font face à un dilemme: «D'une part, elles veulent que tu gagnes des courses, d'autre part, elles veulent que tu gagnes le plus de points possible, expliquait Stefan Küng, cité par l'ATS. En tant que coureur, on réfléchit donc bien avant de tout tenter, avec le risque de se retrouver les mains vides à la fin.»
Le Suisse évoquait dans la dépêche d'agence une situation survenue lors de la course d'un jour belge E3 Classic, lorsqu'il s'agissait pour lui d'organiser la poursuite du petit groupe de tête autour du futur vainqueur Mathieu van der Poel: «Tout le monde avait peur de se faire distancer, donc ceux qui étaient devant avaient la partie facile.»
On peut s'étonner dès lors que le rouleur de la Groupama-FDJ se soit détaché à 110 km de l'arrivée déjà, dimanche sur le Tour des Flandres. Mais ce n'était pas prévu.
Cela lui a permis de décrocher une jolie 7e place, son troisième Top 10 sur le Ronde et son sixième sur un Monument. «Si j’avais couru plus défensif, j’aurais peut-être pu terminer quatrième, cinquième, mais arrive un moment où il faut jouer le tout pour le tout car je suis avant tout un compétiteur. Pour vaincre les pronostics, il faut oser. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui. Qui ne tente rien n’a rien.»
Son directeur sportif Frédéric Guesdon s'est réjoui de ce résultat, anticipant déjà la suite. «C’est de bon augure pour dimanche sur Paris-Roubaix. Tout le début de saison de Stefan a d’ailleurs été décalé pour qu’il soit vraiment prêt à Roubaix.» Une course terrible que l'Helvète affectionne, puisqu'il reste sur trois top 5 consécutifs.