C'est une saison particulière que les coureurs ont débuté il y a quelques jours au Tour Down Under. L'exercice sanctionnera fin octobre un cycle de trois années, au bout duquel les licences World Tour seront réattribuées. Or seules les 18 équipes ayant accumulé le plus de points UCI sur la période 2023/2025 auront droit au précieux sésame, selon le règlement établi en 2020.
S'il reste donc une saison à courir avant que les promotions et les relégations ne soient promulguées, le classement après deux années de lutte dévoile déjà des quasi-certitudes. Respectivement 9e et 14e avec une avance conséquente de plus de 5'000 points, Lotto Dstny et Israel Premier Tech – deux formations de niveau Pro Tour, le deuxième échelon mondial – sont en passe de retrouver le plus haut niveau du cyclisme professionnel, après l'avoir quitté fin 2022.
Ceci est d'autant plus vrai que ces deux formations mettent tout en œuvre pour valider leur montée, et s'assurer de participer aux plus grandes courses du calendrier, durant le prochain cycle de trois années. Par exemple invitées sur Paris-Nice, première grande course à étapes de la saison avec Tirreno-Adriatico, elles ont refusé leur wild card, afin de se concentrer sur des épreuves où leurs coureurs auront davantage de chances de s'exprimer, et ainsi glaner des points.
Qui au contraire cédera sa place dans l'élite? A l'orée de cette nouvelle saison, les équipes Arkéa-B&B Hotels, Cofidis, DSM-Firmenich PostNL, Intermarché-Wanty voire Jayco AlUla sont menacées.
Mais la plus en danger n'est autre que celle dirigée par Alexandre Vinokourov. Actuelle 21e du classement établi sur deux des trois saisons comptabilisées, la formation Astana Qazaqstan est dans l'obligation de combler un retard d'un peu moins de 5'000 points. Elle mise pour cela sur son mercato et les signatures d'Alberto Bettiol, Wout Poels, Sergio Higuita ou encore Fausto Masnada. En fait, ses nouvelles recrues ont délivré l'an passé 4'896 points à leurs équipes respectives, alors que le collectif Astana Qazaqstan s'est séparé de coureurs qui ne lui ont apporté que 1'601 unités en 2024. Bilan fictif de l'opération: +3'295.
L'équipe financée par des fonds du gouvernement kazakhe n'a donc pas dit son dernier mot, tout comme la formation suisse Tudor, qui elle cherche à monter et non se maintenir. A première vue largement distancée, elle pourrait se relancer dans la course au World Tour grâce à ses renforts talentueux.
L'équipe de Fabian Cancellara s'est attachée les services du Suisse Marc Hirschi et du Français Julian Alaphilippe. Le premier cité – sixième du classement UCI individuel la saison dernière, et déjà vainqueur dimanche de la Classica Comunitat Valenciana – a délivré 3'568 points à l'équipe UAE Team Emirates en 2024, soit une unité de moins que le meilleur bilan du double champion du monde Alaphilippe, limité à 1'699 points l'an passé.
La donne est similaire pour la formation Q36.5, qui détient désormais dans ses rangs un certain Tom Pidcock. Cependant, le Britannique, qui a amassé 1'970 points lors du précédent exercice, ne parviendra pas à combler à lui seul l'important retard accumulé.
Si les équipes suisses venaient à rater le bon wagon, elles auraient néanmoins d'autres chances d'«intégrer» le World Tour ces prochaines saisons. En effet, les deux meilleures équipes Pro Tour à l'issue de chaque exercice sont automatiquement invitées aux trois Grands Tours l'année suivante, ainsi qu'à toutes les plus grandes courses du monde. Et, si elles sont là encore devancées, les coureurs comme Hirschi, Alaphilippe et Pidcock ne manqueront pas d'attendrir les organisateurs, comme ils viennent de le faire avec Paris-Roubaix. Tudor et Q36.5 seront en effet au départ de l'Enfer du Nord en avril, a-t-on appris ce lundi.