Il porte un pantalon ample et coloré, une chaîne en or autour du cou et un bob noir sur lequel se découpe la tête d'une panthère. Juste en-dessous, deux yeux brillent: ce sont ceux de Mario Balotelli, présenté aux médias ce jeudi dans la salle de presse du stade de Tourbillon. Comme le joueur est grand (189 cm), il a tendance à baisser un peu la tête quand il répond aux questions, ce qui ne fait que renforcer la profondeur de son regard, amplifiée par l'ourlet du bob sombre barrant son front.
Mario Balotelli est un personnage (à ne pas confondre avec «Super Mario», un plombier moustachu que certains convoquent pour faire un jeu de mots qui, en même pas deux jours, est devenu terriblement agaçant). Le footballeur est même appelé à devenir la principale attraction de la Super League, qui a commencé sans lui et se poursuivra dès samedi avec la réception du FC Bâle en Valais (18h). L'Italien sera-t-il sur le terrain? «Je ne suis pas encore à 100%. Mais je suis prêt à disputer quelques minutes», répond-il, avec cette façon bien à lui de faire des phrases courtes et précises.
Balotelli n'a jamais été la star absolue des quatre championnats (Italie, Angleterre, France et Turquie) dans lesquels il a évolué. Il l'est dans ce cinquième, incontestablement. «J'en suis fier. C'est une belle responsabilité», commente-t-il (encore court et précis), sans que l'on sache si, chez lui, le terme «responsabilités» prend le même sens que chez les autres.
Quand on va croiser Balotelli entrain de faire une chicha au Flon parce que y’a rien à faire à Sion ça va faire tout drôle hein
— TRAVI$ SCOB (@ssscobbb) August 31, 2022
Le footballeur de 32 ans est un habitué des écarts de conduite, sur le terrain et en-dehors, et rien ne dit que, quelques jours après sa prise de tête avec son coach Vincenzo Montella en Turquie, il ait beaucoup changé. «Je n'ai pas vraiment de problèmes avec mes entraîneurs, malgré ce que les gens peuvent dire», balaie-t-il, ajoutant ensuite: «Je ne me soucie pas de ma réputation, car une mauvaise réputation se construit trop souvent sur des détails futiles (...) Seuls leurs avis et ceux de mes proches comptent à mes yeux. Les gens qui parlent de moi et qui me collent de faux procès sans me connaître ne m'intéressent pas.»
Il n'aura peut-être pas le temps de se fâcher avec ses entraîneurs en Valais, et ce n'est pas parce qu'il partira avant eux, puisqu'il a signé pour deux ans avec pour objectif de gagner un trophée. «Ça serait bien, parce que ça fait longtemps que ça ne m'est plus arrivé», sourit-il, faisant référence au titre de champion d'Angleterre remporté tardivement avec City en 2012. Lors de la dernière journée, c'est lui qui avait donné le ballon du but libérateur à Sergio Agüero.
Le championnat de Suisse est un objectif lointain. La Coupe, c'est autre chose. Sion veut marquer les esprits dans cette compétition (il défiera bientôt Rapperswil en 16e de finale), même si «le mythe est mort avec la défaite en finale contre Bâle en 2017», comme l'a rappelé Barthélémy Constantin.
C'est d'ailleurs lui et non son père qui, ce jeudi, se tenait sur l'estrade lors de la présentation du joueur, signe du temps qui passe et, peut-être, le verra prendre davantage de responsabilités à la tête du club.
Mais c'est une autre histoire. Celle qui se déroule sous les yeux des fans valaisans est trop belle pour penser à demain. Le FC Sion a gagné 10 millions de supporters en signant sa nouvelle star (c'est le nombre des abonnés de Balotelli sur Instagram) et l'agitation autour de Sion est telle qu'on a été surpris de retrouver Valère et Tourbillon au même endroit en débarquant du train.
On ne sait pas encore de quelle manière Mario Balotelli ressentira cette ferveur, lui qui logera à Montreux, ni s'il sera capable de l'alimenter sur la durée. Il sort d'une belle saison en Turquie (18 buts et 4 passes décisives en 31 matchs de championnat) mais c'était une autre équipe et une autre division. Surtout, un autre contexte. Certains journalistes ont souligné jeudi l'environnement apaisant dans lequel «MB» baignera ces prochains mois. Le joueur lui-même a reconnu que la Suisse pouvait lui offrir un espace de tranquillité à nul autre pareil. «C'est un pays où on laisse les gens vivre mieux qu'ailleurs.» On saura très vite si c'est de cela dont l'international italien a besoin dans la vie pour se sentir bien, lui qui n'y a jamais goûté.