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Mario Balotelli, le dernier kif de l'empereur Christian Constantin

Christian Constantin a usé de son pouvoir (notamment de séduction) pour attirer Mario Balotelli au FC Sion.
Christian Constantin a usé de son pouvoir (notamment de séduction) pour attirer Mario Balotelli au FC Sion.
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Balotelli à Sion, le dernier kif de l'empereur Constantin

Le même été, Christian Constantin annonce la vente du FC Sion et la venue de Mario Balotelli. Ce transfert concentre tout ce qui le fascine: l'Italie, les grands noms, les coups et l'ouverture du 19:30.
31.08.2022, 18:47
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Pas sûr que le FC Sion devienne un candidat au titre, et pas sûr même que ce soit l'idée. L'engagement de Mario Balotelli, ce mercredi, pour quelques malheureux millions (entre 2 et 4 selon les estimations grossières), n'obéit pas à une logique de rendement et de compétence. Les êtres désespérément rationnels que nous sommes, d'obédience utilitaire, pensons immédiatement aux buts que l'Italien marquera. Mais les buts de Christian Constantin ne sont pas les mêmes.

Pour le formuler un peu crûment, l'effectif pléthorique et pluriethnique du FC Sion n'avait pas besoin d'un «ballot» de plus. Le quotidien du président, peut-être. Très vraisemblablement. Christian Constantin n'a jamais caché le plaisir orgasmique qu'il pouvait éprouver à «affronter des problèmes», comme il nous l'écrivait un jour (pour nous dissuader de lui en causer) dans un SMS envoyé en pleine nuit.

Cet homme n'est pas comme nous. C'est en cela qu'il est devenu irremplaçable, que nous le regretterons un jour pour tous les autres où nous l'avons soit béni, soit honni. C'est en cela, encore, que le transfert de Mario Balotelli ne peut être analysé à travers le prisme de la stratégie et du bienfondé. Il n'est pas le choix d'un président. Il est le dernier kif d'un empereur.

Depuis quelques mois, Christian Constantin semble préparer les Valaisans à une vente prochaine du FC Sion, pour un godet symbolique. Il ne prend même plus la peine de dissimuler sa lassitude face à des saisons médiocres et ennuyeuses, sans réels problèmes, sans procès ni protêts (ni progrès).

A bien des égards, l'arrivée de Mario Balotelli semble troubler une sorte de tranquillité pesante, en amenant son lot d'extravagances et d'imprévu. De toutes les acquisitions que CC a pu faire, dans le football et l'immobilier, y compris chez son concessionnaire Ferrari, celle-ci est sans doute la plus folle. La plus illustre et illustrative.

Il s'agit bien sûr d'ego, mais pas seulement. Constantin a toujours aimé les vilains garçons, encore plus quand ils étaient un peu paumés. Il a dormi dans le lit d'Ahmed Ouattara avant une finale de Coupe parce que le buteur ivoirien avait le trac. Mais au-delà de cette anecdote notoire, il a noué des relations bien plus discrètes avec des joueurs de conditions diverses, par intérêt, certes, néanmoins un intérêt personnel et sincère.

Ahmed Ouattara, rechts, und der Praesident des FC Sion, Christian Constantin, umarmen sich am Pfingstmontag, 5. Juni 1995 nach dem Sieg des FC Sion beim Schweizer Fussball Cupfinal gegen GC im Stadion ...
Christian Constantin et Amhed Ouattara en 1995.Image: KEYSTONE

Ce n'est pas une surprise, non plus, que ses plus grandes conquêtes (Gattuso, Bigon) et ses plus belles déceptions (Del Piero) aient été italiennes, au-delà des relations d'affaires (non moins discrètes) qu'il cultive dans ce pays follement aimé. Christian Constantin est un «azzuro». Il parle couramment la langue, commence ses SMS par «ciao» et les conclut par «baci». Il roule en Ferrari et Lamborghini. Il carbure à l'espresso serré. Il est capable de prendre un jet pour aller manger une pizza dans son restaurant préféré de Rome ou de Milan; comme il le faisait jadis en voiture quand sa fortune n'était pas encore estimée à 300-400 millions de francs (selon une évaluation très large de Bilan).

«Ma relation avec l'Italie a commencé quand j'avais environ 4 ou 5 ans, expliquait-il à watson. J'allais sur les chantiers de mon père et je coupais la mortadelle avec les ouvriers italiens pendant leur pause, je partageais beaucoup de moments avec eux. Je me suis tout de suite attaché à cette culture humaine du sud.»

Vu de l'extérieur, Balotelli représente un peu tout cela: le Sud et le café fort, la classe à l'état pur, un peu de chaleur et de chaos dans un monde de buts. La frime, forcément: Christian Constantin est un grand séducteur dont le pouvoir de séduction se nourrit également de compagnies séduisantes, ce que l'on appelle le cercle vertueux (ou vicieux, selon la tournure des événements).

Il est monté sur scène avec Depardieu et Jugnot, sur le terrain avec Pelé et Zico, sur le Cervin en hélico; tout est prétexte à s'élever. Avant même leur finalisation, les négociations avec Mario Balotelli lui ont assuré une petite notoriété internationale, et si cette médiatisation l'aidera peut-être à promouvoir le FC Sion auprès d'acheteurs potentiels, à se départir d'une certaine langueur provinciale, elle lui vaudra a minima quelques minutes au 19:30, «son trip absolu» selon un ancien élu romand qui a oeuvré au projet olympique.

Si nous étions ingrats, nous dirions que c'est du buzz et de l'argent jeté par le toit ouvrant, petit dérivatif pour millionnaire oisif. Mais ce serait oublier que nous nous ennuyons un peu, nous aussi, dans ce championnat très tranquille, sans beaucoup de monde à admirer ou à détester. Et un jour, terrible jour, sans Constantin lui-même, le dernier empereur, le seul président en Suisse capable de flamber 2 à 4 malheureux millions pour un joueur qui lui apportera de précieux problèmes.

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