Dans un peu plus d'un an, le 21 novembre 2022 très précisément, le stade Al-Bayt dans la ville d'Al Khor accueillera le match d'ouverture de la Coupe du monde de football au Qatar. Un Mondial qatari sans cesse remis en question depuis son attribution en 2010.
A cause de la chaleur étouffante dans la péninsule arabique en été, le tournoi a été déplacé sur les mois de novembre et décembre. Inhabituelle pour une Coupe du monde, ce n'est pourtant pas la date qui suscite les critiques les plus virulentes. Elles ciblent les conditions de travail sur les chantiers, avec de nombreux morts lors des constructions des stades et autres infrastructures. En février dernier, le Guardian a publié une enquête dévoilant que plus de 6500 ouvriers sont décédés au Qatar depuis l'attribution de la Coupe du monde à ce pays. Des migrants originaires de pays pauvres comme l'Inde, le Bangladesh ou le Népal, y travaillent dans des conditions difficiles, pour s'assurer un revenu à eux-mêmes et à leurs familles.
Le président de la Fifa, Gianni Infantino, a visité mercredi le stade de Lusail, où le nouveau champion du monde sera couronné le 18 décembre 2022. Et le Valaisan n'a pas été avare en éloges sur le tournoi à venir:
Le dirigeant a aussi été impressionné par l'avancée des travaux. «Dans le monde entier, je n'ai jamais vu un pays aussi prêt longtemps à l'avance», a-t-il applaudi.
Dans le communiqué, Infantino ne s'est pas exprimé sur les morts d'ouvriers. Dernièrement, il a déclaré avoir constaté des progrès au Qatar en matière de droits de l'homme. Une affirmation contredite par l'ONG Amnesty International: dans ses dernières enquêtes, elle est arrivée à la conclusion que les progrès en question stagnaient et que l'exploitation des gens se poursuivait à grande échelle. La Jeunesse socialiste suisse a saisi l'occasion pour demander à l'Association suisse de football (ASF) de boycotter cette Coupe du monde, pour laquelle la Nati s'est qualifiée lundi.
Lors de sa visite au Qatar, Infantino a exprimé l'espoir que le tournoi puisse aider à surmonter les préjugés. «Nous vivons dans un monde globalisé où il est devenu beaucoup plus facile de se rendre dans d'autres endroits. Mais nous sommes toujours pleins de préjugés», a déploré le président de la Fifa. Alors autant dire que l'organisation du Mondial pour la première fois dans un pays arabe le réjouit.
Une culture à laquelle le Valaisan n'est pas étranger: sa femme est originaire du Liban. Pour Infantino, pas de doute: cette Coupe du monde permettra à la planète entière de se rendre compte de ce qu'est vraiment le monde arabe.
On ne sait pas combien de fans de football se rendront sur place. Un grand prestataire suisse de voyages sportifs a par exemple renoncé à proposer ses services pour cette Coupe du monde au Qatar. «Les violations des droits de l'homme qui s'y déroulent, le nombre de personnes qui ont perdu la vie pour la construction des stades: nous n'avons tout simplement pas un bon sentiment (sur cet événement)», a expliqué le directeur à Blick.
Gianni Infantino promet, lui, une grande fête à ceux qui feront le déplacement. «Nous mettons sur pied plusieurs événements, dont une incroyable fête des supporters, la plus grande jamais organisée, sur dix kilomètres le long de la plage», s'est-il enthousiasmé. «On veillera aussi à ce que les supporters ne doivent pas faire un long voyage pour assister aux matchs.»
Mais des infos remettant en cause ces propos circulent: en raison des capacités hôtelières insuffisantes au Qatar, des supporters pourraient être logés à Dubaï ou à Abu Dhabi et devoir se rendre aux matchs en avion.
Mais trouver une alternative semble difficile, comme l'a expliqué à l'agence de presse Reuters une porte-parole du comité d'organisation:
Au Qatar, on a bien compris que huit stades de football ultramodernes, c'est trop pour un pays aussi petit que cette monarchie de 2,8 millions d'habitants. Du coup, une enceinte sera transformée en hôtel après le tournoi, une autre est construite à base de containers qui pourront être facilement démontés par la suite. De plus, la capacité de plusieurs stades sera réduite après le Mondial, et une partie de leur infrastructure servira notamment à bâtir d'autres arènes dans des pays en développement.
Adaptation en français: Yoann Graber