Le sacre d'automne du FC Thoune n'a rien d'un miracle
Ça y est, se disaient-ils. Cette fois, les Thounois vont craquer. Cette fois, la chance va tourner, l’euphorie de la montée va retomber.
Raté. Même mené 2-0 à la pause samedi face au FC Zurich, le FC Thoune ne s’effondre pas, contrairement à ce que les plus pragmatiques des fans de football annoncent depuis des semaines. Après le thé, les joueurs de Mauro Lustrinelli renversent des Zurichois pourtant en forme et s'imposent 4-2 à domicile. Résultat: Thoune passera les fêtes en tête du classement. Un premier titre – symbolique – de champion d'automne dans l’histoire de la Super League pour un promu.
Un «miracle»? Vraiment pas. Le parcours des Bernois de l’Oberland n’a plus rien d’un conte de fées inexplicable guidé par des forces supérieures. Parler d’un caprice des dieux du football serait même profondément injuste pour le travail réalisé au club. Surtout après les multiples preuves, lors du premier tour, que l’équipe sait encaisser les coups et repartir immédiatement de l’avant.
Style, mentalité et communication singuliers
Les ingrédients sont simples, mais parfaitement appliqués. Une politique de recrutement pragmatique, suivie avec constance. Un style de jeu façonné par le coach Mauro Lustrinelli, qui met en valeur les forces de son effectif tout en masquant ses limites.
Une dynamique de groupe saine, rappelant que dans les sports collectifs, la mentalité compte au moins autant que le talent. Et puis, il y a cette communication rafraîchissante et assumée – «nous voulons être champions» – qui libère les joueurs au lieu de les enfermer dans une modestie de façade si prisée dans le football.
Les chiffres confirment cette logique. Aucune équipe n’est plus performante à l’extérieur que le FC Thoune. L’argument selon lequel le promu profiterait avant tout du gazon synthétique de la Stockhorn Arena vole en éclats. Sur pelouse naturelle, Thoune a tout gagné. Ses deux seules défaites à l’extérieur ont été concédées sur des terrains synthétiques, à Berne et à Lausanne.
Avec 40 points après 19 journées, le leader ne dépareille pas face aux premiers de classement des saisons précédentes. Mieux: jamais un promu n’avait affiché un tel total à ce stade de la compétition.
Le classement de Super League
Un exemple pour les autres clubs
Depuis longtemps, le travail effectué à Thoune force le respect chez les concurrents. Daniel Stucki, directeur sportif du FC Bâle, voit dans le promu un sérieux candidat au titre. Pour Patrick Rahmen, l’entraîneur de Winterthour, aucune équipe n’a été plus forte cette saison à la Schützenwiese que les Bernois de l'Oberland, vainqueurs 4-1 la semaine dernière. Et du côté du FC Zurich, le coach Dennis Hediger ne cache pas son admiration:
Pour Hediger, ce match à Thoune avait d’ailleurs une saveur particulière. L’ancien milieu défensif (39 ans), qui n’a porté que le maillot thounois durant toute sa carrière pro (2010-2020), retrouvait la Stockhorn Arena pour la première fois comme entraîneur principal du FC Zurich.
A ses côtés, en revanche, manquait une figure longtemps incontournable au FCZ: Milos Malenovic. Le directeur sportif a été écarté vendredi par le président, Ancillo Canepa.
Après deux ans et demi de gros titres négatifs, le club a voulu se libérer de l’emprise de son directeur sportif au style autoritaire. Mais pour réparer les dégâts, il faudra du temps. Peut-être que Dennis Hediger passera un coup de fil à Thoune pour demander conseil à ses anciens coéquipiers et dirigeants. Beaucoup sont toujours là. A l’exact opposé du turnover permanent qui a longtemps régné à Zurich.
Adaptation en français: Yoann Graber
