Léonard Thurre sera aux côtés de David Lemos, vendredi soir sur la RTS (20h45), pour commenter le match amical de l'équipe de Suisse face à l'Irlande du Nord. C'est un joli clin d'oeil du destin, car c'est grâce à ses sélections en tant que joueur, même si elles ont été rares et mouvementées, qu'il est devenu le nouveau consultant de la Nati sur la chaîne publique. «La RTS voulait absolument quelqu'un qui ait évolué en sélection», souligne «Léo».
Le Lausannois de 47 ans débute donc une nouvelle aventure avec cette équipe de Suisse qui lui a offert beaucoup de joie et a nourri la fibre patriotique qu'il revendique aujourd'hui, mais qui l'a aussi fait souffrir et a nourri quelques regrets durant sa carrière.
Son histoire avec elle débute dans ses jeunes années, alors qu'il n'est pas encore footballeur professionnel.
Quelques années plus tard, c'est au tour de Léonard Thurre d'aller sur le terrain. L'attaquant n'a que 22 ans lorsqu'il est appelé pour la première fois en équipe de Suisse.
Le buteur du Servette FC est évidemment comblé, même s'il aurait sans doute aimé vivre des débuts plus enthousiasmants qu'une double confrontation organisée dans l'anonymat d'un camp d'entraînement loin de la Suisse.
On lui souffle la réponse: c'était le 19 février 2000 contre Oman et devant 600 spectateurs seulement. Associé à Alexandre Rey sur le front de l'attaquant, Thurre dispute l'intégralité de la rencontre, remportée 4-1 par la Nati, mais ne marque pas. Il est aussi titulaire et muet quatre jours plus tard, mais cette fois la Suisse est battue 1-0 devant 200 fans.
Si le Vaudois garde toutefois d'excellents souvenirs de cette première convocation, ça ne va pas durer, car un mois plus tard, il doit se faire opérer du tendon rotulien.
C'est un premier coup d'arrêt, et il est brutal. Thurre manque dix matchs et ne revient en sélection que plus d'un an après ses débuts. Le sélectionneur a changé (Zaugg a laissé sa place à Trossero), le décor aussi: le Servettien joue chez lui, aux Charmilles, face à la Suède d'Henrik Larsson et Zlatan Ibrahimovic. Là encore, il joue les 90 minutes, cette fois avec Alex Frei, mais ne marque pas et perd une fois de plus (2-0).
Quand il a débuté sa carrière internationale, Léonard Thurre n'avait que 22 ans et tout l'avenir devant lui. Mais les choses ne se passent pas comme prévu et il n'y peut rien. D'abord, la concurrence est «féroce» en équipe de Suisse (c'est la génération des Alex Frei, Blaise Nkufo, Kubilay Turkilmaz, David Sesa, Marco Streller ou encore Hakan Yakin), ensuite une autre grave blessure l'écarte du terrain pendant 12 matchs et plus d'un an: le 14 août 2021 à la veille d'une partie contre l'Autriche, son pied se plante «dans un trou». Verdict: fracture du péroné gauche et déchirure des ligaments de la cheville.
Dans son malheur, Thurre a toutefois la chance de pouvoir compter sur un sélectionneur qu'il adore: Köbi Kuhn.
De retour en 2002, Thurre ne vivra pourtant que cinq matchs de plus avec la Nati, et c'est tout: 67 minutes réparties entre l'Albanie (1-1), l'Irlande (2-1), la Slovénie (5-1), la Géorgie (0-0) et l'Italie (1-2) pour aucun but inscrit.
Il en aurait pu y avoir davantage, mais deux autres blessures vont plomber sa relation avec la Nati et en précipiter la fin. D'abord le 29 avril 2003, lorsqu'un tir à bout portant d'Hakan Yakin à l'entraînement lui occasionne une triple fracture du poignet. Ensuite un an après, lorsqu'il se blesse tout seul au mollet quelques jours avant le début de l'Euro 2004 au Portugal.
Avec le recul, en constatant le si grand nombre de blessures pour le si petit total de matchs joués, nourrit-il des regrets? «Non», assure-t-il, serein.
Léonard Thurre aurait pu concevoir de l'amertume envers cette équipe de Suisse avec laquelle il a (aussi) vécu de grandes désillusions et les plus grosses blessures de sa carrière, mais il n'a jamais cédé à cette tentation, en amoureux fidèle de sa sélection et de son pays. Les téléspectateurs de la RTS auront beaucoup de chance de l'écouter au micro de la Nati.