Sport
Humeur

Rugby: la Coupe du monde 2023 est une immense déception

Les Irlandais n'ont pas passé le stade des quarts de finale, éliminés par les All Blacks.
Les Irlandais n'ont pas passé le stade des quarts de finale, éliminés par les All Blacks.Image: keystone
Humeur

La Coupe du monde de rugby est une immense déception

Cela fait plusieurs semaines que les dates du 20 et 21 octobre sont soigneusement inscrites dans mon agenda. Pour rien au monde, je n’aurais manqué les demi-finales de la Coupe du monde de rugby 2023, organisée en France. Il se pourrait finalement que je me contente des résumés.
20.10.2023, 06:0922.10.2023, 10:25
Plus de «Sport»

Tous les éléments étaient réunis pour que ce Mondial de rugby soit une franche réussite.

Il y avait d’abord la programmation des matchs, en après-midi ou en prime time. Pas comme en 2019, lorsque l’événement se tenait au Japon, ou en 2027, quand l’Australie accueillera la compétition.

L’engouement autour de la billetterie promettait de belles ambiances dans les stades, ce qui s’est vite confirmé. Les nations du «Nord», comme l’Irlande, étaient particulièrement attendues, pour tenter de mettre fin à l’hégémonie de l’hémisphère sud.

La France, pays de rugby, était annoncée parmi les favorites - ce que l’on demande à une nation hôte. Souvenez-vous à quel point il était décevant de suivre les piètres prestations du Qatar, dans un autre sport, en l’occurrence le football, lors de la dernière Coupe du monde.

Pour autant, plus les semaines sont passées, plus mon emballement s'est dissipé. Il faut dire que plusieurs polémiques ont éclaté, et qu'à la vue des demi-finales, qui mettront aux prises l’Argentine à la Nouvelle-Zélande (vendredi) et l’Angleterre à l’Afrique du Sud (samedi), rien ne s'arrange.

Merci à World Rugby

Pour ce tirage au sort organisé en 2020, trois ans avant le début de la compétition. Comme si, l’ordre mondial de ce sport ne pouvait évoluer.

Des nations comme l’Angleterre et le Pays de Galles, en perdition ces derniers mois, ont ainsi bénéficié du statut de tête de série. Elles ont évité les gros morceaux, alors que depuis le tirage au sort, elles ont significativement rétrogradé au classement World Rugby. Au contraire, des pays comme l’Ecosse, cinquième nation mondiale le jour de l'ouverture, se sont coltinés le troisième chapeau, et un groupe de la mort en compagnie de l'Irlande et l'Afrique du Sud.

Le match Afrique du Sud - Irlande (8-13) était l'un des principaux chocs de la poule B.
Le match Afrique du Sud - Irlande (8-13) était l'un des principaux chocs de la poule B.Image: keystone

Certes, on ne s'est pas ennuyé durant la phase de groupes. Il y avait des affiches passionnantes chaque week-end, comme ce France - Nouvelle-Zélande, un match rêvé pour lancer les hostilités.

Les quarts de finale, eux aussi, ont fait vibrer plus d'un amateur de rugby. Ce France - Afrique du Sud et cet Irlande - Nouvelle-Zélande avaient des airs de finale. Mais voilà: ces deux oppositions ont eu lieu beaucoup trop tôt dans la compétition, et Français comme Irlandais ont déjà pris la porte. Dommage, on aurait bien repris une petite dose de Cranberries ou de jeu de mains à la française. On aurait aussi, et surtout, préféré ne pas avoir les meilleurs matchs en début de compétition - ou avant les demi-finales.

Merci à l'Angleterre

Pour la bien triste copie rendue. Retrouver les Anglais dans le dernier carré est encore difficile à avaler. Le XV de la Rose a abordé ce Mondial avec un bilan de cinq défaites en six matchs et n'a quasiment rien montré depuis le début de la compétition.

L'Angleterre propose un jeu minimaliste, à l'opposé des flamboyants Fidjiens, éliminés par la bande à Owen Farrell, justement. L'équipe s'est appuyée sur ses «gros» et la conquête, pour retrouver une certaine confiance. Aujourd'hui, à un match de la finale, on se dit que les Anglais, forts de leur expérience, peuvent même soulever le trophée. Ce qui finirait forcément par m'achever.

Merci à l'Argentine

Pour avoir atteint les demi-finales, à mon grand regret. Je n'ai rien contre cette nation, qui a su profiter d'un groupe à sa mesure, avant de retourner le Pays de Galles en quart de finale - un pays qui joue les derniers rôles dans le Tournoi des VI Nations depuis deux saisons maintenant.

Les Pumas déploient un jeu plutôt séduisant, c'est tout à leur honneur d'être présent à ce stade de la compétition. Malheureusement, il n'y aura pas match face aux néo-zélandais, espérons quand même qu'ils ne prendront pas une valise.

Merci à la France

Pour avoir été éliminée dès les quarts de finale, et ce, en tant que nation hôte. La compétition aurait sans doute été plus belle si les hommes de Fabien Galthié étaient parvenus à aller plus loin. Terriblement décevant...

Merci à la France - encore - pour les problèmes d'accessibilité aux stades. À Marseille et Bordeaux, des milliers de fans se sont retrouvés bloqués. Aux guichets ou à cause des transports en commun. Des incidents qui, à moindre échelle, rappellent ceux du Stade de France, en amont de la finale de la Ligue des Champions entre Liverpool et le Real.

Merci au Comité d'organisation

Pour avoir saccagé les hymnes en début de tournoi. La première Marseillaise restera comme la pire jamais entendue. Une cacophonie générale qui s'est élargie à d'autres, comme le très énergique Fratelli d'Italia, le rassembleur Ireland's Call ou le frissonnant Flower of Scotland.

Dans d'autres sports, il n'y aurait probablement pas eu de polémique. Mais il ne faut pas oublier que le rugby est avant tout un sport de combat. Et que les hymnes sont, dans cette discipline plus qu'ailleurs, sacrés. On parle d'un moment à part, d'un instant de cohésion, d'une dernière union avant le champ de bataille. Ils sont chantés par tout un stade, et même les quinze valeureux gaillards, aussi costauds soient-ils, ne cachent pas leurs émotions. Les hymnes en canon, pourquoi pas, mais pas au rugby.

Merci au Comité d'organisation - encore - pour avoir sollicité 7 000 enfants dans le cadre de la Mêlée des chœurs, avant de les décevoir. Ces jeunes choristes, qui se sont longtemps préparés, ont été mis sur la touche quand la polémique des hymnes a enflé, du moins dans un premier temps. Peut-être aurait-il été préférable de gommer la polyphonie, plutôt que de les priver du terrain.

Le XV d'Italie, avec la ferveur qu'on lui connait au moment du Fratelli d'Italia.
Le XV d'Italie, avec la ferveur qu'on lui connait au moment du Fratelli d'Italia.Image: keystone

Merci aux arbitres

Pour les non-décisions et les nombreuses situations discutables. Le match France - Afrique du Sud a beaucoup fait parler, mais les pires polémiques ont été vues ailleurs. Notamment lors du quart de finale Pays de Galles - Argentine.

Pendant que les Diables Rouges menaient encore au score, l'Argentin Guido Petti n'a pas fait dans la demi-mesure. Son déblayage est l'un des plus contestés. Epaule en avant, il est venu désintégrer le nez du Gallois Nick Tompkins. Un geste non sanctionné, qui méritait à minima un carton jaune. Et surtout, une interprétation à contresens de ce qui est aujourd'hui demandé par World Rugby, concernant la protection des joueurs.

Des Gallois, qui étaient encore au cœur d'un scandale, cette fois en leur faveur, contre les Fidji. Nous étions en phase de groupes lorsque les joueurs du Pacifique se sont vus annuler deux essais, pendant que le Pays de Galles passait lui à travers les gouttes, pour ce qui est des cartons.

«Mettez un maillot vert [sous-entendu irlandais] aux Fidjiens et ils provoqueront deux cartons jaunes et un essai de pénalité... Ridicule»
Hugo Bonneval, rugbyman français passé par le RCT

Merci aux arbitres, ou plutôt à World Rugby - encore - pour la mise en place du bunker vidéo. L'idée est intéressante (elle permet à un autre arbitre d'analyser les séquences à l'écran pendant que le jeu continue, et donc de venir épauler l'homme de terrain dans le choix de la couleur du carton), surtout après les scandales qui ont émaillé les expulsions de plusieurs joueurs, la saison dernière.

Problème, les arbitres s'en remettent désormais trop souvent à cette technologie, et les cartons rouges brandis directement se font de plus en plus rares. Le rendu n'est pas le même lorsqu'un jaune vire au rouge huit minutes plus tard, par l'intervention du bunker vidéo.

L'objectif est clair: ne plus perdre de temps avec la prise de décision, laisser le jeu se dérouler. Nous perdons alors l'âme de l'arbitrage «rugby». Adieu les longs visionnages devant le grand écran. Adieu les explications et les longues discussions entre arbitres, qui font pourtant le charme de ce sport.

Merci aux diffuseurs

En tout cas Français, pour la pertinence des commentaires et des propos tenus, du moins sur certaines chaines, qui n'ont bien souvent aucune histoire avec le rugby. Là encore, les critiques, fondées, n'ont pas manqué.

Merci à la réalisation

Et donc à World Rugby - encore - pour la qualité des retransmissions. Dès le match d'ouverture, les critiques ont fusé. Des ralentis qui tardent à arriver - quand ils nous parviennent, des images parfois sans saveur et un affichage qui oublie, trop souvent, le décompte du carton jaune: tout ça n'a rien de professionnel. Heureusement qu'au fil des rencontres, tout s'est amélioré.

Des supporters, devant un match.
Des supporters, devant un match.Image: keystone

Merci aux supporters

Pour ne pas avoir respecté les minutes de silence, à plusieurs reprises, en marge des quarts de finale. Merci à eux - encore - pour s'être montrés de moins en moins respectueux envers les traditions du rugby, en couvrant de plus en plus fort le haka, le cibi, le civa tau et le sipi tau. Heureusement que les tribunes «rugby» se veulent festives, joyeuses et bon enfant.

Il y a probablement un peu de mauvaise foi derrière ces propos car évidemment, ce Mondial regorge aussi de belles histoires. Les dispositifs de sécurité sont également à la hauteur de l'événement, et c'est peut-être le point le plus important, dans le contexte international actuel, pour déterminer si oui ou non cette Coupe du monde est une réussite. Pour l'heure, en attendant les derniers matchs, règne quand même comme un sentiment de déception. Et l'envie de sortir, ce soir, pour profiter plutôt d'un bon resto.

L'attaque du Hamas contre Israël, en images
1 / 12
L'attaque du Hamas contre Israël, en images
Des habitants de la ville d'Ashkelon, dans le sud d'Israël, évacués par la police.
source: ap / tsafrir abayov
partager sur Facebookpartager sur X
McLaren réalise un record au Grand Prix du Qatar
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
Sinner bénéficiera d'un privilège pour son retour
L'Italien revient de suspension la semaine prochaine au tournoi de Rome, où les organisateurs lui ont aménagé un endroit spécial pour le mettre dans les meilleures dispositions.

Toute l'Italie attend le retour de son héros Jannik Sinner, dont la suspension de trois mois pour dopage prend fin pile pour le Masters 1000 de Rome, qui débute mercredi 7 mai dans la capitale.

L’article