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Dzemaili et le FC Zurich sacrés à Bâle, 16 ans après?

Blerim Dzemaili espère dérocher un nouveau titre de champion de Suisse avec le FC Zurich. En poche dès dimanche sur la pelouse du FC Bâle?
Blerim Dzemaili espère dérocher un nouveau titre de champion de Suisse avec le FC Zurich. En poche dès dimanche sur la pelouse du FC Bâle? image: keystone
Interview

«Le titre de champion du FC Zurich n'était rien d'autre qu'un rêve»

Le FC Zurich peut devenir champion dimanche soir sur la pelouse du FC Bâle. Il y a 16 ans, il décrochait le sacre dans l'enceinte rhénane après une finalissima de folie. Blerim Dzemaili (36 ans) était déjà là. L'ex-international nous parle de cette incroyable soirée et de la superbe saison du FCZ, mais aussi de son fiston et de la Nati, entre autres. Interview.
30.04.2022, 17:5630.04.2022, 19:33
François Schmid-Bechtel et Etienne Wuillemin / ch media
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La soirée du 13 mai 2006 restera l'une des plus folles de l'histoire du football suisse. Lors de la dernière journée de Super League, le FC Zurich devient champion national grâce à un but victorieux inscrit à la...93e minute de cette véritable finalissima. Les protégés de Lucien Favre l'emportent 2-1 sur la pelouse du FC Bâle, qui n'avait besoin que d'un match nul pour être sacré.

S'ensuit un envahissement du terrain par les ultras bâlois, furieux, qui veulent tout casser. Y compris les joueurs du FC Zurich. Ces images choquantes feront le tour du monde. Blerim Dzemaili, qui sera de nouveau aligné à Saint-Jacques dimanche (16h30), s'en souvient très bien.

L'image de ce match qui nous reste en mémoire est celle de vous, remontant en sprint la tribune jusqu'aux places de presse après le coup de sifflet final et balbutiant, entre peur et joie: «Pourvu qu'ils ne perdent pas complètement la tête.»
Je n'ai d'abord pas réalisé l'envahissement du terrain, parce que je faisais la fête devant nos supporters.

«Soudain, Xavier Margairaz m'attrape par derrière. Je lui dis: "Hé, va-t'en!" Il insiste, je me retourne, je vois les fans du FC Bâle courir vers nous et je n'ai plus qu'une idée en tête: partir d'ici et me mettre en sécurité»

Je pars du principe que ça ne se reproduira pas, la situation est différente ce dimanche.

Combien de fois avez-vous regardé ce match?
Je ne l'ai jamais regardé en entier. Mais ses derniers moments, très souvent. On avait fait une moins bonne deuxième mi-temps, et on avait concrétisé notre seule occasion à la 93e minute. Bien sûr, il y a ensuite eu des discussions pour savoir si la remise en jeu juste avant ce but avait été effectuée trop en avant ou non. Et je me souviens que Pascal Zuberbühler (réd: le gardien du FC Bâle à cette époque) avait dit dès le premier jour du rassemblement de la Nati avant la Coupe du monde 2006: «On ne parle pas de ce match.»

Quels sont vos meilleurs souvenirs de cette journée?
La fête avec les fans. Le lendemain, le tour de la ville en bus à impériale. C'était très, très spécial pour nous tous. Personne ne s'attendait à ce qu'on soit champions. Pour Bâle, un match nul déjà lors de la journée précédente aurait suffi à lui assurer le titre. Mais les Bâlois ont perdu contre YB. Pour nous aussi, c'était une surprise totale. Ce titre de champion 2006 restera à jamais gravé dans nos mémoires.

La fin de match complètement folle au Parc Saint-Jacques en 2006, en vidéo 📺

Si, lors de votre retour au FCZ en janvier 2021, quelqu'un vous avait prédit que vous fêteriez un titre de champion 16 mois plus tard, comment auriez-vous réagi?
J'aurais regardé cette personne d'un drôle d'air. Mais les gens m'ont aussi regardé bizarrement quand j'ai annoncé que je voulais à nouveau gagner un titre avec Zurich. En effet, le FCZ n'a pas connu les résultats escomptés depuis quelques saisons déjà. Malgré tout, j'y ai cru, là où tout a commencé, pour remporter le dixième titre de ma carrière.

Y avez-vous vraiment cru ou était-ce plutôt un rêve?
J'y croyais, mais j'avais plutôt en tête la Coupe.

«En raison de la domination d'YB ces dernières années, le titre de champion n'était pour moi rien de plus qu'un rêve»

Parce que je n'aurais jamais pensé que cette année, YB ne serait pas en mesure d'égaler ses dernières saisons. Bien sûr, disputer la Ligue des champions demande beaucoup d'énergie. Mais l'effondrement des Bernois me surprend.

Un titre du FC Zurich uniquement parce qu'YB et Bâle ont faibli?
Non, on a joué un super football avec notre entraîneur, André Breitenreiter. Un football qui enthousiasme, qui entraîne le succès et qui fait plaisir. On a battu YB trois fois, on a aussi vaincu Bâle. On n'a pas profité de la faiblesse des autres, on a juste fait ce qu'on devait faire. Dès le début, l'entraîneur nous a fait comprendre qu'on pouvait réaliser quelque chose de grand. Et si on compare position par position, je trouve qu'on a été très forts partout. Du coup, c'est juste de dire qu'on est la meilleure équipe cette saison.

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Quand Blerim recadre, ça déménage! Image: KEYSTONE

A quel moment avez-vous pensé que le titre de champion était à votre portée?
Fin octobre, déjà, après les deux matchs nuls 3-3 contre GC et Bâle. On était la meilleure équipe dans ces deux matchs, en étant pourtant toujours menés au score. Mais on a toujours su réagir.

«A partir de ce moment-là, j'ai su que le caractère de cette équipe était extraordinaire, et je me suis dit que si on continuait comme ça, on pouvait jouer le titre»

Pourtant, YB n'était pas encore détaché, à ce moment.
C'est vrai. Mais YB a cédé beaucoup de bons joueurs cet hiver, comme Aebischer, Hefti et Nsame. Ça nous a été favorable. Nous, par contre, on s'est plutôt renforcés.

YB a donc vendu ses chances de titre. Que penser du FC Bâle?
Les Bâlois aussi ont vendu deux très bons joueurs cet hiver, Cabral et Zhegrova. Mais notre adversaire le plus coriace, je l'ai vu en YB. Lors des matchs contre Bâle, on a senti qu'on pouvait les dominer.

Vous avez joué de nombreuses années en Italie, dans plusieurs clubs. Où était-ce le plus excitant?
Mes trois ans à Naples. On a joué la Ligue des champions, on s'est battu deux fois pour le titre en championnat, et tout ça dans cette ville absolument folle de football.

C'est aussi un lieu qui grille pas mal d'énergie.
Absolument. En tant que footballeur, il faut être fait pour une ville comme Naples. Sinon, on peut se faire «dévorer» par les médias, les fans, les attentes.

Dolce vita.
Dolce vita. image: instagram

Allez-vous retourner vivre en Italie un jour?
Non, ce n'est pas d'actualité. Mon fils Luan, qui a sept ans, vit certes là-bas avec mon ex-femme. Mais moi, je suis chez moi à Zurich.

Qu'est-ce que ça fait d'avoir un fils qui vit si loin?
C'est difficile. Jusqu'à ce qu'il entre à l'école, j'ai pu très bien gérer ça, parce qu'il passait à chaque fois une ou deux semaines chez moi, puis à nouveau un mois chez sa mère.

«Maintenant, je ne le vois plus que pendant les trêves des équipes nationales et les vacances. Luan est la raison pour laquelle j'ai commencé à envisager d'arrêter le football. Mais je peux encore tenir un an»

Avant de revenir au FC Zurich, vous étiez engagé en Chine. Vous y sentiez-vous isolé?
Non, pas du tout. La situation était parfaite. J'avais déjà travaillé à Bologne avec l'entraîneur Roberto Donadoni et son staff. Et la ville de Shenzhen est sensationnelle, très internationale. Je n'habitais pas dans la pampa chinoise et ne me sentais pas perdu. Non, j'ai beaucoup apprécié ces six bons mois. Mais ce serait mentir que de dire que j'ai déménagé en Chine en premier lieu pour le niveau de son football.

Est-il possible de bien découvrir la culture chinoise? La langue étant une potentielle barrière avec les autochtones.
J'ai eu de la chance parce que j'avais un coéquipier chinois qui a grandi en Angleterre. Grâce à lui, j'ai pu faire la connaissance de certaines personnes. Alors oui, c'est possible de vivre la culture chinoise. Tout dépend de l'envie que l'on a.

Blerim et son fiston, Luan (7 ans).
Blerim et son fiston, Luan (7 ans). image: instagram

Quel est votre bilan en Chine?
Je savais que ma carrière touchait à sa fin. Puis arrive cette offre à laquelle je ne pouvais pas dire non. Pas seulement pour l'argent. Mais c'était assurément un facteur important.

Avant la Chine, vous avez aussi joué en MLS, avec Montréal. Aujourd'hui, Xherdan Shaqiri évolue dans ce même championnat nord-américain. Comment avez-vous réagi à son transfert?
J'ai toujours dit qu'en fait, le pas vers la MLS ou la Chine devrait être le dernier. Il faut être honnête avec soi-même, en se disant: «Bon ok, j'ai fait une croix sur ma carrière.»

Pour la MLS aussi?
Oui, je pense. Le rythme n'est pas très élevé, il est comparable à la Super League suisse. C'est pourquoi je ne sais pas comment ça va se passer pour Shaqiri et l'équipe nationale. J'espère que ça ira bien, et qu'il puisse jouer le plus possible.

«Mais la compétition n'est tout simplement pas comparable à l'Europe. Rien que parce qu'on ne peut pas être relégué, il n'y a pas de frissons dans le ventre»

Quand on perd, on rentre à la maison et on se dit juste: «Ok, la semaine prochaine, on aura un autre match.»

Dzemaili a eu le droit de revenir, contrairement à d'autres...

Niveau enjeu, il y a quand même l'objectif d'atteindre les play-off.
Oui, ces play-off... (Il réfléchit)

La Swiss Football League pense aussi les introduire dans notre championnat.
Ce serait, à mon avis, très mauvais pour le football suisse!

Vraiment?
Oui. Arrêtez avec ces play-off! Le FC Zurich a maintenant 13 points d'avance sur Bâle. Mais qui sait ce qui peut encore se passer d'ici la fin de la saison? Et pourquoi une équipe qui a fait une si belle saison devrait-elle encore risquer de perdre le titre avec ces séries finales? Non, pour moi, les play-off n'ont aucun sens dans le football. Et je ne dis pas ça parce qu'on réalise une très bonne saison avec Zurich.

Blerim Dze «smiley », buteur contre le Costa Rica au Mondial 2018.
Blerim Dze «smiley », buteur contre le Costa Rica au Mondial 2018. image: keystone

C'est quoi, la prochaine étape après le FCZ pour vous?
Plus rien, c'est sûr!​

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En équipe nationale, vous restez sur un goût d'inachevé.
J'ai fait mes matchs. Mais clairement, après avoir joué si tôt pour la première fois avec la Nati, je m'attendais à beaucoup plus. Les quatre années passées avec Vladimir Petkovic de 2014 à 2018 ont été très positives. Avant ça, je n'avais pas vraiment l'impression de faire partie de l'équipe, à cause de mes rares apparitions.

«Ce qui m'a beaucoup déçu, c'est qu'à Naples, j'étais devant Inler et Behrami dans la hiérarchie, je jouais toujours, et dès que j'arrivais en sélection, je ne jouais jamais. J'ai fini par me dire: "pourquoi t'infliger ça?"»

Mais j'ai gardé ma patience, et ça a quand même fini par payer avec Petkovic.

L'automne dernier, c'est Fabian Frei qui a fait son retour avec la Nati...
...ça ne m'arrivera certainement pas! J'ai besoin de ce temps pour mon fils. J'en ai fini avec l'équipe nationale après la Coupe du monde 2018.

Adaptation en français: Yoann Graber

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