Simon Ammann ne fait plus partie des meilleurs sauteurs à ski. Sa 27e saison de Coupe du monde est contrastée. Il connaît des hauts et des bas loin des podiums. Tantôt il n'effectue pas de second saut, tantôt il décroche quelques points, comme il l'a fait à plusieurs reprises en début de saison.
L'essentiel est ailleurs. Ammann vole. Il fait ce qu'il aime et n'a plus à justifier ses moins bons résultats. Pourtant, à l'issue de la saison, nous voudrons à nouveau entendre ses explications. Et la question de la retraite reviendra, inéluctablement.
Que fera Ammann après la saison? Il vient de donner quelques indications sur le site de Swiss Olympic. Même si le Saint-Gallois n'est pas connu pour ses réponses claires, sa réflexion semble montrer qu'il fera tout pour prendre part aux Jeux olympiques de Milan-Cortina en 2026.
Il émet d'abord des réserves («Je ne pense pas que ce soit réaliste»), mais redonne très vite espoir à ses fans («Je ne fais plus de projets, mais revivre les Jeux olympiques en Europe, ce serait un rêve»). L'envie se fait sentir («Milan serait particulièrement propice à l’épanouissement, ce serait l’occasion de m’investir à nouveau pleinement»), avant de déchanter.
Tout ceci paraît néanmoins encore loin. Pour l'heure, d'autres échéances sont beaucoup plus proches. Comme l'étape de Planica en mars, l'un des lieux préférés du Suisse. Peut-être qu'après la Slovénie, sa réflexion aura encore évolué.
Si Ammann laisse entendre qu'il poursuivra au moins pour une saison supplémentaire, c'est aussi parce qu'il peine à envisager la suite. Il ne trouve pas cette autre passion qui pourrait le mener hors des tremplins.
Pour Swiss Olympic, Ammann explique à quel point les Jeux olympiques peuvent être grandioses et passionnants. Tant pis si la préparation est parfois épuisante.
Le sauteur a tout connu ou presque durant sa carrière. Il a connu d'immenses succès en 2002 à Salt Lake City, lorsqu'il remportait deux médailles d'or aux Jeux. Il a ensuite vécu des «années mouvementées, parfois émaillées de crises». Sa tête décoiffée reflétait quelque peu sa vie intérieure.
Ammann n'a regardé ses sauts victorieux que beaucoup plus tard. Car ce sont «des moments profonds». Tout cela le submerge: «C'était un peu trop».
Récemment, Ammann, dit «Harry Potter», a participé à sa 500e Coupe du monde. Mais ce ne sont pas les chiffres et les records qui le motivent. Même une huitième participation olympique? Ce serait évidemment un record. Seuls le sauteur Noriaki Kasai et une patineuse de vitesse allemande, Claudia Pechstein, ont participé autant de fois aux JO. Mais étonnamment, cela ne l'intéresse guère.
Dans cette énigme, il n'y a qu'une seule certitude. En 2038, année durant laquelle la Suisse pourrait accueillir les Jeux olympiques, Simon Ammann ne s'élancera pas du haut du tremplin. Le contexte est différent pour les années à venir, jusqu'à Milan-Cortina. Car la passion est toujours là, et que rien ne semble pouvoir remplacer le saut à ski.
Qu'en est-il de la relève, la sienne? «Ma femme et moi disons toujours avec un clin d’œil: nous encourageons tout chez nos trois enfants, sauf le saut à ski. Car un jour, je veux vraiment laisser derrière moi toute cette vie de sauteur».