Marco Odermatt, dans quelle mesure avez-vous été impliqué dans le développement de ce vélo à assistance électrique?
Cette idée est naturellement venue de la marque Miloo. C'est un modèle gravel, qui permet d'être rapide sur la route comme sur les chemins. Il peut aussi remplacer votre voiture. J'ai trouvé l'idée cool.
Pouvez-vous l'intégrer dans votre préparation?
En théorie, oui. Faire 70 kilomètres sur un vélo de course ou 110 sur celui-ci, c'est à peu près la même chose en termes d'effort. Mais ce vélo électrique n’est pas destiné à l’entraînement. Il sert surtout à parcourir de longues distances.
Miloo est l'un de vos 19 partenaires premium. Combien de sponsors pouvez-vous encore accepter?
Je crois que nous avons atteint la limite supérieure. Miloo nous a rejoint l'année dernière, sinon nous avons conservé les mêmes partenaires, qui nous suivent depuis des années.
Les sponsors attendent quelque chose en retour. Il faut par exemple présenter un vélo comme aujourd'hui. Comment conciliez-vous tout cela avec votre préparation estivale?
L'été est devenu plus prenant que l'hiver. Mais c'est assez logique compte tenu de mes succès. Lorsque vous réussissez, vous êtes plus occupé. Et pas seulement l'hiver autour des courses. En été aussi, il y a beaucoup de demandes. Des renseignements. Des rendez-vous avec les partenaires.
L'été est devenu plus prenant que l'hiver? Vraiment?
Je crois que oui. En hiver, c'est complètement différent. La seule priorité, c'est le ski. Je me concentre exclusivement là-dessus. En été, il y a des séances de préparation intensives, généralement deux par jour, et de nombreuses sollicitations avec les sponsors. En fait, je n'ai que les mois d'été pour faire ce que je devrais faire sur une année. Avec les partenaires, mais aussi dans la vie privée. Le dentiste, les déclarations de revenus, les choses comme ça... Je dois aussi m'en occuper.
Mais avez-vous toujours suffisamment de temps pour vous entraîner l'été?
Je reste extrêmement cohérent. Les journées sont évidemment longues et il y a peu de temps libre. Aujourd'hui, j'étais sur le vélo à 7 heures du matin, et ce, durant trois heures. Puis je suis venu ici, pour ce rendez-vous, qui va durer jusqu'à 18 ou 19 heures. Je vais encore faire une heure d'entraînement après.
Et la récupération?
Je récupère très vite.
Alejo Hervas, votre nouveau préparateur physique, semble être une personne charismatique. Comment se déroule cette collaboration?
C'est un cool kid. Les débuts ont été très bons, j'apprécie ce changement. C'était le bon moment. Nous ne partons pas de zéro et avons d'autres objectifs. C'est un nouveau chemin, différent, je le vois comme une bonne chose.
Pouvez-vous encore vous améliorer physiquement ou s’agit-il de ne rien perdre?
Vous pouvez toujours améliorer quelque chose. Mais il est vrai que nous avons atteint un point où pour gagner quelque part, il faut faire des compromis ailleurs. Si, par exemple, je veux améliorer mon endurance, je perds en vivacité.
Parlez-vous à Alejo Hervas en anglais?
Oui, exactement. C'est aussi une façon pour moi d'améliorer mon anglais. Mais nous n'avons aucun problème de communication, le langage de la préparation est en réalité universel.
En termes de qualité, Hervas se situe probablement au même niveau que son prédécesseur, Kurt Kothbauer. Avez-vous simplement changé la façade?
Je devrais peut-être l'expliquer ainsi: je me suis entraîné durant sept saisons selon un schéma qui a fonctionné. Quand mon entraîneur faisait une démonstration, je savais déjà ce que je devais faire. C'est différent maintenant. De nouveaux exercices arrivent. Je dois être attentif avant de les reproduire. Ces nouveaux stimuli sont extrêmement importants pour la tête et le système nerveux.
Une personne m'a récemment dit que vous aviez fait le plein à Beckenried (NW). Pourquoi un simple arrêt dans une station-service vaut une histoire à raconter?
C'est juste du battage médiatique. Je peux publier quelque chose sur les réseaux sociaux, comme une simple vidéo de moi sur mon vélo, et cela sera repris par Blick.
Est-ce que toute cette attention vous force à vous retirer de la vraie vie?
Non, je vais toujours à la fête de mon village, ce sont ces choses qui vous font rester normal. Mais vous savez, si je pouvais changer une chose, ce serait la célébrité.
Seules les personnes éminentes peuvent comprendre cela. En parlez-vous à d’autres célébrités?
J'en ai parlé brièvement avec Roger Federer, mais il évolue dans une autre ligue. Il est difficile de comparer sa situation à celle de quelqu'un d'autre. Peu de gens en Suisse pourraient comprendre cela.
Au cours de la saison à venir, il est peu probable que l’attention portée à votre sport diminue. Il suffit de penser aux retours de Marcel Hirscher et Lucas Braathen.
Je soupçonne que les audiences doubleront dès la reprise de la Coupe du monde à Sölden. La saison à venir sera marquée par des moments forts. L'année dernière, l'histoire se limitait à: Odermatt remportera-t-il toutes les courses? Désormais, il y a plein d'histoires à raconter. Marco Schwarz, Alexis Pinturault et Aleksander Kilde reviennent de blessures. Marcel Hirscher et Lucas Braathen font leur grand retour.
Marcel Hirscher a désormais 35 ans. Pensez-vous qu'il peut skier devant?
C'est le même âge que Thomas Tumler. Et Tomy dit qu'il se sent mieux que jamais. C'est à cet âge qu'il connaît son apogée.
Mais Thomas Tumler s’est entraîné assidûment ces dernières années.
Oui, mais selon vous, qu’a fait Hirscher ces dernières années? C'est une personne folle, mais dans le bon sens du terme.
Hirscher s’est-il autant entraîné?
Je dirais qu’au cours des deux derniers hivers, il a eu plus de jours d’entraînement en géant que moi. Bien sûr, cela est également dû aux tests de ski qu'il réalise pour sa marque de ski: Van Deer. Je n'ai aucun doute sur sa forme physique. Hirscher est une machine. Il gravit toutes les montagnes.
Selon vous, que fera-t-il la saison prochaine?
C'est un véritable chien de course. Il sait ce qu'il faut faire pour être meilleur que les autres. Il n'a certainement pas oublié ses compétences tactiques. Je pense qu'il partira rapidement dans les 15. Je crois qu'il montera sur le podium à un moment donné l'hiver prochain. Mais je ne dis pas qu'il gagnera toutes les courses, qu'il sera mon concurrent le plus coriace au classement général de la Coupe du monde.
Adaptation en français: Romuald Cachod.