Dans le Colorado, Marco Odermatt se montre serein avant les prochaines courses de Coupe du monde qui se dérouleront à Beaver Creek, ce week-end. Le Nidwaldien évoque notamment son planning – sur et hors piste – très chargé et ses ambitions.
Vous disposez désormais d'un énorme réseau, avec aussi les sponsors. Mais cela implique également des obligations. Comment le vivez-vous?
MARCO ODERMATT: C'est pour moi une bénédiction et une malédiction. Cela ouvre des portes, mais demande effectivement aussi des efforts. J'ai choisi cette voie. Je me suis habitué à cette charge relativement tôt. Ce n'est pas comme si j'étais devenu champion olympique en partant de rien et qu'il s'était passé beaucoup de choses d'un seul coup. C'était déjà le cas quand j'étais junior.
Vous êtes désormais un ami de Roger Federer. D'ailleurs, vous avez trouvé le temps de jouer les interclubs de tennis cet été.
Haha, oui, dans mon équipe en tant que remplaçant, parce que les dates des rencontres collaient bien à mon agenda.
Il y a 42 jours entre l'ouverture de la saison à Sölden et le slalom géant suivant, à Beaver Creek. Un temps suffisamment long pour oublier votre élimination en Autriche?
On verra à Beaver Creek si c'est oublié. Mais cette élimination sera certainement toujours un peu présente dans ma tête. Je sais qu'il me manque des points et qu'il faut en gagner dès maintenant. C'est une situation nouvelle pour moi. Mais je vois aussi cela comme un défi, après avoir porté pendant trois saisons le dossard rouge de leader de la Coupe du monde, du début à la fin.
Le week-end de Beaver Creek, avec ses trois courses, est un bon exemple de la charge que représente une participation à trois disciplines.
Ces périodes ont toujours existé. En décembre 2023, par exemple, on a disputé cinq courses en cinq jours à Val Gardena et Alta Badia. Mais aussi fin janvier, avec les émotions d'Adelboden, Wengen, Kitzbühel, puis Schladming et Garmisch. C'est toujours une limite absolue.
Vous imaginez rater des courses pour vous ménager ou, même, arrêter totalement une discipline?
J'ai déjà fait l'impasse sur certaines courses. Par exemple, l'avant-dernière saison, le slalom géant de Schladming, parce que j'étais blessé. L'hiver dernier, je ne me serais pas rendu à Bansko si les courses prévues à Chamonix n'avaient pas été annulées.
En ce qui concerne les disciplines, je vois mon calendrier inchangé pour les deux saisons suivantes. Ce sont trois années passionnantes avec la Coupe du monde, les Jeux olympiques et les Championnats du monde à domicile. Je veux continuer à participer à trois disciplines. Je me demanderai plus tard quels objectifs je souhaite encore atteindre ou combien de temps je veux encore skier. Je réfléchirai aussi si je ne vais plus concourir que dans les épreuves de vitesse.
Dans deux mois environ, les courses de Kitzbühel sont au programme. Vous avez affirmé que la victoire en descente, sur la Streif, est votre objectif prioritaire. Une déclaration un peu risquée?
Non, tous ceux qui regardent mes résultats peuvent conclure que j'ai les moyens de la gagner une fois. Il y a beaucoup d'athlètes qui font preuve de fausse modestie. Ce n'est pas mon cas. Il est logique qu'avec une telle carrière, on ne se contente pas d'une cinquième place.
Quand on pense à Kitzbühel, le doublé de Cyprien Sarrazin l'année dernière nous vient tout de suite en tête. Pour gagner cette descente, il faut faire une course parfaite.
En fait, peu importe qui peut être rapide en théorie. Si tu veux gagner, tu dois de toute façon battre tout le monde.
En slalom géant, la situation est un peu différente pour vous. Si vous réalisez une performance normale selon vos standards, vous gagnez. Vos concurrents, par contre, doivent se surpasser s'ils veulent vous suivre.
C'est difficile à dire. C'est ce qui s'est passé dernièrement, du moins en ce qui concerne les classements.
J'ai peut-être eu l'une ou l'autre fois la chance qui m'a fait défaut récemment à Sölden. Je ne me vois donc pas aussi dominant que ma série de victoires pourrait le laisser croire.
Traduction et adaptation en français: Yoann Graber