Ardon Jashari joue à un jeu dangereux
Alors que Granit Xhaka vient d'être transféré du Bayer Leverkusen à Sunderland, dans un projet ambitieux pour le néo-promu en Premier League, son successeur en équipe de Suisse est parti au clash avec son club.
Pour planter le décor, Ardon Jashari est courtisé par de grands clubs et le Milan AC se profile en pôle position. Surtout, le club lombard serait tout en haut de la liste dans l'esprit du futur stratège de la Nati.
Sauf qu'il existe un problème de taille: le Club de Bruges ne veut pas lâcher son joueur à moins de 40 millions (sans bonus). Les dirigeants milanais ont fait une offre à 38 millions, bonus inclus (33 millions + 4,5 million). Le bras de fer est lancé.
A ce jour, la saga Ardon Jashari dure depuis presque cinquante jours et pour l'instant, aucune des deux parties ne semblent tomber d'accord pour valider le transfert du Suisse. Les Transalpins mettent une grosse pression sur la direction du club belge, mais Bruges peut compter sur des finances solides pour ne pas céder à la pression milanaise.
#FreeJashari
Désormais la pression est double: depuis plusieurs jours, on y voit même sur les réseaux sociaux, sous chacun des posts du Club de Bruges, un hashtag qui revient avec récurrence: #FreeJashari.
Et les commentaires se comptent par centaines, ils ne cessent de s'accumuler accompagnés des couleurs du Milan AC. Un internaute va plus loin: «Prison Bruges».
La direction du club a même dû restreindre les commentaires. Et lorsque le Club de Bruges souhaite un bon anniversaire au milieu helvétique, c'est une forêt de commentaires qui pousse. Plus d'un millier de messages ont fleuri en un rien de temps.
Dans cette nuée de «Libérez Jashari» ou encore «Il faut sauver le soldat Jashari» (en référence au film Il faut sauver le soldat Ryan), c'est une vraie saga qui se charpente et nourrit un peu plus le dossier d'Ardon Jashari, un footballeur au talent indéniable et aux idées arrêtées. Le meilleur joueur du championnat belge de la saison passée ne compte pas se laisser faire. Son club non plus.
Un exemple de détournement
Si Milan ne trouve pas la parade financière, d'autres clubs profitent de la brèche. Un intérêt anglais est venu redistribuer les cartes, rapporte Het Laatste Nieuws. Et ce n'est par hasard - Nottingham s'est montré très intéressé. C'est un message clair adressé à l'AC Milan: celui-ci doit faire une offre décente aux Blauw en Zwart. Sinon, Jashari ira découvrir la Premier League, ou restera en Belgique.
S'il fallait une dernière affirmation, Ardon Jashari a fait savoir qu'il était exclu qu'il évolue en Belgique l'année prochaine. Il n'a pas pris part au stage de préparation et a brillé par son absence lors de la photo officielle du club.
S'il s'entraîne avec le groupe depuis près de deux semaines, c'est une situation chaotique qui règne. Pour le joueur et pour le club. On se souvient des propos de William Gallas, alors insatisfait de sa situation à Chelsea en 2006.
Jashari ne veut pas s'impliquer et son coach, Nick Hayen, en a profité pour le recadrer. «Moi, je ne réagirais pas comme ça», a-t-il lancé en conférence de presse le 21 juillet.
Le technicien s'est permis d'ajouter:
Jashari est coutumier du fait: se révolter et faire front à sa direction, ce n'est pas la première fois. La pépite ne supporte pas la contradiction. Le milieu helvétique a la tête dure. Il avait déjà usé de cette méthode quand il évoluait à Lucerne en 2023. Le gamin de 20 ans voulait jouer sous les couleurs du FC Bâle. Il exigeait même dans les colonnes de la Luzerner Zeitung (propriété du groupe CH Media, auquel appartient également watson) que le FCL discute avec Bâle pour convenir d'un transfert.
Autre situation: il s'était également montré catégorique sous le chandail helvétique en refusant une convocation avec les M21. Tout simplement parce qu'il voulait jouer avec l'équipe A.
Mais en 2025, cette actuelle commedia dell'arte mijotée par la pépite de la Nati pourrait se retourner contre lui et l'enchaîner à une future saison difficile. Le vestiaire pourrait se retourner contre Jashari, lui qui s'entraîne avec un groupe conscient qu'il ne veut pas jouer pour le club; et un coach qui pourrait lui faire regretter un comportement qui n'est pas à son goût.
Il reste encore un mois pour trouver une porte de sortie, mais ce nouvel épisode prouve une nouvelle fois que le joueur a les idées claires, bâtissant sa carrière sur des certitudes pour percer dans le football. Il se dit qu'il faut du caractère pour s'inviter dans la cour des grands.
