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Nadal glisse doucement sur la même pente que Federer

epa10412476 Rafael Nadal of Spain grimaces during his match against Mackenzie McDonald of the USA during the 2023 Australian Open tennis tournament at Melbourne Park in Melbourne, Australia, 18 Januar ...
Rafael Nadal ne guérit pas comme prévu.Image: EPA AAP

Nadal glisse doucement sur la même pente que Federer

Encore blessé, toujours fragile, Rafael Nadal ne cesse de différer son retour à la compétition. Les rumeurs ne sont pas bonnes.
21.04.2023, 16:5805.05.2023, 12:50
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Puisque le tennis est rempli de pipelettes, toutes sortes de rumeurs courent au sujet de Rafael Nadal, plus ou moins tragiques et plausibles. Les nouvelles vont tellement vite qu'elles ont fini par rattraper l'Espagnol, contraint de réagir sur Twitter:

Extrait

«En principe, la période de convalescence devrait durer de six à huit semaines et nous en sommes maintenant à la quatorzième. La situation n'est pas celle que nous avions espérée. Nous avons suivi toutes les prescriptions médicales, mais pour une raison inconnue, la blessure n'a pas évolué comme indiqué (...). Je n'ai pas pu suffisamment travailler pour retrouver la compétition. Je dois juste essayer de garder la bonne attitude (...) Quand j'aurai des nouvelles, je vous en donnerai.»

Officiellement, Rafael Nadal souffre d'une inflammation de grade 2 au psoas iliaque, un groupe musculaire de la région pelvienne. Ces muscles sont nécessaires aux mouvements du quotidien (marche, course, flexions) et à l'équilibre naturel du corps.

Le psoas iliaque relie la colonne vertébrale aux jambes. Il remplit différentes fonctions: fléchissement de la hanche, stabilisation du bassin et de la colonne vertébrale.
Le psoas iliaque relie la colonne vertébrale aux jambes. Il remplit différentes fonctions: fléchissement de la hanche, stabilisation du bassin et de la colonne vertébrale.Image: Shutterstock

Nadal a contracté cette blessure le 18 janvier dernier, après son élimination au deuxième tour de l'Open d'Australie. Depuis, il n'a presque plus quitté son île. Il diffuse des vidéos sur Instagram pour montrer qu'il revient, que tout va bien, mais l'intensité de ses entraînements, quelques gestes parasitaires en coup droit, font douter les experts que ce soit réellement le cas.

En début de semaine, Nadal s'est rendu à Barcelone pour ce qui devait être un simple contrôle de routine. A la consternation générale, les radiographies ont révélé que sa lésion musculaire n'avait pas du tout cicatrisé, après 14 semaines! La blessure est toujours ouverte.

Nadal jure qu'il n'a pas forcé, qu'il a suivi scrupuleusement le protocole de réathlétisation. Certains de ses collègues doutent qu'ils en soit capable et qu'il soit encore réceptif aux signaux de son corps, depuis le temps qu'il les outrepasse. Toujours est-il qu'à la perplexité s'ajoute la confusion: Nadal ne sait plus trop comment soigner sa blessure, ni à quel rythme, encore moins pendant combien de temps, «Je ne peux donner aucun délai de retour, sinon je le ferais.»

S'il n'y avait que ça... L'Espagnol a joué le dernier Roland-Garros sous piqûre, avec des douleurs violentes sous la voûte plantaire (syndrome de Müller-Weiss). Ses abdominaux l'ont lâché à Wimbledon. Ses muscles du psoas iliaque n'ont pas tenu plus de trois matchs en Australie. «Il est difficile d'émettre un avis sans connaître le dossier médical du patient mais on ne peut pas exclure que certaines douleurs entraînent des mouvements compensatoires qui, peu à peu, créent d'autres blessures», relève un médecin du sport.

Depuis 2021, Nadal n'a disputé que 80 matchs, l'équivalent d'une année ordinaire pour un membre du top 5. A bientôt 37 ans, son corps semble livrer un baroud d'honneur contre le processus irréversible du vieillissement. Les blessures sont toujours plus fréquentes, les absences toujours plus longues, les convalescences toujours plus incertaines, les retours toujours plus pénibles et fragiles. Soit exactement le déclin vécu par Roger Federer, avec une seule faiblesse rédhibitoire (le genou).

Pour Nadal, ces difficultés surviennent de surcroît en période post-natale, avec la tentation des dimanches en famille et des cosses réparatrices. Le champion ne cesse de clamer sa motivation. Mais le plaisir de jouer est comme le sexe: il est facile de simuler.

En tout état de cause, Nadal n'a plus joué depuis janvier, et plus très bien depuis juillet – telle est la réalité objective de ses infortunes successives. Un forfait à Roland-Garros semblait encore inimaginable il y a une semaine. Aujourd'hui, le scénario est sur la table.

Dans le meilleur des cas, le matador (14 titres) débarquera à Paris avec une préparation minimale. Le Geneva Open semble décidé à l'attirer dans son environnement calme et feutré, protégé de tout potin, durant la semaine qui précède Roland-Garros, comme il l'avait fait en 2021 pour Roger Federer. Mais ce délai-là paraît lui aussi très court, sachant qu'une cicatrisation complète peut durer six autres semaines.

Impossible de nier non plus le dépit que ces rechutes continuelles peuvent insinuer dans le psyché du champion, de surcroît un champion bilieux, assailli par un sentiment d'injustice (voire de persécution) depuis de nombreuses années.

Sans repère, confronté à des rivaux qui le savent vulnérable, comment Nadal surmonterait-il les affres de la compétition? Comment dealerait-il avec sa nature profondément angoissée? Comment lui qui se réfugie dans le travail... Lui qui est attaché à ses habitudes... Lui qui suit la même routine depuis 20 ans, ses victoires printanières alignées comme des bouteilles d’eau devant sa chaise, son petit hôtel de la rue Jean Goujon, sa brioche au Café de la Paix... Lui qui considère l'entraînement comme une solution à tous ses problèmes, à toutes ses névroses de compétiteur monomaniaque... Comment lui qui a toujours suivi le même chemin pour arriver à Roland-Garros s'accommoderait-il d'y être parachuté?

Les rumeurs les plus sombres suggèrent qu'en cas de forfait à Paris, il mettra un terme à sa saison, puis éventuellement à sa carrière. «Si Rafa est en mesure de s'aligner à Wimbledon, il le fera. On l'oublie un peu mais c'est le tournoi qu'il rêvait de remporter quand il était enfant», nuance une voix autorisée.

Si une seule habitude ne devait jamais changer, ce serait bien celle-ci: Nadal a coutume d'entendre qu'il est perdu pour le sport, que sa balle rebondit moins haut et que son moral est tombé bien bas. Or personne n'a sa force de conviction. Personne n'a cette faculté d’adaptation. Cette éducation tournée vers le sacrifice. Cette compréhension du jeu de terre battue. Ce tempérament bagarreur.

A 20 ans déjà, on lui prédisait une carrière à la James Dean, stoppée nette au bout d'une course folle, sous le soleil et la poussière, après avoir magnifié la fureur de vivre. Un dernier craquement de genou pour la déroute...

On lui promettait un destin de grabataire, pied cassé, poignet fissuré, abdos déchirés. Mais de toutes ces funestes prophéties, une seule s'est véritablement réalisée: Nadal perd ses cheveux, comme son grand-père. Toutes les rumeurs qui ont couru à son sujet (blessure, dépression, trac, dopage) se sont essoufflées avant lui.

A bientôt 37 ans, certes, il n'aura plus la force de les distancer toutes. Son déclin est annoncé. Mais s'il glisse doucement sur la même pente que Federer, Nadal possède un léger avantage sur son aîné: il a appris très jeune à s'accrocher. C'est son talent à lui; son talent inné.

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