Tous les sportifs qui ont participé aux Jeux olympiques sont exposés. Les médaillés sont les plus menacés car s'il est difficile de monter sur le podium, il est parfois plus ardu encore d'en redescendre.
Certains vivent ce qu'ils appellent une dépression, d'autres un mal-être, ou un blues. Autant de noms pour décrire un phénomène de grande détresse largement répandu. «Le post-blues olympique est un phénomène classique, quasi systématique», rappelle Meriem Salmi, psychologue et membre de la délégation française aux JO de Tokyo, citée par Ouest-France.
Parce que durant de nombreuses années, toute la vie de l'athlète a tourné autour du même objectif de gloire olympique, et que soudain cet objectif n'existe plus. Le sportif perd la totalité de ses ancrages et se retrouve face à un vide total. Il est désemparé. Démuni.
Même les moins bien classés éprouvent ce que la Fribourgeoise Annick Marguet (25e au tir en 2008) appelle un baby blues. «Brusquement, on perd l'envie de s'entraîner, on cherche un sens à des gestes simples et basiques, relève-t-elle dans Le Temps. Les Jeux polarisent tellement d'attentes, tellement d'émotions, qu'il est difficile de renouer avec une activité normale.»
Ces épisodes dépressifs contextuels apparaissent généralement entre quelques jours et quelques semaines après la compétition, lorsque tout a disparu (les adversaires, la pression et les projecteurs). Certains champions confessent des troubles de l’humeur et du sommeil, un sentiment de tristesse, une impression de perdre ses repères. Des recherches menées à la suite des Jeux olympiques d'hiver de 2010 à Vancouver ont aussi révélé des épisodes de confusion, de colère, de ressentiment et d'abandon.
Nina Christen a également observé des difficultés de concentration et de motivation, ainsi que des migraines et des douleurs à la nuque.
Swiss Olympic avait mis un psychologue à disposition de sa délégation lors des Jeux de Tokyo. Mais maintenant que la compétition est terminée, les athlètes suisses désireux de soigner la tête doivent trouver des ressources auprès de leur Fédération. Meriem Salmi prescrit surtout discipline et grand air.
L'instinct de la compétition ramène doucement les athlètes sur le terrain de leurs exploits. Mais pour Nina Christen ce ne sera pas pour tout de suite. «Je ne me sens pas encore capable de reprendre le tir», avoue la Nidwaldienne en marge des Championnats de Suisse auxquels elle ne participe pas. Quand reviendra-t-elle dans un stand? La tireuse de Wolfenschiessen (rebaptisé Ninaschiessen par certains de ses habitants) n'a pas encore la réponse à cette question.