L'automne dernier, le Parlement a été emporté par la frénésie de la crise. Face à la menace de coupures de courant en hiver, il a lancé, en l'espace de quelques semaines, ce que l'on appelle l'«offensive solaire»: dans les montagnes, où le soleil disparaît plus rarement en hiver, et où le brouillard et la neige reflètent la lumière, de très grandes centrales photovoltaïques alpines devraient être construites rapidement.
Cela est rendu possible par l'assouplissement d'importantes contraintes environnementales et la promesse de subventions. Le plus grand projet, à Grengiols (VS), a été lancé avec une annonce de jusqu'à 910 000 panneaux solaires sur plusieurs kilomètres carrés.
Maintenant, un peu plus de six mois plus tard, l'euphorie est retombée. Lundi, à Grengiols, les initiateurs ont annoncé pour la deuxième fois la réduction de la taille de leur projet. Il est désormais question de 160 000 panneaux. Mais dans d'autres projets aussi, les espoirs s'amenuisent. La raison est quasiment partout invoquée: le manque de lignes pour acheminer l'électricité solaire des flancs de la montagne jusqu'aux consommateurs dans les villages et les villes.
Les leaders de la politique énergétique à Berne sont alarmés:
Le président des Verts libéraux, Jürg Grossen, président de l'association Swissolar, parle du «talon d'Achille pour le photovoltaïque alpin», d'un «facteur limitant qui pourrait geler de nombreux projets».
De quoi s'agit-il? L'offensive solaire décidée par le Parlement, qui prévoit une procédure d'autorisation accélérée et des conditions assouplies lors de la planification, ne concerne que les installations photovoltaïques et les lignes jusqu'au premier point de raccordement au réseau existant. Or, ce dernier n'est pas encore adapté à la quantité d'électricité produite par les nouvelles grandes centrales solaires, en particulier dans les régions éloignées. «Des renforcements du réseau et, à certains endroits, des lignes supplémentaires sont nécessaires», explique Grossen, «ceci surtout dans le domaine de la moyenne tension».
Mais comme le réseau existant n'est pas soumis à la procédure express, les retards risquent de durer des années. Interrogée à ce sujet, l'Association des entreprises électriques suisses (AES) indique quelles sont les étapes qui précèdent l'autorisation de construire de nouvelles lignes ou de renforcer celles qui existent déjà: préparation, procédure de plan sectoriel, projet de ligne, procédure d'approbation des plans, procédure judiciaire, construction et mise en service. Ce qui prend un certain temps:
Cela entre en conflit avec l'objectif de l'offensive solaire. Celle-ci stipule que d'ici fin 2025, au moins 10% de la puissance visée par installation doit être réalisée et raccordée au réseau. L'extension complète doit être achevée fin 2030. Il est peu probable que de nouvelles lignes soient réalisées d'ici là, d'autant plus que les groupes qui combattent un projet particulier trouveront sans doute dans ces procédures un angle d'attaque favorable.
Avec le deuxième redimensionnement radical, les initiateurs de Grengiols parviennent à ce que les lignes actuelles suffisent pour l'électricité supplémentaire produite. Selon Jürg Grossen, l'objectif de 10% est également visé dans un premier temps pour d'autres projets, car les capacités des lignes existantes ne permettent pas d'en faire plus et les renforcements de réseau prennent plus de temps. L'AES résume:
Le fait que l'extension du réseau n'ait pas été intégrée par le Parlement est une erreur, dit Grossen: «Nous allons probablement adapter les délais pour l'opération au Parlement de manière à ce que nous ayons une transition juridique sans faille vers la future réglementation, telle qu'elle est en préparation dans l'acte modificateur unique.»
Entre-temps, l'AES place ses espoirs dans le projet d'accélération annoncé par le Conseil fédéral: l'association s'engagera pour que ce projet ne se limite pas aux installations de production, mais englobe également l'extension du réseau. «Il faut un réseau express qui soit mis en œuvre dans le cadre du projet d'accélération.» Les procédures pour l'infrastructure de réseau devraient être accélérées et synchronisées avec le rythme de développement des nouvelles grandes installations.
L'un des plus grands experts en matière d'installations solaires alpines, le professeur Jürg Rohrer de la Haute école des sciences appliquées de Zurich, estime que la filière a elle aussi un certain rôle à jouer. De nombreux fournisseurs et prestataires de services se sont habitués à un rythme lent pour l'extension du réseau: «Un regard sur l'étranger montre que cela peut aller plus vite.»
Il ne s'agit pas non plus uniquement d'un problème de gestion d'entreprise: «En fin de compte, il ne s'agit pas en premier lieu d'argent», dit-il, «mais il faut changer les mentalités et créer enfin une prise de conscience de l'urgence du tournant énergétique.» C'est ce qui fait encore défaut en Suisse.
Entre-temps, Jürg Grossen appelle à ne pas se fixer uniquement sur le photovoltaïque alpin, mais à agir là où c'est déjà possible. Avec l'offensive solaire alpine, on avait d'abord prévu deux térawatts-heures d'ici 2028, qui sont de toute façon importants. «Mais l'année dernière, nous avons pu monter des panneaux solaires avec une production annuelle d'un térawatt-heure, et ce malgré un manque de matériel et de personnel qualifié dans le domaine du bâtiment — ici, nous pouvons déjà aller de l'avant et produire rapidement plusieurs fois cette quantité, y compris en électricité hivernale.»
Traduit et adapté par Pauline Langel