«Il n'y a pas à l'heure actuelle de déplacements massifs» hors d'Afghanistan, note Karin Keller-Sutter, interrogée par les journaux CH Media. La ministre de la Justice défend avec pragmatisme la position du Conseil fédéral contre des contingents de réfugiés afghans.
«Nous ne pouvons pas non plus choisir arbitrairement 10 000 personnes et les évacuer de la zone de crise», ajoute-t-elle.
La grande priorité du Conseil fédéral est d'évacuer les ressortissants suisses, les travailleurs de la coopération au développement de la Confédération (DDC) et leur famille proche, soit environ 230 personnes. Un objectif encore non réalisé. La Suisse prévoit en outre d'envoyer samedi un avion dans la capitale ouzbèke Tachkent pour rapatrier des personnes fuyant l'Afghanistan.
Si elle n'évacue pas d'Afghans, la Suisse veut néanmoins s'engager pour l'aide humanitaire sur place et dans les pays voisins de l'Afghanistan, relève la ministre de la Justice. Le gouvernement suisse adopte ainsi la même posture que de nombreux autres Etats de l'Union européenne (UE), comme l'a montré une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur de l'UE cette semaine.
Selon la conseillère fédérale:
La conseillère fédérale rappelle d'ailleurs que le gouvernement suisse a déjà décidé d'un contingent de réinstallation. Qu'est-ce que c'est? Il s'agit de l'accueil de gens issus de camps de réfugiés à l'étranger. Ainsi, cela représente 1900 réfugiés pour les années 2022/23. Si la situation l'exige, le Conseil fédéral peut augmenter ce contingent après consultation des cantons.
La question de l'Afghanistan a été soulevée récemment lors de la réunion entre ministres européens. Nos collègues de CH media ont demandé à la ministre suisse de la Justice si la crainte d'une vague de réfugiés, comme celle de 2015, était dans les esprits. Sa réponse est limpide:
Karin Keller-Sutter précise que ce sentiment n'est pas dû uniquement aux événements en cours en Afghanistan, mais également à d'autres phénomènes. Par exemple? La Biélorussie utilise la migration comme moyen de pression politique et transporte activement les migrants qui arrivent dans le pays depuis l'Irak et la Turquie jusqu'à la frontière extérieure de Schengen (dont la Suisse fait partie), explique la ministre.
Selon elle, les migrations se multiplient sur la route méditerranéenne. Des ressortissants venus d'Afrique du Nord cherchent à rejoindre l'Europe à cause de la misère économique chez eux.
Bien sûr personne en Europe ne veut revoir une situation comme celle de 2015, mais les Etats trouvent difficilement un terrain d'entente. La ministre voit trois ensembles:
Et la ministre de conclure: «Dans le domaine de la migration illégale, nous ne sommes pas plus avancés qu'en 2015.»
(jah avec ats)