La Suisse devrait pouvoir vendre des chars Leopard 2 à l'Allemagne. Une commission du Conseil des Etats y est favorable par 9 voix contre 3. Ces chars n'ont rien à voir avec les engins de Ruag stockés en Italie qui ont fait beaucoup parler d'eux récemment.
L'armée remettra ces 25 chars à leur fabricant allemand Rheinmetall pour les mettre hors-service. Pour la majorité, cela n’entravera pas la couverture des besoins de l’armée. La revente de ces appareils au constructeur lui semble aussi opportune d’un point de vue de la politique étrangère et de sécurité. Cela donne un signe positif aux partenaires européens de la Suisse, ont indiqué vendredi les services du Parlement.
Une minorité estime que la guerre en Ukraine montre la nécessité de conserver des capacités de défense robuste. Elle souligne également que le marché international ne permet pas de se procurer rapidement de nouveaux systèmes en cas de besoin.
Le National a déjà donné son feu vert en juin. Ces chars n'iront pas en Ukraine, avait assuré la ministre de la Défense. Ils pourront être revendus à d'autres pays européens.
Actuellement, la Suisse dispose de 134 chars en service et 96 en dépôt. Les 25 chars concernés sont prélevés sur ces derniers. Une minorité UDC s'était opposée au deal. La commission a en revanche rejeté, par 6 voix contre 5, une autre proposition concernant les 71 autres Leopard 2 en dépôt. Ceux-ci ne devraient pas être réactivés ou remplacés par un système plus moderne d'ici 2035.
La majorité ne veut pas limiter la marge de manœuvre de l’armée dans sa planification. Tout en ménageant à l’armée une marge de manœuvre dans ce domaine, la minorité souhaitait, elle, obtenir l’assurance que l’armée disposerait de systèmes blindés modernes à moyen terme.
Lors de sa séance, la commission a également été informée des différentes affaires qui secouent Ruag. Elle s'est prononcée pour un renforcement de l'obligation de rapport de cette entreprise appartenant à la Confédération. A l'avenir, l'entreprise devra informer la Confédération, en temps opportun, de tous les événements importants. La commission sœur du National a formulé la même exigence.
L'affaire porte sur 96 chars Leopard 1 actuellement entreposés en Italie. Début 2023, l'entreprise allemande Rheinmetall a demandé à Ruag si elle pouvait les acheter pour pouvoir les envoyer ensuite en Ukraine. Un contrat a été signé, sous réserve de l'approbation du Conseil fédéral. Mais ce dernier a refusé la vente. Une enquête externe a été ouverte à la demande du DDPS et Ruag en a fait de même.
Par ailleurs, la commission a largement accepté les crédits pour l'armée. Environ 1,9 milliard est prévu pour le programme d’armement, le programme immobilier ainsi que l’acquisition de matériel de l’armée.
Dans le détail, le programme d’armement 2023 (725 millions de francs) permettra notamment d'acheter 24 chars de grenadiers à roues pour accroître la mobilité des forces terrestres, à hauteur de 217 millions de francs.
Les capacités de la défense sol-air de longue portée seront augmentées. Le nouveau système Patriot sera équipé d'engins guidés pour lutter contre les missiles balistiques à courte portée, pour 300 millions de francs. Une enveloppe de 615 millions est prévue pour l'acquisition de matériel pour 2023 et de 555 millions pour le programme immobilier du DDPS.
La commission soutient également l'augmentation du plafond des dépenses pour les années 2021 à 2024. L'enveloppe devrait passer de 21,1 à 21,7 milliards de francs. (mat/ats)