Omicron est devenu le variant dominant en Suisse. Actuellement, deux infections sur trois sont dues à cette mutation. Celle-ci se propage très rapidement et n’épargne pas les enfants. Voici un aperçu de ce que nous savons actuellement de la circulation du virus, chez les plus jeunes.
La vague actuelle provoque un nombre record de cas chez les enfants âgés de moins de 10 ans. Peu avant Noël, plus de 1000 enfants âgés de 0 à 9 ans ont été testés positifs, en moyenne, chaque jour dans toute la Suisse.
Les cantons de Suisse centrale comme Nidwald, Obwald et Uri ont été particulièrement touchés. De nombreux cas ont également été détectés à Genève et dans le Jura.
La situation est similaire chez les enfants et les jeunes âgés de 10 à 19 ans. En plus des cantons d’Obwald et du Jura, Schaffhouse et le Tessin ont été les plus touchés.
Après que plus de 9000 enfants ont été testés positifs en une semaine, au début du mois de décembre, une vague d'hospitalisations a suivi, avec le décalage habituel de deux à trois semaines. Elle n’a toutefois pas été plus élevée qu’à la même période l’hiver dernier.
Omicron entraîne des évolutions de la maladie moins graves chez les enfants. Cela permet ainsi d’éviter une partie des hospitalisations et expliquerait pourquoi il y a moins d’hospitalisations par rapport au nombre de cas. Toutefois, les données à ce sujet sont encore peu claires.
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Une autre raison de cet écart entre le nombre de cas et le nombre d'hospitalisations pourrait venir du fait que le nombre de tests effectués en décembre, notamment dans les écoles, n'a jamais été aussi élevé. Ces tests ont permis de détecter de nombreuses infections au Covid asymptomatiques. De telles infections n'avaient pas été détectées lors des vagues précédentes.
Les décès chez les enfants restent heureusement très rares. Depuis le début de la pandémie, l'OFSP a enregistré deux décès d'enfants de moins de 10 ans et un décès de jeunes de 10 à 19 ans dû au Covid-19. Au cours des huit derniers mois, aucun décès n'a été enregistré chez les enfants et les jeunes de moins de 20 ans.
L'OFSP publie le nombre de vaccins administrés pour différentes classes d'âge. Il n'existe malheureusement pas de groupe avec les enfants en âge scolaire.
Dans le groupe des 5 à 11 ans, seuls 420 enfants (nettement moins d’1%) ont été vaccinés depuis le début de la pandémie. Ce groupe n'a été autorisé à se faire vacciner que depuis le mois de décembre.
Chez les jeunes de 12 à 15 ans, plus de la moitié n'est toujours pas vaccinée. De nombreux cantons n'ont que récemment renforcé la campagne de vaccination pour ce groupe de population. La vaccination de rappel n'a pas encore été validée pour les enfants âgés de 12 à 15 ans.
Dans le groupe des 10 à 19 ans, ils sont près de 400 000 à être vaccinés, soit environ la moitié. Il convient ici de noter que les jeunes de 10 et 11 ans sont autorisés à se faire vacciner que depuis peu.
Dans l'ensemble, la situation des enfants en Suisse est comparable à celle des adultes.
A présent, jetons un coup d'œil aux pays où Omicron s'est répandu plus tôt qu'en Suisse.
Aux Etats-Unis, où Omicron est le variant dominant depuis Noël, les hospitalisations des enfants ont massivement augmenté ces derniers jours. Au cours de la dernière semaine de l'année 2021, elles ont augmenté de 50% dans tout le pays par rapport à la semaine précédente, comme le rapporte CNN. La ville de New York a même enregistré une multiplication par cinq au mois de décembre.
Dans l'ensemble, les valeurs records de début septembre ont été nettement dépassées. Pour 100 000 habitants de la tranche d'âge correspondante, les proportions sont toujours les plus faibles. Ce n'est que dans la tranche d'âge des 18 à 29 ans que les valeurs les plus élevées ont déjà été dépassées.
Selon les experts, la raison principale de cette forte augmentation est que le groupe des 0 à 17 ans est celui qui compte nettement le moins de personnes vaccinées ou même boostées. (Aux Etats-Unis, les enfants peuvent être vaccinés à partir de 5 ans. Plus de quatre millions l’ont déjà fait). Ainsi, le point commun des personnes hospitalisées est qu'elles ne sont pas vaccinées ou pas complètement vaccinées.
«Ce que nous voyons dans les unités de soins intensifs prouve que la vaccination contribue en grande partie à éviter que les enfants ne tombent gravement malades» a déclaré au New York Times le Dr James Schneider, directeur des soins intensifs pédiatriques au Cohen's Children's Medical Center de New York. Ces derniers jours, cinq à huit enfants atteints du Covid ont été hospitalisés en soins intensifs, alors qu'aucun cas de ce type n'avait été enregistré en novembre.
Certains hôpitaux américains signalent qu’environ 20% des enfants admis à l’hôpital sont testés positifs au Covid à leur arrivée. La grande majorité d'entre eux arrivent sans symptômes et sont hospitalisés pour d'autres raisons.
Dans ce pays, Omicron était déjà dominant à la mi-décembre. Là aussi, les hospitalisations des enfants ont nettement augmenté au cours des dernières semaines. Au cours de celle suivant Noël, les hospitalisations des moins de cinq ans ont doublé, et celles des 6-17 ans ont également été nettement plus nombreuses:
Comparés aux autres classes d'âge, les moins de 18 ans représentent environ 6% de toutes les hospitalisations de la dernière semaine.
Dans ce pays aussi des masques, des vaccins, des tests et des mesures d'hygiène ont été mis en place afin de contenir le virus au moment de la rentrée scolaire.
Mais ce dernier se propage extrêmement rapidement à travers le Royaume-Uni notamment au sein de la population jeune. Pour 100 000 enfants âgés de 5 à 9 ans, environ 830 sont infectés, contre 1126 chez les 10-14 ans, comme l'écrit le Guardian. Ces chiffres sont similaires à ceux des cantons d'Uri, Nidwald et Obwald ou le Jura et Genève.
Une des grandes questions reste jusqu'à présent sans réponse: quelle est la gravité des formes Omicron par rapport aux formes Delta? L'état actuel des choses est que les enfants – comme les adultes – s'en sortent avec des évolutions plus légères. Toutefois, cela n'est pas encore définitivement clair, car les données sont encore trop minces.
Le célèbre épidémiologiste Eric Feigl-Ding, qui travaillait jusqu'à récemment à l'Université de Harvard, a averti dans un fil de discussion sur Twitter qu'il n'y avait jusqu'à présent aucune preuve qu'Omicron était moins dangereux pour le Covid long. Il n’y a également aucune donnée qui prouve qu’Omicron a une évolution plus douce. Une étude menée au Royaume-Uni a montré que lorsqu'on ajuste les vaccins et les infections passées, Omicron n’est plus vraiment moins dangereux.
6) Reminder that #Omicron is not really intrinsically milder much at all… a major 🇬🇧 study says it’s not really milder once you adjust for vaccines & past infections. Omicron causes more reinfections & breakthroughs—which at first glance makes % hospitalized look👀 much milder👇 https://t.co/CZsJ2rHNrz
— Eric Feigl-Ding (@DrEricDing) January 2, 2022
Pour Eric Feigl-Ding, il est donc clair que des hospitalisations en (forte) hausse combinées à la rentrée scolaire peuvent constituer un mélange dangereux.
7) Schools are reopening soon. Don’t let #Omicron be the deceptive Trojan Horse 🐎 of the pandemic and be lulled into complacency. Hospitalization numbers soaring doesn’t lie. https://t.co/b2tz7THvua
— Eric Feigl-Ding (@DrEricDing) January 2, 2022
En conférence de presse mardi, Samia Hurst, vice-présidente de la Task force Covid-19 de la Confédération a précisé que si l'on avait reçu une troisième dose, la protection contre une infection était de 77%.
Aux Etats-Unis, selon divers rapports, les pédiatres se préparent à un mois de janvier chargé. La Dr Claudia Hoyen, directrice du contrôle des infections pédiatriques à l'hôpital UH Rainbow Babies and Children's Hospital de Cleveland, a déclaré à la CNN:
On s'attend à ce que les hospitalisations chez les enfants continuent d'augmenter. Cette situation est particulièrement préoccupante, car les enfants de moins de 5 ans ne peuvent pas être vaccinés. Les enfants de plus de 5 ans sont moins nombreux que les autres groupes d’âge à avoir reçu toutes les vaccinations nécessaires.
Traduit de l'allemand par Charlotte Donzallaz