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Le PLR perd son chef, Thierry Burkart, au pire moment

L'incendiaire libéral s’en va: pourquoi maintenant et que laisse Thierry Burkart?
Thierry Burkart a voulu rallumer la flamme libérale.Image: watson
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Le PLR perd son agitateur en chef au pire moment

Thierry Burkart quitte la présidence du PLR. Il laisse derrière lui un parti divisé, affaibli, et un virage à droite contesté. Son successeur a du pain sur la planche.
04.06.2025, 11:5604.06.2025, 11:56
Doris Kleck, Léonie Hagen, Michael Graber / ch media
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Il voulait jouer les pyromanes. Dans son discours d'investiture à la tête du PLR, Thierry Burkart soulignait que la Suisse avait besoin de plus de «feu libéral». Il fallait se battre tous ensemble pour rallumer cette flamme à la fois dans les villes et les campagnes. «Vive le PLR, vive la Suisse», avait-il conclu lors de l'assemblée des délégués d'octobre 2021. Standing ovation.

L'assistance s'est à nouveau levée quatre ans plus tard, dans la salle du groupe parlementaire du PLR, mardi après-midi. Selon le principal intéressé. Il venait d'annoncer à ses collègues de parti qu'il quitterait son poste en octobre, plus tôt que prévu.

Mais l’incendie libéral espéré n’a pas eu lieu. Devant la presse, Burkart reconnaît avoir été «déçu» par les derniers résultats aux élections fédérales, les pires de l’histoire du PLR. Le parti n’a devancé de peu que le Centre, et la question de la pérennité de son deuxième siège au Conseil fédéral s’est imposée comme une priorité. Un coup dur pour une formation qui s’est toujours définie comme un pilier de l’Etat fédéral et de la Suisse moderne.

Un virage à droite assumé, mais peu payant

Le président a choisi la ligne dure pour faire avancer le parti. Contrairement à sa prédécesseure Petra Gössi, qui s’était rapprochée de thématiques écologistes, lui a opéré un net virage à droite: position ferme sur la migration, volonté de lever l’interdiction sur les centrales nucléaires, ton tranchant. Il a recouru de plus en plus souvent au lance-flammes pour attiser le feu libéral.

KEYPIX - Thierry Burkart, FDP-AG, an der Sommersession der Eidgenoessischen Raete, am Dienstag, 3. Juni 2025 im Staenderat in Bern. (KEYSTONE/Til Buergy)
Il semble soulagé de se libérer d'une fonction très prenante.Image: keystone

Pendant un temps, il a semblé que cette stratégie porterait des fruits électoraux. Mais les victoires lors des élections cantonales en Argovie et à Schaffhouse l'automne dernier se sont révélées être des feux de paille. Des défaites cinglantes ont suivi ce printemps en Valais, à Neuchâtel et à Soleure. La désillusion a été particulièrement grande à Soleure, où le PLR a également perdu un siège au gouvernement.

Une communication musclée et inspirée de la gauche

Idéologiquement très à droite, méthodiquement à gauche. Burkart s'est servi de la méthode des sociaux-démocrates. Avec des campagnes ciblées, bien dirigées et centralisées (par exemple dans le domaine de la formation). Lorsque le Conseil fédéral a proposé de supprimer certains avantages fiscaux dans les 2e et 3e piliers, le PLR a lancé une pétition — contre sa propre ministre des Finances.

Jonas Projer, neuer FDP-Generalsekretaer an der Delegiertenversammlung der FDP in Moeriken-Wildegg am Samstag, 17. Juni 2024. (KEYSTONE/Walter Bieri )
Jonas Projer.Keystone

En nommant Jonas Projer au poste de secrétaire général, le dirigeant a choisi un homme au verbe acerbe. Burkart a inscrit au cahier des charges de l'ancien journaliste de communiquer de manière incisive. Jonas Projer s'exécute, notamment avec ce titre d'un communiqué indirectement destiné à Beat Jeans: «Monsieur le conseiller fédéral, réveillez-vous s'il vous plaît».

Cet ex-présentateur d'Arena – l'mission de débat politique alémanique – a également inventé le fameux réveil avec lequel Burkart fait le tour de la Suisse. Le message? Le PLR est le parti de ceux qui se lèvent tôt. Le parti de la finance et de l’économie se voulait aussi celui des travailleurs.

Rumeurs de démission

Malgré toute sa combativité et sa détermination, Burkart a également souffert de l'exposition de son poste. La présidence du PLR demeure l'une des plus exigeantes de la Berne fédérale. Les attentes sont élevées, la chute l'est tout autant. Si le parti perd à nouveau de son influence lors des élections de 2027, cela pourrait cette fois vraiment lui coûter son second siège au Conseil fédéral.

Cette pression a causé des dégâts par le passé. Déjà après les mauvais résultats de 2023, on disait Thierry Burkart fatigué. En décembre de cette année-là, des rumeurs ont circulé en interne selon lesquelles il pourrait jeter l'éponge. Il avait tenu bon, réagissant souvent à la critique sans vraiment d'enthousiasme. Et fustigeant au passage publiquement la NZZ, le journal de référence de son propre camp.

Tradition interne

Thierry Burkart avait promis de renforcer l’unité du parti. Il l’a aussi invoquée lors de l’annonce de son départ. Pourtant, le PLR reste profondément divisé, notamment sur la question européenne. Lui-même figure parmi les sceptiques concernant les accords avec l’Union européenne. Il admet des «divergences d’opinion», mais minimise leur portée.

Le politologue Michael Hermann porte un regard plus critique sur l'état du parti, que son président laisse «au bord de la rupture». Et l'enjeu est de taille: Thierry Burkart avait annoncé que le PLR cèderait une place au gouvernement s'il était dépassé par le Centre lors des prochaines élections. Une déclaration lourde de conséquences pour son successeur, note notre expert:

«Ce n’est plus lui qui aura à en assumer la responsabilité»

Mais rappelons que lorsque Burkart a pris les rênes du PLR en 2021, la formation était déjà fracturée. Il promettait alors de ramener «calme et clarté». A ce titre, le bilan est maigre, selon Michael Hermann: «Il a échoué à atteindre ses propres objectifs.» Les attentes élevées, combinées à l’érosion électorale persistante, ont eu raison de son mandat.

Déçu par ses propres attentes

«De ce point de vue là, son bilan n'est pas fameux», constate le politologue. «Le chef de file a surtout échoué à cause de ses propres exigences». Mais aussi parce qu'on attendait beaucoup des dirigeants du PLR et parce qu'ils n'ont pas réussi à stopper durablement l'érosion. Dans une certaine mesure, ce retrait intervient au pire moment, selon Hermann:

«Le capitaine quitte le navire dans des eaux on ne peut plus agitées»

L'homme aux commandes voit les choses tout autrement. Selon lui, le bateau tient son cap et il est en très bon état: «Le capitaine quitte le navire en toute conscience et avec un bon sentiment», a assuré, mardi, Thierry Burkart qui a assuré n'avoir «pas d'ambition pour un poste de conseiller fédéral». Il souhaiterait revenir à davantage de «politique de fond», au détriment de la politique de parti, qu'il laisse à ses successeurs. Le pyromane n'a plus trop envie de mettre le feu.

(Traduit de l'allemand par Valentine Zenker)

Vol en drone au-dessus de Blatten
Video: extern / rest
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