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Les mammographies montrent les limites du système suisse

A young woman undergoes a mammogram examination in the Senology department headed by Dr Francesca Catalano of Cannizzaro Hospital on November 24, 2020 in Catania, Italy.
Une femme subit une mammographie en novembre 2020 à Catane, en Italie.Getty Images Europe
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Nos seins ne doivent pas être les otages du système de santé suisse

Les mammographies ont largement prouvé leur efficacité face au cancer du sein. Pourtant, elles sont menacées par la pression sur les coûts et les dysfonctionnements du système de santé helvétique.
26.07.2025, 18:4426.07.2025, 18:44
Anna Wanner / CH media
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Qui ne connaît aucune femme atteinte d'un cancer du sein? On en a souvent même deux ou trois dans son entourage. La maladie frappe de plus en plus: on recense 6600 nouveaux cas chaque année. Une femme sur huit en reçoit un diagnostic au cours de sa vie.

L'annonce de la maladie cède toujours sa place au choc, même si la médecine a beaucoup évolué récemment et que les thérapies s'avèrent aujourd'hui plus efficaces.

Le dépistage précoce du cancer a également augmenté les chances de guérison. Malgré cela, la mammographie a longtemps été discréditée: elle produisait de nombreux «faux positifs». En 2013, le Swiss Medical Board y a vu une contrainte pour les femmes, une charge psychique trop élevée en cas de diagnostic erroné et une utilité au final donc trop faible. Conséquence: les experts ont recommandé de mettre fin aux programmes.

Augmentation des chances de survie

Plusieurs cantons sont passés outre cette recommandation. Heureusement. Car les résultats et l'évolution internationale leur donnent raison. La mammographie ne peut certes pas éviter tous les malheurs. Mais sa qualité a progressé. Les radiologues doivent répondre à des exigences élevées. Ainsi, chaque image est analysée par deux médecins.

Des données provenant des Grisons et de Saint-Gall prouvent que ça marche. Le programme «donna» de la Ligue contre le cancer de Suisse orientale a permis de réduire de moitié le nombre d'ablations chez les femmes qui se présentent aux dépistages tous les deux ans à partir de 50 ans. Elles suivent également moins souvent (30%) une chimiothérapie. Pour Rudolf Morant, président de la Ligue régionale:

«Si on détecte le cancer à un stade précoce, on peut plus facilement renoncer à des thérapies agressives»

Les chances de survie augmentent elles aussi. Plus de 80% des femmes ont continué à vivre plus de dix ans après un diagnostic. Il est donc à la limite du cynisme de discuter du bien-fondé de cette prévention.

Les femmes en font les frais

Seulement voilà, on en revient toujours au même constat: on a du mal à financer, alors on coupe dans les programmes. Les caisses d'assurance maladie cherchent à compresser les coûts dans un contexte de hausse des primes. Les radiologues ne sont pas prêts à examiner une radio pour 14 francs. Et le débat est l'occasion parfaite d'exprimer sa frustration concernant notre système de santé.

Il est extrêmement regrettable que les femmes fassent les frais de ce règlement de comptes entre les uns et les autres. Parfois, la pression constante sur les coûts semble évacuer toute forme de bon sens. Le dépistage atteint toutes les femmes, indépendamment de leur milieu social ou de leurs moyens. Les caisses d'assurance maladie et les cantons prennent la quasi-totalité des campagnes à leur charge.

Logiquement, des patientes en meilleure santé ont moins besoin de thérapies coûteuses. Elles ont par conséquent moins à débourser, et les assurances et les caisses publiques en profitent au passage. D'un point de vue économique, les avantages d'une population active en bonne santé l'emportent haut la main.

Cercle vicieux

Mais c'est un cercle vicieux: en Suisse, l'assurance maladie paie... en cas de maladie. Le financement de la prévention et de la promotion de la santé constitue, lui, un énorme frein. La dernière tentative de créer une loi nationale sur la prévention a échoué au Parlement il y a plus de dix ans. Voilà pourquoi on continue indéfiniment à se demander qui doit payer les efforts pour réduire le diabète, l'obésité ou le cancer et tout ce que ces maladies engendrent.

Dans le cas de la mammographie, cette question se pose avec d'autant plus d'acuité qu'il existe des différences cantonales: les Appenzelloises ont davantage de chances d'être traitées grâce au dépistage précoce du cancer du sein que les Obwaldiennes. Des études montrent que, sans examen préventif, la taille de la tumeur et le développement de métastases sont plus avancés au moment du diagnostic. Rien ne peut justifier cette injustice. Il faut la corriger.

La mammographie prend alors la valeur d'un test:

Parviendrons-nous, dans un système de santé libéral, à garantir à toutes les femmes l'égalité d'accès aux soins de santé élémentaires?

La solution est entre nos mains. Dans le fond, tout le monde voudrait qu'on poursuive le dépistage. Les caisses maladie, les cantons et les praticiens doivent s'entendre. Au nom de la santé des femmes.

(Traduit et adapté par Valentine Zenker)

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