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Analyse

Les Suisses ont changé leur manière de boire de l'alcool

Die Teilnehmer des internationalen Guttempler-Jugendseminars, das in Gwatt am Thunersee stattgefunden hat, ziehen mit Transparenten durch Thun und wollen auf das wachsende Alkoholproblem aufmerksam ma ...
«L'alcool - la drogue n° 1» - aucun autre produit de consommation n'a été aussi fortement contesté que l'alcool dans l'histoire de la démocratie en Suisse, ici à Thoune en 1972.Image: PHOTOPRESS-ARCHIV
Analyse

Les Suisses ont changé leur manière de boire de l'alcool

Oui aux apéros, non à la gueule de bois: les boissons sans alcool sont en plein essor dans notre pays. L'alcool devient-il démodé? On démêle le vrai du faux.
27.08.2023, 16:3028.08.2023, 09:14
Chantal Stäubli
Chantal Stäubli
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Un virgin mojito au lieu d'un mojito alcoolisé, une session sport au lieu d'une session de bière, dormir au lieu de faire la fête: les préceptes du bien-être sont à la mode dans notre société, alimentés (aussi) par les réseaux sociaux. De nombreuses études le confirment. Or la consommation d’alcool échappe souvent à ces analyses.

Une chose est sûre: les boissons sans alcool poussent comme des champignons. Ce phénomène s'observe également pour les produits de substitution végétaliens, qui sont présentés et perçus comme sains. Pourtant, la demande de produits d'origine animale ne diminue pas.

Qu'en est-il donc de la consommation d'alcool? Les boissons sans alcool servent-elles réellement de substitut ou ces alternatives sont-elles simplement consommées en plus ?

Une personne sur cinq en Suisse consomme trop d'alcool.
Une personne sur cinq en Suisse consomme trop d'alcool.Image: Shutterstock

Depuis le début des années 2000, la consommation d'alcool par habitant ne cesse de diminuer en Suisse. Pourtant, une personne sur cinq en Suisse boit trop. Une personne sur vingt a une consommation chronique à risque, ce qui est lié à un risque moyen à élevé pour la santé.

En Suisse, environ 250 000 personnes souffrent d'une dépendance à l'alcool.

Regine Rust, directrice de la Fondation Aide Addiction explique:

«La société est de plus en plus consciente de l'importance de la santé, les gens sont de plus en plus informés grâce à la digitalisation et peuvent diffuser leurs connaissances plus rapidement. Cela se ressent aussi dans la consommation d'alcool».

Les jeunes, en particulier, se préoccuperaient davantage du sujet: une consommation d'alcool plus consciente va de pair avec l'optimisation de soi.

«Comment est-ce que je prends soin de mon corps? Comment puis-je être plus performant? Comment puis-je réduire les calories? - Des questions comme celles-ci ont pris de plus en plus d'importance».

Regine Rust observe depuis longtemps le phénomène d'une consommation d'alcool plus consciente. La tendance chez les jeunes s'était déjà dessinée en 2010, après une augmentation des intoxications alcooliques aiguës chez les adolescents.

En 2010, selon l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), 27 000 personnes ont été traitées dans un hôpital suisse suite à une intoxication alcoolique. En 2022, le nombre d'hospitalisations a presque doublé: 53 000 personnes se sont retrouvées à l'hôpital en raison d'une consommation excessive. Une tendance à la hausse.

«Quand on boit, on appuie vraiment sur l'accélérateur»
Regine Rust

On voit donc que, parallèlement à cette tendance de consommation plus consciente, l'excès d'alcool s'est aussi renforcé.

«L'objectif de certains jeunes est d'être très fortement alcoolisés. Ils boivent alors tellement, c'est inimaginable»

Performance et consommation

L'alcool est le sujet principal des centres de consultation en matière de toxicomanie, devant toutes les autres substances psychoactives. La pression élevée de la société en matière de performance renforce aujourd'hui la consommation d'alcool à risque, explique Sven Anders, directeur du Centre zurichois de prévention de l'abus de substances addictives (ZFPS).

Mais la consommation excessive ne concerne pas seulement les jeunes. Pour les personnes plus âgées, la consommation abusive représente une possibilité de faire face à des changements de conditions de vie difficiles, par exemple après la retraite ou la perte d'un partenaire ou d'un ami.

Selon l'OFSP, environ 5% de la population a une consommation chronique à risque, en sachant que les femmes boivent plus de deux verres standard par jour et les hommes plus de quatre. Cette tendance n'a pas changé depuis 2018.
Teenagers drink a bootle of green vodka and a bottle of vodka-Red Bull at the meeting point in the main railroad station in Zurich, Switzerland, pictured on May 17, 2008. (KEYSTONE/Gaetan Bally)

Juge ...
Les jeunes mélangent de plus en plus l'alcool avec des médicaments pour en augmenter l'effet.Image: KEYSTONE

Un nouveau phénomène inquiétant se répand de plus en plus parmi les jeunes: l'alcool en combinaison avec des médicaments. L'expérimentation se fait souvent avec des antitussifs à base de codéine comme le Bexin, ainsi qu'avec des somnifères et des tranquillisants délivrés sur ordonnance, notamment des benzodiazépines comme le Xanax et des analgésiques opioïdes comme le Tramal.

Comment les jeunes se procurent-ils si facilement des médicaments sur ordonnance ?

«Les médicaments consommés sont souvent ceux qui se trouvent dans la pharmacie familiale. Mais les jeunes se procurent aussi facilement des médicaments par le biais de fausses ordonnances, d'Internet et du marché noir local»
Sven Anders, directeur du Centre zurichois de prévention de l'abus de substances addictives (ZFPS)

Des conséquences sous-estimées

Souvent, les jeunes ne sont pas conscients des dangers de la consommation mixte. Ils estiment que les médicaments sont sans danger par rapport à d’autres substances illégales. En Suisse, au moins 35 jeunes sont décédés depuis 2018, vraisemblablement parce qu'ils avaient pris des médicaments en combinaison avec de l'alcool. Il ne s'agit là que de cas qui ont été médiatisés. Si de fortes nausées et des vomissements surviennent après l'ingestion, il y a un risque de s'étouffer avec les vomissements, explique Sven Anders. En outre, les effets de la consommation mixte se renforçant, il existe un risque d'arrêt respiratoire entraînant la mort.

«Beaucoup consomment des substances psychoactives pour faire face aux difficultés»
Sven Anders

Selon l'expert en prévention des addictions, ce sont surtout certaines scènes musicales qui exercent une influence: «Les rappeurs en particulier glorifient ou même propagent explicitement la consommation d'alcool en combinaison avec des médicaments». Mais les réseaux sociaux contribuent également à la popularité de la consommation mixte et de l’ivresse.

Cette évolution serait liée à l'augmentation des problèmes psychiques chez les jeunes.

«Beaucoup d'entre eux consomment des substances psychoactives comme stratégie pour surmonter les problèmes et les crises et les oublier, du moins pour un court instant»
Sven Anders

Il souligne qu'il y a encore beaucoup trop peu de places de thérapie pour les enfants et les adolescents en difficulté. Et ceux qui noient leurs problèmes dans des substances addictives tombent rapidement dans la dépendance.

«Pendant un moment, beaucoup de jeunes veulent se déconnecter complètement du monde et ne se rendent pas compte à quelle vitesse ils peuvent se retrouver dans une dépendance»
Sven Anders

Dans de nombreux cas, l'alcool est aussi complètement remplacé par d'autres substances psychoactives, explique Regine Rust. Certains jeunes se sentiraient plus sûrs dans leur consommation en consommant des drogues sous forme de comprimés, une substance qui serait «plus pure» - une idée reçue.

Garçons et filles, mêmes problèmes?

Chez les adultes, l'experte constate que l'écart entre les genres se réduit de plus en plus. Autrefois, ce sont surtout les hommes qui buvaient trop. Avec l'émancipation et la pression de la performance actuelle, cela a changé. Ce sont surtout les femmes qui réussissent et qui sont très disciplinées dans leur travail qui ont tendance à devenir dépendantes, explique Regine Rust, directrice de la Fondation Aide Addiction.

D'une manière générale, on sent que les gens réfléchissent davantage à leur consommation d'alcool, qu'ils renoncent parfois délibérément à l'alcool et qu'ils optent de plus en plus pour des boissons sans alcool. La société accepte de mieux en mieux les mocktails et autres. Mais cela ne signifie pas pour autant que les habitudes de consommation se sont améliorées.

Au contraire: elles apparaissent sous un nouveau jour.

Traduit de l'allemand par Anne Castella

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