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Les marges distributeurs de Migros et Coop sont gigantesques

Migros et Coop empochent jusqu'à 113% de marge sur l'alimentaire

La population suisse doit dépenser de plus en plus d'argent pour son alimentation, notamment à cause de l'inflation. Pourtant, en parallèle, Migros et Coop font des marges importantes. La RTS a enquêté.
11.10.2023, 15:5418.01.2024, 15:53
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Une enquête de la RTS pour son émission «A bon entendeur» éclaire les marges des deux géants que sont Migros et Coop.

Tandis que certains agriculteurs voient leur production perdre de la valeur en fonction de la demande, Coop et Migros réalisent des marges très élevées: jusqu'à 110% sur certains produits.

Sur les filets de perche d'élevage, par exemple, Coop vend son produit 88,50 francs alors qu'il l'achète 50 francs au producteur. Cela représente une marge de 38,50 francs (77%). Migros fait même pire avec une marge de 45 francs sur un produit vendu 85 (soit 113%).

Ce système est problématique à deux niveaux:

  1. Pour le consommateur qui devra payer un prix injustement élevé.
  2. Pour le producteur qui écoulera moins de stock puisque moins de consommateurs seront prêts à acheter le produit. A terme, c'est toute la filière qui peut être mise à mal.

Le président de l'Association suisse d'aquaculture David Morard explique ainsi:

«Entre le prix du producteur et le prix de la grande distribution, on a un multiple de deux, donc 100% de marge. Ça met tout simplement en danger la production suisse. 89 francs le kilo de filet de perche c'est élevé, le poisson se vendra difficilement»

Mais la Migros s'en défend: «Nous nous situons à un prix généralement inférieur à notre principal concurrent, mais nous cherchons activement à améliorer notre pricing et pensons aboutir tout prochainement à une solution au profit de la clientèle.»

Coop, de son côté, botte en touche et réplique que les marges estimées sont incorrectes et trop élevées, sans toutefois fournir de chiffre.

Le porte-parole de Migors, Tristan Cerf, tempère les marges de la Migros et déclare à la RTS ceci : «Sur un produit vendu 2 francs, qui est acheté 1 franc au producteur, il y a 1 franc de marge. Dans ce franc, il y a 50 centimes de coûts du magasin (salaires, conditions de travail équitables, électricité, loyers, etc.), 20 centimes de frais de marketing de centrale (par exemple des annonces dans Migros Magazine), 2 centimes de pourcent culturel (…), 4 centimes de programme cumulus, des taxes… à la fin on arrive à 2 centimes de bénéfices.»

«Vous pouvez donc dire que Migros se met 2 centimes dans la poche sur un produit à 2 francs»
Tristan Cerf, Migros

Pour ce qui est des produits bios (plus chers), la marge est trois fois plus importante que celle des produits de l'agriculture conventionnelle. Migros gagne, par exemple 0,43 franc sur un kilo d'oignon classique alors qu'elle empoche 1,60 franc sur la même quantité en bio.

Voici ce qui ressort de l'enquête de la RTS

- Les marges sont trop élevées. En Suisse, les marges des grands distributeurs sont supérieures à celles de leurs homologues européens.
- Les marges sont injustes. Les producteurs sont souvent contraints d'accepter des prix bas de la part des distributeurs, ce qui réduit leurs marges à eux et leurs revenus.
- Les marges sont inflationnistes. En réaction à l'inflation, les distributeurs répercutent leurs marges sur les consommateurs, ce qui contribue à l'inflation.

Coop et Migros se défendent de tout abus et répondent aux critiques que leurs marges sont nécessaires pour couvrir leurs coûts.

Une initiative pour un «observatoire des marges»

La droite, le centre et la gauche s'accordent pour dire qu'il y a un problème et voient ensemble la même solution: un observatoire des marges et des prix. C'est un projet de la conseillère nationale verte genevoise Isabelle Pasquier-Eichenberger qui sera soumis au Parlement lors de la session d'hiver. L'initiative a pour but d'obliger les distributeurs à plus de transparence.

La Fédération romande des consommateurs (associée à cette initiative) abonde dans ce sens:

«Le manque de transparence en général génère une asymétrie de pouvoir. Le seul moyen d'insuffler un peu de transparence, c'est de contraindre ces géants à commencer à jouer le jeu de la transparence. L'alimentation n'est pas composée de biens comme les autres, ce sont des biens nécessaires. Le secret commercial devrait peser un peu moins lourd dans la balance»
Jean Busché, responsable économie à la Fédération romande des consommateurs (FRC)

Le reportage est à voir sur rts.ch: Migros, Coop: enquête sur les marges de la grande distribution

(hun)

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