Une enquête de la RTS pour son émission «A bon entendeur» éclaire les marges des deux géants que sont Migros et Coop.
Tandis que certains agriculteurs voient leur production perdre de la valeur en fonction de la demande, Coop et Migros réalisent des marges très élevées: jusqu'à 110% sur certains produits.
Sur les filets de perche d'élevage, par exemple, Coop vend son produit 88,50 francs alors qu'il l'achète 50 francs au producteur. Cela représente une marge de 38,50 francs (77%). Migros fait même pire avec une marge de 45 francs sur un produit vendu 85 (soit 113%).
Ce système est problématique à deux niveaux:
Le président de l'Association suisse d'aquaculture David Morard explique ainsi:
Mais la Migros s'en défend: «Nous nous situons à un prix généralement inférieur à notre principal concurrent, mais nous cherchons activement à améliorer notre pricing et pensons aboutir tout prochainement à une solution au profit de la clientèle.»
Coop, de son côté, botte en touche et réplique que les marges estimées sont incorrectes et trop élevées, sans toutefois fournir de chiffre.
Le porte-parole de Migors, Tristan Cerf, tempère les marges de la Migros et déclare à la RTS ceci : «Sur un produit vendu 2 francs, qui est acheté 1 franc au producteur, il y a 1 franc de marge. Dans ce franc, il y a 50 centimes de coûts du magasin (salaires, conditions de travail équitables, électricité, loyers, etc.), 20 centimes de frais de marketing de centrale (par exemple des annonces dans Migros Magazine), 2 centimes de pourcent culturel (…), 4 centimes de programme cumulus, des taxes… à la fin on arrive à 2 centimes de bénéfices.»
Pour ce qui est des produits bios (plus chers), la marge est trois fois plus importante que celle des produits de l'agriculture conventionnelle. Migros gagne, par exemple 0,43 franc sur un kilo d'oignon classique alors qu'elle empoche 1,60 franc sur la même quantité en bio.
- Les marges sont trop élevées. En Suisse, les marges des grands distributeurs sont supérieures à celles de leurs homologues européens.
- Les marges sont injustes. Les producteurs sont souvent contraints d'accepter des prix bas de la part des distributeurs, ce qui réduit leurs marges à eux et leurs revenus.
- Les marges sont inflationnistes. En réaction à l'inflation, les distributeurs répercutent leurs marges sur les consommateurs, ce qui contribue à l'inflation.
Coop et Migros se défendent de tout abus et répondent aux critiques que leurs marges sont nécessaires pour couvrir leurs coûts.
La droite, le centre et la gauche s'accordent pour dire qu'il y a un problème et voient ensemble la même solution: un observatoire des marges et des prix. C'est un projet de la conseillère nationale verte genevoise Isabelle Pasquier-Eichenberger qui sera soumis au Parlement lors de la session d'hiver. L'initiative a pour but d'obliger les distributeurs à plus de transparence.
La Fédération romande des consommateurs (associée à cette initiative) abonde dans ce sens:
Le reportage est à voir sur rts.ch: Migros, Coop: enquête sur les marges de la grande distribution
(hun)