Le drame a eu lieu mardi dernier, à proximité d'une place de tir argovienne: le déchargement d'un fusil a touché un soldat de l'armée à la tête. Transportée en urgence à l'hôpital, la jeune recrue de 22 ans décède peu après. Si un accident de tir a été évoqué en premier lieu, la justice militaire a annoncé vendredi que l'hypothèse du suicide était privilégiée.
Dans la foulée de ce drame, nous avons voulu dresser un bilan des recrues décédées sous les drapeaux ces dernières années. A quel genre d'accidents mortels l'armée a-t-elle eu affaire?
Et là, surprise: l'armée suisse ne dispose pas de ces chiffres. L'institution en charge de la défense est incapable de précisément nous indiquer le nombre de recrues décédées en servant le pays. Par exemple, lors d'accidents de tir:
L'institution préfère nous rediriger vers la Suva, l'organisme qui couvre l'entièreté des cas en Suisse. Elle se charge des accidents — y compris mortels — concernant des militaires en service.
Ses chiffres offrent un regard sur les accidents mortels qui ont eu lieu à l'armée ces vingt dernières années, de 2001 à 2022 plus précisément: 63 décès. Ceux-ci concernent les recrues, les soldats de milice en service et les militaires professionnels.
Les accidents de tir mortels sont peu nombreux. En vingt ans, il y en a eu trois. Ils sont à mettre au regard des 20 000 recrues formées chaque année au tir — chiffre fourni ici par l'armée, soit 420 000 soldats durant cette période. Le service sans armes est anecdotique puisqu'il concerne 750 personnes entre 2005 et 2024.
En parallèle, le nombre d'accidents impliquant des armes en général a diminué ces dernières années. Selon les chiffres de la Suva, ils sont en baisse depuis 2015. Les traumas acoustiques sont notamment en forte diminution.
Les derniers incidents de tir avec des blessés ayant été médiatisés ont entre autres eu lieu dans le canton de Saint-Gall en 2023 et de Zurich en 2018 et 2013.
Quant aux autres accidents (39) mortels, ils impliquent principalement des véhicules.
Mais d'autres drames marquants sont à prendre en compte dans ces chiffres. On peut notamment citer les six militaires tués par une avalanche à la Jungfrau en 2007 et la noyade de cinq soldats quand un canot pneumatique a chaviré sur la rivière Kander, en 2008.
La maladie est également présente: 14 militaires sont décédés pour raisons de santé. Il est à noter que dans cette catégorie figurent aussi les arrêts cardiaques lors d'exercices, y compris quelques cas médiatisés de soldats morts durant une marche.
Concernant les suicides, sept cas sont à dénombrer entre 2001 et 2022, dont cinq par arme à feu. Auquel on peut rajouter l'incident tragique de mardi dernier à Bremgarten, si la piste de la justice militaire est confirmée.
Nous avons tout de même voulu connaître quand le dernier accident de tir mortel sur une place d'armes suisse incluant une arme à feu a eu lieu — que ce soit avec un fusil, pistolet, fusil-mitrailleur ou autre. Ni l'armée ni la Suva ne peut nous l'indiquer clairement.
Selon nos recherches, il a eu lieu en janvier 2005. Les faits se sont passés à Saint-Maurice, en Valais, lors d'un cours de répétition de grenadiers, explique Le Temps de l'époque. La Suisse n'a donc pas connu d'accident de tir mortel sur un stand de tir de l'armée depuis bientôt vingt ans.