Un ancien cadre supérieur de l’armée suisse déverse depuis plusieurs mois sa colère contre la ministre de la Défense, Viola Amherd, et le chef de l’armée, Thomas Süssli, sur Instagram. A travers ses publications, Mathias Tüscher oscille entre critiques acerbes et propos diffamatoires.
Ce divisionnaire a «de son plein gré» (selon la version officielle) quitté l’armée fin octobre 2024, après plus de 30 ans de service. Il était alors commandant de la division territoriale 1. Pourtant, son départ n’était pas entièrement volontaire.
En juin dernier, Mathias Tüscher a échoué à un contrôle de sécurité imposé aux fonctionnaires fédéraux et aux militaires. Selon le journal Sonntagsblick, la Chancellerie fédérale, responsable de cette évaluation, a relevé chez lui un «manque d’intégrité» ainsi qu’une «vulnérabilité au chantage», le considérant comme un risque sécuritaire.
Ce renvoi forcé a laissé des traces. Depuis, le Vaudois exprime régulièrement son amertume auprès de ses plus de 5000 abonnés sur Instagram.
Fin de semaine dernière, il a commenté le départ du chef des Forces aériennes, Peter Merz, nommé PDG de Skyguide. Dans une publication, il qualifie Viola Amherd et Thomas Süssli de «couple funeste» et s’interroge: «Y a-t-il encore un pilote dans l’avion?» – une référence probable au Département de la défense (DDPS).
Lorsque l’on a appris que Brigitte Hauser-Süess, proche de Viola Amherd, continuerait à travailler après l’âge légal de la retraite grâce à un contrat spécial, Mathias Tüscher a ironisé: «Je sais où sont passés les salaires qui m’étaient dus».
A plusieurs reprises, Mathias Tüscher a utilisé le hashtag #toutçapour5coquins, laissant entendre qu’un groupe restreint de personnes serait responsable de son éviction. Lorsque l’un de ses abonnés a comparé Viola Amherd à «la Schtroumpfette» et Thomas Süssli à «Gargamel», il a répondu avec un enthousiaste «J’adore!».
Interrogé, Renato Kalbermatten, porte-parole du DDPS, indique que le département est au courant des propos de Mathias Tüscher mais ne les commentera pas.
L’affaire a toutefois pris une tournure politique. Nicolas Kolly, conseiller national UDC, a déposé une interpellation concernant l’exclusion de Mathias Tüscher et d’un autre divisionnaire, Guy Vallat, également recalé au contrôle de sécurité.
En novembre, le Conseil fédéral a répondu que les critères de probité, de fiabilité et de sécurité sont essentiels pour les hauts gradés. Ces derniers ne doivent être ni corruptibles, ni vulnérables au chantage. Une manière de justifier les exclusions de Mathias Tüscher et Guy Vallat.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder