Le leader incontesté est le directeur de Sanitas, Andreas Schönenberger. Selon le dernier rapport de gestion, il touche un salaire annuel de 955 000 francs. Les dirigeants du Groupe Mutuel et de la CSS, Thomas Boyer et Philomena Colatrella, occupent les deuxième et troisième places du classement des patrons de caisses maladie les mieux payés, avec un peu plus de 780 000 francs chacun.
Les chefs des autres grandes caisses maladie sont également rémunérés à plus d'un demi-million de francs - et gagnent donc plus qu'un conseiller fédéral, même si la comparaison n'est pas pertinente, car les membres du gouvernement reçoivent une rente à vie en plus de leur salaire.
Pour Baptiste Hurni en tout cas, c'est trop. Il qualifie les salaires des directeurs de caisses maladie d'«insupportables», d'«indécents» - surtout au vu de la douloureuse augmentation des primes d'assurance maladie. C'est pourquoi le conseiller aux Etats socialiste neuchâtelois veut maintenant plafonner les salaires des directeurs de caisses.
Ou plutôt, faire en sorte que le Conseil fédéral soit obligé de le faire. A ses yeux, le gouvernement doit appliquer le barème des salaires des employés de la Confédération. Selon cette liste, les hauts fonctionnaires les mieux payés gagnent un peu plus de 400 000 francs par an.
La limitation de la rémunération ne s'appliquerait toutefois qu'aux directeurs des assurances de base obligatoires. Ainsi, le salaire total des dirigeants de la caisse ne devrait pas baisser de manière significative grâce à la contribution de l'assurance complémentaire. Malgré tout, les deux commissions de la santé du Parlement ont approuvé le projet initié par Baptiste Hurni.
Une certaine satisfaction est garantie. Mais un plafonnement des salaires réduira-t-il aussi la charge des primes? Pas vraiment, comme le montrent nos calculs sur la base des chiffres de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Même si tous les membres de la direction de toutes les caisses maladie travaillaient pro bono pour l'assurance de base, les primes - calculées sur la base des chiffres de 2022 - ne devraient baisser que de 2,62 francs par an et par payeur de primes. Soit d'à peine 22 centimes par mois.
Les mêmes calculs et comparaisons entre les primes, les frais administratifs et les salaires peuvent être faits pour les indemnités nettement plus basses versées aux membres des conseils d'administration. Si tous les membres des organes stratégiques renonçaient à une indemnisation pour leur travail en faveur de l'assurance de base obligatoire, les payeurs de primes économiseraient tout juste 55 centimes par an, soit à peine 5 centimes par mois.
La charge des primes de l'assurance de base obligatoire pourrait donc être réduite de près de 27 centimes par mois et par personne. Le plafonnement des salaires proposé, qui ne supprime pas totalement les rémunérations, mais les réduit seulement, aurait un effet encore moins sensible.
Il s'agit en fin de compte d'une politique symbolique. Baptiste Hurni le conteste, même s'il admet que l'impact sur les primes n'est pas très important. Il souligne également «l'aspect moral».
Il fait notamment référence à l'affaire des abonnements de ski des conseillers fédéraux, qui avait indigné la population. Et ce, même si les quelques milliers de francs dépensés pour les abonnements de ski des conseillers fédéraux n'avaient pas vraiment pesé dans la balance sur un budget fédéral d'environ 80 milliards de francs.
Mais l'élu socialiste a bien conscience que ce n'est pas cette seule mesure qui pourra freiner la hausse des primes:
Le PS promeut avant tout la caisse unique. Pourtant, les frais administratifs des caisses maladie représentent en moyenne environ 5% du volume total des primes, comme le montrent les chiffres de l'OFSP pour l'année 2023. Ou 193 francs par personne assurée et par an - soit 16 francs par mois. Les partisans et les adversaires d'une grande caisse publique se disputent pour savoir de combien ce montant pourrait être réduit par la création d'une caisse unique. Mais les frais administratifs ne disparaîtront pas complètement.
Il existe toutefois de grandes différences entre les caisses en ce qui concerne les frais administratifs. Avec 225 francs par an et par assuré, ils sont plus élevés que la moyenne chez Sanitas, la championne des salaires. Au Groupe Mutuel, ils sont de 226 francs. La troisième caisse sur le podium des salaires travaille de manière plus efficace: chez CSS, les frais administratifs moyens dans l'assurance de base sont relativement modestes avec 154 francs.
Traduit et adapté par Chiara Lecca