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Skyguide Genève: «C'est une panne embarrassante et historique»

Le patron de Skyguide: «C'est une panne embarrassante et historique»

Mercredi matin, c'est tout l'espace aérien suisse qui a été fermé. Alex Bristol, le directeur général de la navigation aérienne chez Skyguide, s'explique sur la cause de la panne, sur les annulations de vols, sur les dédommagements pour les passagers.
15.06.2022, 18:4815.06.2022, 19:07
Benjamin Weinmann / ch media
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Que s'est-il passé au juste?
Alex Bristol: Nous ne le savons pas encore exactement. Nous sommes toujours en train d'étudier la cause de la panne. Pour faire simple, un commutateur réseau permettant d'envoyer des données d'un ordinateur à un autre n'a pas fonctionné. Un second commutateur réseau, dont le rôle est de remplir cette fonction en cas de défaillance du premier, n'a pas détecté le dysfonctionnement et n'a pas pris le relais.

Der CEO von Skyguide, Alex Bristol, anlaesslich eines Medienevente zum 100-jaehrigen Bestehen der Schweizer Flugsicherung am Donnerstag, 12. Mai 2022 auf dem Militaer-Flugplatz in Meiringen. Der beste ...
Le directeur général de Skyguide, Alex Bristol.Bild: keystone

Dans l'aviation, la redondance est très importante. Par exemple, si un avion a une panne de moteur, il doit pouvoir continuer à voler avec un seul. Ce n'est manifestement pas le cas chez Skyguide.
En général, c'est le cas. Et nos contrôleurs aériens savent exactement ce qu'il faut faire lorsque des données disparaissent comme aujourd'hui. Et encore une fois, nous avons bien des redondances dans le système. Seulement, dans ce cas, l'une d'entre elles n'a pas fonctionné. Nous devons maintenant en connaître la raison le plus rapidement possible. Mais nous pouvons exclure à 99,9% une cyber-attaque.

Cette panne est tout simplement embarrassante.
Bien sûr que cette panne est embarrassante, comme toute autre grosse panne.

«Mais je tiens à le souligner: le contrôle aérien suisse est en soi toujours sûr et fiable. Aujourd'hui aussi, il était sûr, mais malheureusement, pour une fois, il n'a pas été fiable»
Alex Bristol

A quelle heure vous êtes-vous levé ce matin?
J'ai été réveillé par SMS à 3h41 et je me suis rapidement senti très éveillé, comme vous pouvez vous en douter. Je me suis ensuite rendu de Fribourg à Genève à notre centrale et à 4h20, notre cellule de crise a été convoquée. Mais ce n'est évidemment rien en comparaison de la colère et des désagréments auxquels les passagers concernés ont été confrontés. Nous tenons à leur présenter nos excuses les plus sincères pour cette panne.

Pourquoi l'armée n'a-t-elle pas pris le relais?

Le contrôle aérien de l'armée suisse n'a pas été touché. Pourquoi ce système n'a-t-il pas pu prendre le relais?
Si la situation avait présenté un risque pour la sécurité, le système de l'armée aurait pu prendre le relais. Et même si la panne avait duré deux ou trois heures de plus, nous aurions probablement demandé l'aide de l'armée. Mais notre priorité était de remettre notre propre système en état le plus rapidement possible afin d'assurer autant que possible un retour à la normale dans la journée.

L'espace aérien suisse a été fermé pendant plusieurs heures, de 4 heures à 8h30. Vous auriez pu frapper plus tôt à la porte de l'armée, non?
Ce n'est pas si simple, car nous avons un système pour lequel les gens de l'armée ne sont pas préparés.

Vous travaillez dans le secteur de l'aviation depuis de nombreuses années. Avez-vous déjà vécu quelque chose de semblable?
Lorsque je travaillais en Grande-Bretagne, il y avait aussi des pannes, mais pour d'autres raisons. Mais en Suisse, je n'ai jamais vu une telle panne, avec fermeture de l'espace aérien à l'échelle nationale. C'est historique.

Ce cas ne montre-t-il pas qu'il faudrait une surveillance aérienne européenne uniforme, ou du moins une coopération plus étroite, de sorte que l'Allemagne, par exemple, pourrait apporter son aide?
Si la panne avait duré plus d'un jour, nous aurions très certainement demandé de l'aide aux pays voisins et à leurs entreprises de contrôle aérien. Mais là aussi, il y a des questions en suspens, par exemple dans quelle mesure le contact radio avec les pilotes fonctionnerait. En Suisse, des tours virtuelles sont prévues pour le contrôle aérien, de sorte que dans deux ou trois ans, les recouvrements de nos centres de Genève et de Dübendorf seront obsolètes. Et dans quatre à cinq ans, nos pays voisins devraient également être au même niveau. De telles situations devraient alors pouvoir être évitées.

Et comment vous assurez-vous immédiatement que cela ne se reproduise plus?
Nous allons maintenant mettre toute notre énergie à comprendre et à analyser ce qui s'est passé et à nous y consacrer jour et nuit.

«Notre objectif est de savoir exactement ce qui s'est produit dans les prochaines 24 heures afin de pouvoir prendre les mesures qui s'imposent»

Le Conseil fédéral vous met-il la pression?
J'ai été en contact avec les secrétaires généraux des départements des transports et de la défense. Leurs cheffes, Madame Sommaruga et Madame Amherd, sont bien sûr maintenues informées.

Dans quelle mesure les avions en vol ont-ils pu être déroutés vers d'autres aéroports?
La plupart des avions ont atterri sur sur des aéroports aussi proches que possible, comme Munich, Milan et Lyon, et bien sûr à l'Euroairport de Bâle, dont le contrôle aérien est géré depuis la France. Nous avons eu de la chance dans notre malheur, dans la mesure où nous avons fermé l'espace aérien peu avant 4 heures du matin, c'est-à-dire avant même que les premiers avions ne décollent et n'atterrissent à Genève et à Zurich. Si la fermeture n'était intervenue qu'à 7 heures, les répercussions sur les plans de vol auraient été bien plus importantes.

Et combien de vols au total ont dû être déroutés?
Nous n'avons pas de vue d'ensemble. Mais je peux dire qu'il n'y a pas eu de situations dangereuses. La sécurité n'a jamais été remise en question.

Qui va payer la facture?

Les dommages devraient se chiffrer en millions de francs pour Swiss et consorts. Skyguide prendra-t-elle en charge financièrement les dommages?
Non. La loi en Europe est faite de telle sorte que les compagnies aériennes doivent dédommager elles-mêmes les passagers. En légiférant, l'UE voulait s'assurer que les autorités de contrôle aérien se prononcent toujours en faveur de la sécurité et que le processus de décision ne soit pas influencé par des aspects financiers. Ainsi, le préjudice financier reste à la charge des compagnies aériennes. D'autre part, nous subissons également des pertes, car nos recettes dépendent directement du nombre de vols contrôlés.

Combien de temps faudra-t-il avant que tout redevienne normal?
Nous espérons que tout sera redevenu normal jeudi matin. Mais aujourd'hui, il faudra certainement compter encore avec des retards dans les plans de vol.

Selon quels critères avez-vous décidé quelles compagnies aériennes pouvaient redécoller en premier?
En premier lieu, selon le plan de vol, mais ensuite de manière très pragmatique. En effet, Swiss avait annulé un nombre de vols supérieur à la moyenne à Zurich. Elle voulait se concentrer sur les vols de midi et de l'après-midi afin de pouvoir notamment assurer ses vols long-courriers vers les Etats-Unis.

Une grande nervosité règne depuis des mois dans les compagnies aériennes. En cause, la pénurie de personnel, qui les oblige à annuler des vols. Un été chaotique est-il à craindre?
Je ne peux pas le dire. Notre tâche est de garantir que les compagnies aériennes puissent décoller et atterrir et qu'une telle panne ne se reproduise pas. C'est ce que l'on attend de nous, à juste titre. Actuellement, nous avons suffisamment de contrôleurs aériens jusqu'à l'été 2023. Mais après cette date, il y aura un vide, et nous risquons, comme dans toute l'Europe, de manquer de personnel dans le domaine du contrôle aérien. (aargauerzeitung.ch/traduction: amn)

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