En ce moment, pendant les vacances d'été, de nombreuses personnes se trouvent à 10 000 mètres d'altitude - voire au-dessus. C'est à ces altitudes que volent les avions de ligne.
Ce qui ne pose aucun problème avec la propulsion au kérosène reste inégalé avec les énergies renouvelables. Aucun avion solaire n'a encore franchi le seuil des 10 000 mètres. Cela devrait changer cet été, espère Raphaël Domjan. Et ce, depuis la Suisse. Le pionnier neuchâtelois du solaire se prépare actuellement à l'aéroport de Sion à une tentative de record du monde. C'est également là que se trouve son Solarstratos: un petit avion électrique de près de 25 mètres d'envergure avec 22 mètres carrés de cellules photovoltaïques sur les ailes.
A bord de l'engin, Raphaël Domjan entend bientôt voler plus de deux fois plus haut que le plus haut sommet des Alpes, le Mont-Blanc. L'homme de 52 ans voit cela comme un engagement pour la protection du climat:
Raphaël Domjan pense que la décarbonisation dans l'aviation est plus difficile que dans tout autre domaine. En même temps, l'aviation représente un rêve primaire de l'homme. Y renoncer complètement ne mènerait pas au but. Car ce n'est pas avec des interdictions que l'on peut convaincre les gens de changer le climat, affirme cet homme de 52 ans.
La semaine dernière, l'aventurier a effectué un premier vol d'essai depuis Sion, d'autres suivront ces jours-ci. Le pilote teste les conditions alpines. La météo se charge de fixer le jour où la tentative de record pourra avoir lieu. Il n'y a pas encore de date - notamment parce qu'il manque le feu vert de l'Office fédéral de l'aviation civile (OFAC).
Interrogé à ce sujet, l'OFAC a déclaré que l'avion avait certes reçu une autorisation de vol, mais que les responsables devaient d'abord répondre à des questions de sécurité concernant le projet concret. Il s'agit notamment de minimiser les risques pour les personnes au sol.
Le pionnier souligne que les Alpes ont été choisies pour que personne ne soit blessé en cas de crash. Il ne survolera pas de zones habitées.
L'expérience comporte des risques. Certes, les cellules solaires fonctionnent mieux à 10 000 mètres d'altitude que sur le toit de n'importe quelle maison, car le rayonnement solaire est plus fort et les températures plus froides. Cependant, l'avion a besoin de beaucoup de temps pour descendre.
Il est équipé d'un parachute. Un deuxième danger réside dans le fait que l'avion de 350 kilos pourrait être mis en vibration par résonance, ce qui pourrait par exemple entraîner la rupture d'une aile.
Le Solarstratos est très léger, même en comparaison avec d'autres avions solaires. Le Solar Impulse 1, avec lequel Bertrand Piccard et André Borschberg ont fait le tour du monde, pesait 2 300 kilos. Il détient le record d'altitude pour un avion solaire avec 9 235 mètres.
Dépasser ce chiffre n'est qu'un objectif intermédiaire pour Raphaël Domjan. Plus tard, le Neuchâtelois veut atteindre la stratosphère à 25 000 mètres dans le cadre du projet Solarstratos. Le projet est budgété à 10 millions de francs. La majeure partie de l'argent provient de sponsors, mais les cantons de Neuchâtel et de Vaud ainsi que quelques villes de Suisse romande soutiennent également le projet.
Dans la stratosphère, les conditions sont plus extrêmes qu'à 10 000 mètres d'altitude. La pression atmosphérique est si faible que les fluides corporels commencent à bouillir sans combinaison de protection. De plus, l'avion devrait voler en pilote automatique, car à cette altitude, l'homme tombe en apnée, comme le souligne le pilote.
L'aventurier ne croit toutefois pas que les avions solaires soient la solution pour le transport de passagers:
En effet, les avancées espérées en matière de batteries n'ont pas eu lieu. Par conséquent, des avions de ligne équipés de cellules solaires seraient beaucoup trop lourds. Raphaël Domjan voit la solution dans l'hydrogène liquide, qui peut être produit avec l'énergie solaire et éolienne. Il fait ses calculs: même si la puissance des batteries est doublée, un avion solaire reste soixante fois plus lourd qu'un avion à hydrogène.
Au début de l'année, Bertrand Piccard a annoncé son intention de faire le tour du monde sans escale à bord d'un avion à hydrogène à partir de 2028. Raphaël Domjan caresse également l'idée de tester cette technologie.
Pour lui, sa tentative actuelle de record est avant tout symbolique:
Et qui sait, la décarbonisation de l'aviation suivra-t-elle ce projet d'exploit.