Avec la vaccination, le secteur aérien espérait une hausse de fréquentation. Près de deux ans après le début de la pandémie, la situation a semblé se détendre en été et en automne de l'année dernière.
Mais c'était sans compter l'apparition d'Omicron. Les voyageurs en provenance d'Afrique du Sud étaient soumis à une quarantaine en Suisse pendant dix jours. Puis de nouveaux pays ont été ajoutés à la liste de quarantaine. Un énorme revers pour le tourisme. Et pour Swiss aussi.
«Ces dernières semaines, les nouvelles réglementations d'entrée en vigueur pour de nombreux pays (régime de quarantaine, test PCR obligatoire) ont entraîné un net recul des nouvelles réservations et, parallèlement, une hausse des annulations», explique la porte-parole de Swiss, Meike Fuhlrott.
La vague Omicron touche aussi très durement la maison mère de Swiss, Lufthansa. Le groupe doit annuler 33 000 vols pour l'horaire d'hiver, comme l'a annoncé récemment le patron de la compagnie aérienne Carsten Spohr dans une interview dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
«En raison de la faible demande, on serait même allé jusqu'à réduire nettement plus de vols en janvier», poursuit Spohr, qui évoque ensuite les vols à vide. «Mais nous devons effectuer ces 18 000 vols inutiles en hiver, uniquement pour garantir nos droits de décollage et d'atterrissage.»
«Dans presque toutes les autres parties du monde, on a trouvé des dérogations qui vont dans le sens de ce climat de pandémie», annonce Spohr. Mais l'UE adopte une politique différente. «Cela nous nuit.»
Spohr se veut critique envers la réglementation des créneaux horaires de l'Union européenne. Cette politique consiste en des «slots», c'est-à-dire des droits de décollage et d'atterrissage. Les compagnies peuvent les acquérir en fonction de leurs destinations. En temps normal, une compagnie aérienne doit utiliser 80% de ses créneaux horaires pour pouvoir les réutiliser dans le plan de vol suivant, selon la politique de l'UE. Si la compagnie aérienne n'atteint pas ce taux, elle perd ses droits et les créneaux sont réattribués.
Au début de la pandémie, l'UE avait suspendu cette règle, car de nombreux avions restaient cloués au sol. Mais depuis début novembre, elle est à nouveau en vigueur, avec une légère adaptation. Pour l'horaire d'hiver, 50% des créneaux horaires doivent à nouveau être utilisés. Pour le prochain plan d'été, il faudra atteindre 64% pour ne pas perdre les droits.
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Pour atteindre les 50%, Lufthansa doit donc effectuer des vols que la compagnie aurait préféré annuler. Selon Spohr, cela concerne 18 000 vols. Swiss est également touchée par cette problématique. La compagnie aérienne ne veut toutefois pas préciser le nombre exact de vols inutiles à watson.
La règle des 50% de l'UE est également critiquée par Swiss. Sa porte-parole déclare: «Il serait plus judicieux, tant sur le plan économique qu'écologique, de répartir la faible demande plutôt que d'effectuer de tels vols afin de garantir des créneaux horaires basés sur les hypothèses trop optimistes de la Commission européenne». «Les vols inutiles ne sont, certes, pas complètement vides», poursuit Fuhlrott. «Mais ils sont maintenus avec un très faible tôt de fréquentation».
Malgré l'opposition de Lufthansa, la Commission européenne maintient sa décision. «Omicron est préoccupant et nous allons surveiller la situation. Mais nous devons éviter les changements soudains et injustifiés», fait savoir un porte-parole du gouvernement à Bruxelles au portail aerotelegraph.com. L'expérience montre que le trafic aérien se rétablit régulièrement malgré l'apparition de nouvelles souches virales.
«Pour prendre sa décision, la Commission a tenu compte des prévisions d'Eurocontrol en matière de trafic aérien et de l'évolution de la situation depuis le début de la pandémie», argumente Bruxelles. Le trafic aérien atteindra cette année à nouveau un niveau de 89% par rapport à 2019. Cela justifie la règle des 50%.
L'objectif de Swiss est de retrouver un niveau similaire à celui d'avant la pandémie. Mi-décembre, la compagnie aérienne a annoncé l'extension de son programme de vols d'été. Des destinations comme Bologne ou Nantes seront désormais desservies. La compagnie aérienne estime être «en mesure de proposer à nouveau environ 80% des capacités de 2019 au cours du troisième trimestre». Cette idée sera uniquement envisageable si les créneaux horaires ne sont pas redistribués entre-temps.
Traduit de l'allemand par Anaïs Rey