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Suisse: l'opposition à l'avortement a des visages de femmes

Comment les opposants à l'avortement se cachent derrière les femmes UDC

En décembre, des opposants à l’avortement ont lancé deux initiatives visant à restreindre davantage le droit à l’interruption de grossesse en Suisse. Les têtes pensantes derrière les deux initiatives se font rares – et envoient des femmes politiques à l’avant. Pourquoi?
29.06.2022, 06:0501.07.2022, 11:05
Chiara Stäheli, Anna Wanner / ch media
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La controverse sur le traitement de l’interruption de grossesse a été ravivée en Suisse par l’arrêt de principe de la Cour suprême des Etats-Unis. Et elle creuse des fossés entre les partis.

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En Suisse, un peu plus de 10 000 grossesses sont interrompues chaque année.Image: KEYSTONE

Alors que les opposants à l’avortement, comme les deux conseillères nationales UDC Yvette Estermann et Andrea Geissbühler, récoltent des signatures pour deux initiatives visant à réduire le nombre d’avortements, leurs collègues de parti se montrent sceptiques quant à des restrictions supplémentaires en matière d’interruption de grossesse.

Ainsi, le chef du groupe parlementaire UDC Thomas Aeschi déclare à Tele Züri qu’il est d’avis que «la solution des délais actuellement en vigueur en Suisse fonctionne bien». Celle-ci permet aux femmes d’avorter légalement jusqu’à la douzième semaine de grossesse. Les coûts sont pris en charge par l’assurance de base.

Camilla Lothe, récemment élue présidente de l’UDC de la ville de Zurich, s’oppose également avec véhémence aux deux initiatives. Elle estime même que l’avortement doit être supprimé de la loi pénale. Il est «inacceptable que les femmes soient dénoncées pour cette décision très personnelle et difficile», selon la politicienne.

Un délai de réflexion avant l'avortement

Yvette Estermann ne se laisse pas déconcerter par les critiques de son propre parti. Elle ne s’étonne pas non plus que l’avortement suscite autant d’émotions. La Lucernoise en est convaincue: «Chaque vie qui peut être sauvée vaut tous les efforts, y compris la collecte de signatures». Ou formulé autrement: chaque femme qui peut être empêchée d’avorter est un succès. Les deux initiatives populaires lancées en décembre dernier doivent y contribuer.

Nationalraetin Yvette Estermann, SVP-LU, spricht waehrend der ausserordentlichen Debatte ueber die "Mo. Fraktion V. Keine Kandidatur f�r den UNO-Sicherheitsrat" bei der Fruehlingssession der ...
Yvette Estermann, conseillère nationale UDC du canton de Lucerne.Image: keystone

L’initiative «Un jour sans lendemain» vise à inscrire dans la loi l'obligation pour les médecins d'accorder aux femmes enceintes au moins un jour de réflexion avant de pratiquer un avortement.

La seconde initiative prévoit qu’aucun avortement ne puisse être pratiqué dans le cas où le bébé serait viable hors du ventre de sa mère au moment de l’interruption de grossesse. Le texte s’oppose donc à la pratique des avortements tardifs, qui ne sont autorisés en Suisse que si la santé de la femme est en danger. Les signatures pour les deux initiatives seront récoltées ensemble «pour des raisons de synergie». Le délai court jusqu’à la mi-juin 2023.

Qui est à l'origine de l'initiative?

Jusque-là, tout va bien. S’il n’y avait pas d’ambiguïté sur les auteurs de l’initiative. Car ni Yvette Estermann – co-présidente de l’initiative pour l’avortement tardif – ni Andrea Geissbühler – co-présidente de l’initiative pour le délai de réflexion – n’ont participé à l’élaboration des textes de l’initiative, comme elles l’ont confirmé sur la base de questions. Les deux conseillères nationales ont été contactées par David Trachsel, président des Jeunes UDC Suisse, avec l’initiative prête à l’emploi et ont été sollicitées pour la coprésidence.

Interrogé, Trachsel ne veut pas dire qui a conçu le contenu de l’initiative. Il n’est pas tenu de répondre à cette question. En fait, l’idée de lancer les deux initiatives populaires devrait venir d’une fondation connue pour son opposition radicale à l’avortement. Ainsi, l’adresse des dons pour les deux initiatives mène à l’association Mamma, dont le président Dominik Müggler est un opposant à l’avortement bien connu.

«Abomination»

Ce Bâlois a déjà lutté sans succès contre l’introduction du régime du délai en 2002 et siège à nouveau dans les deux comités d’initiative. Interrogé, Müggler confirme que son association est «intéressée par l’aboutissement des initiatives» et qu’elle soutient donc la collecte de signatures.

L'association s'oppose à l'avortement en soi, comme on peut le lire sur son site Internet. On y lit par exemple qu'un avortement est un «acte indigne de l'être humain» et une «abomination». Cette position a valu à l'association plusieurs critiques par le passé.

Au fond, il devrait donc surtout s'agir pour les auteurs d'obscurcir leurs opinions radicales. Car cela compliquerait certainement la campagne de votation des partisans si leurs demandes se présentaient comme des projets d'opposants radicaux à l'avortement qui veulent en fait abolir la solution des délais. (aargauerzeitung.ch)

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