Les milieux économiques célèbrent ces jours le premier anniversaire de la chute de Credit Suisse. Le 19 mars 2023, UBS avait avalé sa concurrente pour 3 milliards de francs. La Confédération et la Banque nationale ont accordé des garanties à hauteur de plusieurs milliards. Quatorze ans plus tôt, elles avaient déjà dû sauver l'UBS, qui faisait, elle aussi, figure de «too big to fail» – son crash aurait eu des conséquences négatives pour tout le pays.
Le manque de responsabilité des banquiers dans cette débâcle dérange le conseiller national UDC Thomas Burgherr (AG). Il estime que si une banque d'importance systémique est en déroute et que la Confédération doit la sauver avec de l'argent public, les dirigeants de l'établissement doivent rembourser à la banque la moitié de leurs salaires et de leurs bonus des dix dernières années.
Burgherr a formalisé sa demande pour l'adresser au Parlement. Il s'agit d'éviter à l'avenir des crises telles que celles traversées par Credit Suisse et UBS en augmentant la responsabilité des cadres supérieurs.
Dans son intervention, Burgherr fait des calculs: entre 2007 et 2021, les membres du conseil d'administration et de la direction du groupe Credit Suisse se sont partagé 1,6 milliard en bonus et en salaires. Durant la même période, le cours de l'action aurait chuté de 91%.
On est bien loin de la situation des PME, où les entrepreneurs sont responsables de chaque franc investi dans leur affaire. Ils agissent donc avec prudence et responsabilité. Cette éthique commerciale, estime Burgherr, devrait également valoir pour les banques d'importance systémique.
Le Conseil fédéral a rejeté la motion de l'UDC argovien, disant attendre un rapport sur les obligations des dirigeants des marchés financiers. Il ne peut donc pas s'engager avant sur des mesures concrètes, a également justifié Karin Keller-Sutter devant le plénum. Le Conseil national voit, lui, les choses différemment. Il a transmis la motion Burgherr lors de la dernière session de printemps, pratiquement sans débat.
L'objectif du texte n'est pas de désigner des coupables ou de combler le trou financier, a souligné Burgherr lors du bref débat sous la Coupole. Mais en redéfinissant leur rôle, il faut inciter les cadres supérieurs à éviter les crises, sans quoi c'est leur propre argent qu'ils perdraient aussi. Ce sens des responsabilités fait manifestement défaut pour l'heure:
Au Conseil national, 120 membres ont approuvé la motion, 55 l'ont rejetée et 18 parlementaires se sont abstenus. C'est chez les libéraux-radicaux que le texte a eu le plus de mal à passer, puisqu'ils l'ont rejeté en bloc. Au sein du Parti évangélique, le Zurichois Philipp Kutter a voté pour, Andreas Meier a voté contre et Maya Bally s'est abstenue.
La conseillère nationale verte d'Aarau, Irène Kälin, a fait de même. Les autres Argoviens sont d'avis, comme Burgherr, que les cadres des banques doivent assumer davantage de responsabilités. Le Conseil des Etats se penchera prochainement sur cette question.
(Traduit et adapté de l'allemand par Valentine Zenker)