«UBS et la Suisse, un an et demi après le rachat de Credit Suisse, le grand amour n'est toujours pas au rendez-vous», écrivait CH Media la semaine dernière après un événement important pour les clients et les investisseurs de la grande banque au château de Wolfsberg à Ermatingen, en Thurgovie.
La confirmation a suivi presque immédiatement. Une «enquête éclair» menée en août par l'association industrielle Swissmem auprès de ses membres montre que la situation s'est dégradée: près d'un quart des entreprises interrogées indiquent que les conditions commerciales se sont détériorées au cours des derniers mois. Il s'agit principalement des conditions de crédit.
La détérioration a été telle que deux tiers des entreprises souhaitent désormais abandonner entièrement ou partiellement leur relation commerciale avec UBS. Beaucoup restent auprès de la banque uniquement par manque d'alternatives, bien qu'ils souhaiteraient changer.
Selon une analyse de la Commission de la concurrence, UBS détient environ 40% de parts de marché dans le secteur des entreprises en Suisse, avec une présence encore plus élevée dans les industries de la machine, de l'électro et du métal. En effet, seulement 19% des entreprises interrogées ont indiqué qu'elles n'avaient pas de relation commerciale avec UBS ni avec CS. UBS se retrouve donc rapidement accusée d'abuser de son pouvoir de marché dans ce contexte.
Jean-Philippe Kohl, vice-directeur de Swissmem, parle d'une «évolution inquiétante». L'association avait déjà interrogé ses membres en octobre 2023 sur leurs relations avec UBS après le rachat de Credit Suisse. A l'époque, seuls 9% avaient signalé une détérioration des conditions, mais 36% l'avaient jugée probable. Le constat actuel donne donc raison aux prévisions qui avaient été formulées à l'époque.
Une porte-parole d'UBS indique à CH Media que l'ajustement des conditions de crédit reflète les «changements massifs dans l'environnement économique», faisant référence à l'augmentation des taux directeurs en Suisse et à l'étranger depuis mars 2022. Cependant, le vice-président de Swissmem, en se référant aux discussions de la récente enquête au sein du conseil d'administration de Swissmem, déclare:
Le conseil de Swissmem n'est pas un salon de thé pour fonctionnaires retraités. Ce comité est composé presque exclusivement d'entrepreneurs et de représentants d'entreprises au plus haut niveau de direction. Le président de Swissmem, Martin Hirzel, a déclaré ce week-end à la NZZ am Sonntag à propos de l'UBS:
Depuis des années, l'industrie se bat avec un succès impressionnant contre des conditions économiques difficiles. Depuis l'introduction de l'euro, le cours du franc pondéré par les échanges commerciaux s'est apprécié de près de 50%. Malgré cela, l'industrie a augmenté ses exportations de biens à peu près dans la même mesure durant la même période.
Cela n'a été possible que parce que l'industrie suisse a pu augmenter sa productivité, c'est-à-dire son chiffre d'affaires par habitant, bien plus que la plupart de ses concurrents dans d'autres pays. Cette performance est le résultat d'une spécialisation inconditionnelle dans les biens de haute technologie. Les entreprises doivent gagner leur succès à la sueur de leur front et presque toujours sans aide publique significative. Il va sans dire que les entreprises industrielles ont tendance à être sceptiques vis-à-vis de leurs banques.
Les générations antérieures se souviennent de l'industrie financière en pleine expansion, qui attirait alors des talents de toutes les régions du pays avec des salaires jusqu'à 50% plus élevés dans les centres financiers de Zurich, Genève ou Bâle. Au cours des 25 dernières années, l'industrie a augmenté sa productivité d'environ un tiers par rapport au secteur des services, y compris par rapport aux banques, comme le montrent diverses études scientifiques.
L'industrie peut donc se permettre d'être plus sûre d'elle. En attendant, UBS fait savoir par l'intermédiaire d'une porte-parole:
Traduit et adapté par Noëline Flippe