Le poulet vendu en Suisse menacerait l'Amazonie
Les Suisses aiment la volaille. Alors que la consommation de viande baisse légèrement depuis une quinzaine d'années, celle de poulet continue d'augmenter. La volaille est actuellement la deuxième viande la plus mangée dans notre pays, après le porc; l'an dernier, chaque Helvète en a avalé, en moyenne, près de 16 kilos.
Or, il se peut qu'une partie de cette viande, achetée et consommée en Suisse, soit directement liée à la destruction de la forêt amazonienne. C'est ce que soutient Greenpeace, en se basant sur deux constats:
- Le Brésil est le «principal fournisseur» de la volaille importée en Suisse: 42% de la viande de poulet et de dinde que notre pays achète à l'étranger provient de là;
- L'une des «principales causes de la déforestation» de l'Amazonie est la culture du soja, lequel est largement utilisé pour l'alimentation des volailles.
L'ONG rappelle qu'entre 2018 et 2023, 14 millions d'hectares de forêt ont été détruits au Brésil, ce qui représente plus de trois fois la superficie de la Suisse. Au cours de la même période, la culture du soja s'est étendue sur 3,6 millions d'hectares, occupant souvent des pans de forêt déboisés illégalement.
Remonter la piste du soja
Greenpeace a donc voulu savoir si ce soja issu de la destruction de la forêt tropicale était utilisé pour nourrir la volaille importée en Suisse. Pour ce faire, elle a mandaté l'organisation AidEnvironment, chargée de retracer l'origine des produits avicoles vendus dans le commerce de détail et de gros helvétique.
Problème: «Les distributeurs ne fournissent pas d'informations transparentes sur l'origine des produits à leur clientèle», déplore l'ONG. Et d'ajouter:
Difficile donc d'affirmer avec certitude que le soja incriminé ait effectivement été utilisé dans les élevages approvisionnant la Suisse. De nombreux indices collectés par Greenpeace suggèrent toutefois que cela puisse être le cas.
«Les silos des producteurs de volaille se situent à proximité d'exploitations productrices de soja coupables de déforestation illégale», détaille l'ONG. Cette «tendance récurrente» indiquerait «un risque avéré» que la viande vendue en Suisse «contribue à la «destruction» des écosystèmes.
Greenpeace accuse les détaillants
Malgré cela, aucun importateur suisse ne classe la volaille comme «matière première critique», note Greenpeace. Même pas ceux ayant pris des mesures contre la déforestation, à l'image de Bell et Micarna, appartenant respectivement à Coop et Migros.
Pour cette raison, l'ONG accuse la grande distribution «d'ignorer les risques» et conclut:
(asi)