Lorsque le prix d'un produit augmente de quelques centimes dans un commerce, la plupart des consommateurs suisses ne le remarquent même pas.
En effet, l'augmentation des prix n'est pas indiquée sur l'étiquette. Et la Coop ou la Migros — parmi d'autres — ne préfèrent évidemment pas pas révéler de combien leurs produits ont augmenté.
Watson a fait l'expérience: nous sommes allés comparer des articles datant de 2021 et d'avril 2023 pour voir si les prix avaient augmenté.
En février 2021, il fallait payer 13,85 francs pour ce petit-déjeuner. Aujourd'hui, il faut débourser 15,40 francs pour exactement les mêmes produits.
Pour l'apéro aussi, vous devrez débourser davantage. En 2021, on dépensait 22,80 francs pour ces achats, mais cette année, il faut payer 24,75 francs.
En 2021, il fallait débourser 17.95 francs pour de simples spaghettis avec de la sauce tomate et un peu de fromage. En mars 2023, cela coûte environ 24.05 francs pour ce même plat.
Pour l'ensemble de nos achats, nous avons dépensé 64,20 francs. Il y a deux ans, nous aurions payé 54,60 francs — soit 9,60 francs de moins.
Cela représente une augmentation de 17,6%.
Sur les 14 produits que nous avons achetés, 13 sont devenus plus chers. Seul le prix du jus d'orange est resté le même. L'huile d'olive extra vierge Don Felipe est particulièrement plus chère. Il y a deux ans, nous aurions payé 9,95 francs pour un litre. Aujourd'hui, nous payons 13,70 francs, soit 3,75 francs de plus.
Les raisons de cette hausse des prix sont nombreuses, à commencer par la hausse du prix des matières premières. Les céréales, le beurre de cacao et le sucre sont désormais plus cher, par exemple.
Mais d'autres facteurs l'expliquent aussi: la pénurie de matériaux d'emballage et l'augmentation des coûts de transport, en raison de la pandémie et de la guerre en Ukraine, par exemple. Ou l'augmentation des coûts de l'énergie.
Le conflit qui déchire actuellement l'Ukraine explique en bonne partie cette hausse des coûts. En effet, l'Ukraine et la Russie sont de gros producteurs d'engrais, ce qui a provoqué une baisse de l'approvisionnement partout en Europe, qui s'est transformé en une augmentation des prix dans les pays européens qui en dépendaient.
De plus, la production d'engrais nécessite aussi beaucoup d'énergie, notamment du... gaz, dont le prix a lui aussi fortement augmenté. Ces renchérissements se retrouvent notamment dans l'augmentation du prix des produits laitiers.
Le changement climatique est une autre explication. Le prix du sucre, par exemple, a notamment augmenté en raison de la mauvaise récolte de betteraves sucrières dans les pays de l'Union européene (UE). Des pertes de récolte ont également été enregistrées chez les producteurs d'huile d'olive en Italie et en Espagne, qui ont souffert d'une chaleur et d'une sécheresse massives.
L'indice des prix à la consommation de Comparis, publié mardi, confirme que les produits de consommation deviennent plus chers. Il révèle que l’inflation a de nouveau augmenté en mars.
L'indice des prix à la consommation de l'Office fédéral de la statistique mesure l'évolution des prix des biens et services importants pour les ménages privés. Comparis, en revanche, ne mesure pas le coût de la vie, mais uniquement celui des biens que les consommateurs achètent régulièrement, ce qu'il nomme «l'inflation ressentie», qui est souvent plus élevée que celle officiellement mesurée. Cela s'explique par le fait que l'être humain perçoit plus consciemment les variations de prix des produits qu'il achète régulièrement.
L'étude montre que ce sont surtout les aliments de base qui sont devenus plus chers. En mars, il fallait payer environ 19,9% de plus pour la margarine, les graisses et huiles alimentaires, 17% pour le sucre, 12,2% pour le beurre et 8,5% pour le lait, le fromage et les œufs.
Les produits alimentaires tels que le beurre, le riz, les légumes frais, les œufs, le lait, les yaourts, le pain et les fruits frais coûtent aujourd'hui entre 8 et 25% de plus.
En Suisse, l'inflation a atteint 2,9% en mars, ce qui est nettement supérieur à l'objectif de 0 à 2% fixé par la Banque nationale. Aux Etats-Unis, en revanche, l'inflation a atteint 5% et dans la zone euro, elle était de 6,9%.
Tout devient plus cher et le salaire reste le même. Cela inquiète de nombreux consommateurs et consommatrices. Le service de presse de Coop a répondu à la demande de watson visant à savoir si les prix des denrées alimentaires allaient continuer à augmenter. Voici leur réponse:
Le détaillant remarque aussi une demande accrue pour les produits Prix garantie. Mais sa propre marque bio est également en croissance.
La demande pour des produits alimentaires bon marché et de qualité ne cesse de croître. Le détaillant Aldi l'observe également. Depuis quelques mois, ils ont le plaisir d'accueillir de plus en plus de nouveaux clients. Il ajoute:
Traduit et adapté par Pauline Langel