«Un univers pop, vivant et expressif qui place la diversité et l’inclusivité au cœur de l’affiche»: comme en témoigne son communiqué, Paléo sait s'adapter à la mode tout en gardant son identité de fête populaire. Mais la nouvelle affiche dévoilée ce 3 novembre par le festival mérite une bien plus grande description. Même si elle peut diviser, peut-être même parce qu'elle peut diviser, justement, comme souvent, l'affiche du Paléo Festival, conçue cette année par Julia Saccardi, nous dit quelque chose; elle prend parti.
Des bouches: ce sont d'abord des individus, représentés par un organe particulier, hautement intime, hautement sensuel, mais aussi hautement visible, hautement social – bref, une partie du corps qui fait le pont entre le privé et le public. Car cette propriété essentielle du visage, la bouche, et en particulier la langue qu'elle renferme, est par excellence le vecteur humain de communication et d'expression. Et ça tombe bien: c'est exactement ce qu'entend être un festival. En plus, la bouche, c'est un peu la chose qu'on a dû cacher pendant des plombes à cause du virus: devant cette invitation à la ressortir de nos tiroirs, on ne va pas tirer la langue!
La bouche, ça sert aussi à manger. Et là encore, on se dit que ce n'est pas pour rien que ces lèvres, ces dents et ces langues se baladent dans le nouveau visuel du mastodonte des festivals suisses. Le Paléo, c'est de la musique («même si l'acoustique elle est mieux à Montreux», comme te dit le premier connard du coin, et les connards ont toujours raison), mais c'est aussi de la nourriture. Pour mes débuts à la plaine de l'Asse, j'avais pu goûter mes premiers insectes. C'est ce dont je me rappelle le mieux. C'étaient d'ailleurs mes premiers derniers insectes, aussi.
Revenons à nos langues: ce sont également des langages. Il y a un effet «tour de Babel» dans cette affiche. Un concert de parlers différents, issus des quatre coins du monde (et déjà de la Suisse), réunis par la musique et le grand air estival. Le choix d'un motif comme la langue, au mot polysémique, est un joli coup en soi. Le français et l'anglais figurent bien sûr en tête des langues représentées dans les chansons entonnées à Nyon (VD), mais les différents genres musicaux représentés sont autant de langages, et celui du rock – et de la pop en général – y est le roi. Une affiche clin d'œil aux Rolling Stones! Yeah🤘
Les bouches et les langues, ce sont enfin, bien sûr, des voix. Celles des stars qui se produiront lors de cette édition, et celles du public, plutôt grand public, plutôt bon public, qui, du coup, chante volontiers. Parler, manger, chanter... et aussi s'embrasser, se mordre et plus si affinités. Ne me dites pas que vous n'y aviez pas pensé! Le point commun de toutes ces joyeuseries? La sensualité. Définitivement, cette affiche sensible a du sens!