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Tsitsipas et ses pauses à l'US Open: pause pipi pour tout le monde

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Pause pipi pour tout le monde

Plutôt que fustiger le mauvais esprit des joueurs qui, comme Djokovic ou Tsitsipas, filent aux toilettes quand l'adversaire devient trop pressant, le tennis gagnerait à généraliser la pratique.
02.09.2021, 16:5702.09.2021, 18:18
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Stefanos Tsitsipas s'est encore absenté longuement et, cette fois, les sifflets de la foule l'ont escorté jusqu'aux toilettes. Le Grec l'a reconnu: Il a profité de prendre une douche, ôter la sueur qui lui collait les paupières et changer de vêtements. Il a fait peau neuve.

C'est un phénomène relativement nouveau dans le tennis que de partir aux toilettes quand l'adversaire, entre autres incommodités, devient trop pressant, ou qu'il vous fait boire le calice jusqu'à la lie. Si d'autres, jadis, préféraient les cabines téléphoniques, Tsitsipas ou Djokovic reviennent transformés des cabinets où, le plus souvent, ils se sont surtout vidés la tête. Ils ne s'en cachent même plus.

Devant la presse, Tsitsipas a soupiré de tout son petit être, et répété avec des airs de Jésus en croix qu'il n'avait «rien fait de mal». Plus encore, qu'il n'avait enfreint aucune règle. Sur ce dernier point, il a raison: «Un joueur peut demander de quitter le court pour une durée raisonnable afin de satisfaire un besoin naturel ou/et pour changer de tenue», stipule le règlement des Grand Chelem, qui autorise deux pauses par match dans les formats en cinq sets.

Reste à définir ce qu'est une durée raisonnable et, en filigrane, la raison qui justifie cette durée. En d'autres termes: La loi et l'esprit de la loi.

Tout le monde s'accorde à conspuer le pauvre Tsitsipas mais beaucoup ont déjà oublié qu'il a perdu la finale de Roland-Garros pour cette même raison (s'il en est), après une longue pause (durée raisonnable?) de Novak Djokovic.

Les anciens disent souvent que ces gars-là sont des tricheurs, des minets de salon VIP, si propres sur eux qu'il faille prendre une douche entre le set. Certains rappellent qu'à l'époque des crocodiles, il y n'avait même pas de banc pour s'asseoir et que la sueur coulait à flot – mais le crocodile a la peau dure.

Sauf que les anciens ne frappaient sans doute pas aussi forts, pendant aussi longtemps, à un niveau d'intensité aussi constant et élevé. Ce n'est pas considérer les tennis(wo)men actuels comme des pauvres choses que de considérer avec tout autant de soin les règlements qui, ces dernières années, les ont obligés à presser le pas:

  • Application stricte de la règle des 25 secondes entre les points, avec désormais une shot clock (compte-à-rebours électronique) dans de nombreux tournois et des sanctions automatiques à partir de la 26e seconde, quelqu'en soit le motif
  • Application stricte de la règle des 60 secondes pour les changements de côté, avec un décompte qui démarre à partir de la fin du point
La fameuse «shot clock».
La fameuse «shot clock».

Puisqu'il s'agit d'appliquer les règles à la lettre, sans tenir compte des circonstances, pourquoi des joueurs comme Djokovic et Tsitsipas iraient-ils leur adosser des principes philosophiques que le tennis a lui-même reniés? En d'autres termes, pourquoi les joueurs devraient-ils tout en même temps appliquer la loi comme l'exigent les autorités, et faire preuve d'esprit comme le voudraient les circonstances?

Comme dans de nombreux domaines de la société, la sur-réglementation du tennis a conduit à une forme de fonctionnariat et de rigidité, puis de déresponsabilisation, en particulier auprès des jeunes qui n'ont jamais vu un crocodile en vrai – et n'en sont guère contrits.

Plutôt que continuer à diviser sa population (lui aussi), le tennis gagnerait à généraliser les pauses pipi et à les encadrer strictement, comme tout le reste. Par exemple, sous la forme d'une pause automatique de sept minutes à partir de la fin du deuxième set, et pour tous les sets suivants. Juste le temps de relancer un joueur, un match et un suspense. Le temps de passer des spots publicitaires, d'appeler sa mère et de reprendre une bière.

Moins de stress inutile. Moins d'agitations entre les sets. Moins de suspicions. Moins d'embrouilles. Partir aux toilettes tranquille et revenir tout beau, tout propre, sous les ovations de la foule ragaillardie.

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