«Le programme F-35 est un échec»: un ancien capitaine des marines dénonce
En Suisse, les discussions autour de l'avion de combat américain F-35 ne cessent de faire des remous. La commande passée par Berne auprès de Washington est ensuite transmise à son constructeur, le groupe américain Lockheed Martin.
Ce dernier a commencé à concevoir le nouvel appareil il y a près de 25 ans, sur mandat du Pentagone. Le premier modèle a été achevé et présenté en 2006. Depuis, l’entreprise n’a cessé de modifier et d’optimiser l’appareil pour fournir à près de vingt pays des chasseurs à la pointe de la technologie. L’ampleur du projet donne la mesure de son ambition – et de son prix. Le programme a déjà englouti 2000 milliards de dollars.
Malgré tout, les critiques restent nombreuses, y compris aux Etat-Unis mêmes. Dans un récent article de Responsible Statecraft, un média lié au think thank dédié à la Défense Quincy Institute, un ancien capitaine des marines qui a servi en Iraq et en Afghanistan, et formule de sévères accusations:
Aujourd’hui directeur de programme au sein du Stimson Center, un think tank indépendant à but non lucratif, Dan Grazier s’appuie sur un rapport du Government Accountability Office, la Cour des comptes américaine, qui détaille les difficultés du projet. D’après ce document, le F-35 n’atteindra jamais les objectifs de performance qu'il s'était fixés.
Qu’est-ce que cela veut dire?
Le problème concerne le «Block 4», un sous-programme censé moderniser l’appareil pour le maintenir compétitif des années après sa mise au point initiale. Mais le fabricant aurait largement dépassé le budget, et le calendrier prévu initialement.
Plutôt que de demander plus de temps et d’argent au Pentagone, les responsables ont simplement déclaré le processus de développement terminé, écrit Dan Grazier. Résultat: les systèmes n’ont pas été véritablement modernisés, seuls leurs noms ont changé pour paraître plus actuels.
Le F-35 ne dispose donc pas des capacités de combat promises au départ. A la place, on aurait préféré parler de «phase de modernisation», une «requalification» des travaux selon Dan Grazer.
C'est cher, bien que dépassé
L’ancien militaire s’en indigne d’autant plus que les contribuables américains financent depuis 20 ans ce qui devait être le chasseur le plus avancé de l’histoire. Lockheed Martin avait justifié la hausse constante des coûts par les mises à niveau prévues. En réalité, l’US Air Force et les clients étrangers se retrouvent avec une technologie onéreuse et déjà obsolète.
19 autres pays ont investi dans le programme, dont la Suisse. Tous pensaient acquérir le meilleur avion de chasse du monde. Selon Dan Grazier, ils ont injecté de l’argent pendant des années pour découvrir aujourd’hui que l’appareil ne sera jamais aussi performant que promis.
Le F-35 ne représente donc pas seulement un fiasco financier pour Washington, il pourrait aussi fragiliser les relations entre les États-Unis et plusieurs de leurs partenaires internationaux.
Traduit de l'allemand par Joel Espi