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Conseil fédéral

La confiance envers le Conseil fédéral est au plus bas

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«Le Conseil fédéral comprend mal les préoccupations des Suisses»

Le codirecteur de l'institut de sondage gfs.bern, Lukas Golder, estime que la confiance envers le gouvernement suisse a grandement diminué.
15.11.2024, 18:46
Benjamin Rosch / ch media
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Lukas Golder, la confiance de la Suisse envers son gouvernement est à un niveau historiquement bas. Pourquoi?
Lukas Golder: Pour moi, le oui à la 13ᵉ rente AVS a marqué un tournant. Depuis, le Conseil fédéral et le Parlement peinent à regagner du terrain dans les sondages. On a l’impression que le Conseil fédéral comprend mal les préoccupations de la population. L’échec de la réforme de la LPP s’inscrit comme la prochaine défaite majeure dans cette série de revers.

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Le politologue Lukas Golder, de l'institut GFS, observe une crise de confiance envers le Conseil fédéral.Image: keystone

En regardant votre graphique, on constate que la baisse de confiance a commencé plus tôt, dès décembre 2021, soit plus ou moins à la fin de la pandémie. Quel impact a eu le Covid?
Ce qui est fascinant, c'est que le Covid a agi comme un élément fédérateur. La population s’est en effet ralliée aux décisions du gouvernement. La gestion de crise a été polarisante, mais beaucoup ont bien noté le gouvernement. Toutefois, avec la fin des mesures, ce soutien a commencé à s’effriter. La concordance telle qu’elle existe aujourd’hui n’a plus l’effet fédérateur de cette période.

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Les gens perçoivent-ils aujourd’hui les mesures Covid différemment?
Non, leur acceptation était et reste élevée. Mais peu après, les intérêts ont de nouveau divergé: le Conseil fédéral a dû sauver Credit Suisse, la situation mondiale est devenue plus incertaine, et la question migratoire a pris de l’ampleur. A cela s’ajoute l’inquiétude pour les assurances sociales. Les mesures d’austérité du Conseil fédéral n'aident pas non plus à le rendre plus populaire.

Existait-il déjà une méfiance envers le Conseil fédéral avant la pandémie?
Je me souviens surtout d’une période: la destitution de Christoph Blocher a provoqué une forte crise de confiance qui a duré longtemps, même après le retour de l’UDC avec deux sièges au Conseil fédéral. Ce dernier n’était plus perçu comme un organe collégial.

A l’époque, le scepticisme gouvernemental était plutôt un phénomène de droite. Et maintenant?
C’est nouveau: nous assistons à une crise de confiance à gauche, accentuée par un Parlement qui semble peu en phase avec l’opinion publique. Les deux initiatives sur les loyers en sont un bon exemple: la mobilisation de la gauche contre ces projets joue un rôle important.

Quel lien y a-t-il entre les initiatives sur les loyers et la 13e rente AVS?
La mobilisation contre les initiatives sur les loyers reflète une partie de la population pour qui le pouvoir d’achat est crucial et qui s’est sentie délaissée dans les discussions sur les retraites. Cette année, le PS est en phase avec la volonté populaire, un phénomène inédit en Suisse.

Et le Centre?
Cela fait également partie de la crise de la concordance: le Centre et le PLR se disputent le pouvoir, ce qui n’inspire pas confiance. Le Conseil fédéral agit moins en tant qu’organe collégial, chaque membre se concentrant sur son département.

Le 24 novembre, la Suisse vote sur quatre projets de loi. Pour les quatre objets, vous constatez une tendance au NON, même si tous ne seront peut-être pas rejetés. Le Conseil fédéral et le Parlement vont-ils se faire sanctionner dans les urnes?
D’une certaine manière, oui. En cas de quadruple défaite, il serait nécessaire de réévaluer la situation. Cependant, il faut préciser que le Conseil fédéral ne défend les initiatives sur les loyers que de manière mitigée, sous la contrainte du Parlement. Un oui reste possible pour tous les projets, surtout grâce à l’engagement des conseillers fédéraux concernés, Albert Rösti et Elisabeth Baume-Schneider, notamment pour l’élargissement des autoroutes et le financement unifié des coûts de la santé.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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source: keystone / jean-christophe bott
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