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Sacs plastiques: Migros et Coop s'opposent à Aldi et Lidl

Sacs en plastique: bientôt leur gratuité, ou leur interdiction?
Alors que la Verte Marionna Schlatter milite pour une interdiction des sacs en plastique polluants, l'UDC Christian Imark mise sur la responsabilité individuelle des individus.Image: Imago / Keystone

Aldi et Lidl s'opposent à Migros et Coop sur les sacs plastiques

Depuis 2016, les sacs plastiques à usage unique sont facturés cinq centimes dans les commerces de détail suisses. Depuis, leur utilisation a chuté de près de 90%. Mais d'ici la fin de l'année, ils pourraient redevenir gratuits, au grand dam des Verts.
12.06.2025, 16:4612.06.2025, 16:46
Ralph Steiner
Ralph Steiner
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Qui ne connaît pas cette situation: sur le chemin du retour après le travail, on s'arrête rapidement pour faire quelques courses. Pas de gros panier, juste quelques ingrédients pour le repas du soir. Un sac en papier serait trop grand, raison pour laquelle on préfère le petit sachet en plastique à usage unique. Alors, on le prend, sans trop y penser.

Une baisse de consommation drastique

C'est ainsi que procédaient beaucoup de consommateurs en Suisse. Du moins, jusqu'à ce que les distributeurs décident, en 2016, de ne plus fournir gratuitement les sachets en plastique et de les faire payer cinq centimes l'unité. Par cet engagement volontaire, pris en accord avec les autorités, ils ont pu éviter l'introduction d'une réglementation légale.

Résultat: en 2024, les consommateurs ont emporté 51 millions de sachets en plastique à usage unique dans les magasins, contre 417 millions en 2016. Ainsi, l'introduction des cinq centimes a entraîné une baisse de la consommation de ces sachets de 88%.

Coop Kasse Saeckli
Les ventes de ces sacs en plastique ont massivement diminué depuis l'introduction de la taxe.Image: keystone

Un retour des sacs en plastique gratuits en vue?

L'accord ne prévoyait pas seulement l'introduction d'une taxe, mais aussi l'obligation de tenir une statistique sur le nombre de sachets distribués, que les détaillants devaient ensuite transmettre à la Confédération. Désormais, la faîtière du commerce de détail, la Swiss Retail Federation, souhaite laisser expirer l'accord sectoriel d'ici la fin de l'année. L'objectif annoncé? Ne plus avoir à tenir de décompte.

Dans un entretien avec le Tages-Anzeiger, la directrice de la Swiss Retail Federation Jenni Dagmar déclare:

«Les objectifs ayant été plus qu'atteints, nous estimons qu'il est tout à fait raisonnable de renoncer désormais au suivi administratif et à la collecte de données sur les sachets plastiques, ainsi qu'aux efforts que cela implique.»
Et vous, les sacs en plastique?
Au total, 339 personnes ont participé à ce sondage.

Jenni Dagmar assure que l'objectif du groupement n'est pas de réintroduire la gratuité pour les sachets plastiques à usage unique ni pour les sacs plastiques réutilisables plus grands, payants depuis 2019. Elle précise que le secteur examinera s'il existe toujours une volonté collective de renoncer à leur distribution gratuite.

Les Verts montent au créneau

Des déclarations qui laissent sceptique la conseillère nationale des Verts Marionna Schlatter. Elle dit comprendre, dans une certaine mesure, la volonté de se prémunir de la charge administrative que représente l'accord pour les détaillants, mais elle rappelle néanmoins:

«Ils y ont consenti avant tout pour éviter une réglementation contraignante»
Marionna Schlatter-Schmid, Nationalraetin GP-ZH, spricht waehrend einer Medienkonferenz zur Lancierung der Kampagne "Nein zu den Kampfjet-Milliarden", am Freitag, 14. August 2020 in  ...
La conseillère nationale des Verts, Marionna Schlatter.Image: keystone

Fait marquant: les deux leaders du marché, Coop et Migros, ne font pas partie de la Swiss Retail Federation, contrairement à d'autres détaillants, tels qu'Aldi, Lidl, Landi, Manor ou Volg. Ils défendent leurs intérêts séparément via la Communauté d'intérêt (CI) du commerce de détail suisse et souhaitent poursuivre l'accord sur les sachets plastiques.

Pour Marionna Schlatter, c'est clair: «Les détaillants veulent dénoncer l'accord parce qu'ils constatent que la pression publique pour réduire le plastique n'est plus aussi forte qu'avant.» Elle insiste sur un point:

«La démarche de l'association montre de manière exemplaire que l'autorégulation du secteur ne fonctionne pas»

Une interdiction totale

Marionna Schlatter milite pour une interdiction totale des sachets plastiques à usage unique:

«Nous avons un immense problème lié au plastique, qu'il faut absolument maîtriser. Une interdiction serait une mesure extrêmement efficace pour lutter à la source contre les dommages environnementaux et autres causés par le plastique.»

La conseillère nationale déposera prochainement une motion réclamant l'interdiction des emballages à usage unique, comme les sachets plastiques. Elle affirme:

«Si le secteur n'y parvient pas, c'est à l'Etat d'intervenir»

Les organisations environnementales réclament, elles aussi, une interdiction totale du plastique à usage unique. Le Tages-Anzeiger cite Greenpeace à cet égard:

«Le microplastique, nocif pour la santé, se trouve dans l'air que nous respirons et dans les aliments que nous consommons. On détecte même du microplastique dans le sang humain, le lait maternel et le cerveau. Swiss Retail ne devrait pas dénoncer l'accord, mais au contraire en étendre le champ d'application à tous les emballages à usage unique.»

Les avis divergent

L'interdiction ne convainc guère le conseiller national Christian Imark (UDC), membre comme Marionna Schlatter de la commission de l'environnement. Il fait appel à la responsabilité individuelle:

«Si l'on tient à la nature, on ne jette pas un sac plastique dans la forêt. C'est une question de valeurs»

A ses yeux, il est dommage que la Suisse doive réglementer toujours plus à cause d'individus qui ne savent pas se comporter correctement.

Christian Imark, SVP-SO, spricht waehrend der Herbstsession der Eidgenoessischen Raete, am Montag, 23. September 2024 im Nationalrat in Bern. (KEYSTONE/Anthony Anex)
Le conseiller national Christian Imark (UDC).Image: keystone

Interrogé au sujet de l'accord sectoriel que Swiss Retail souhaite abandonner d'ici la fin de l'année, Christian Imark répond:

«La tenue de statistiques par les détaillants est un enfer bureaucratique, qui ne profite à personne»

Le fait que les sachets plastiques à usage unique soient payants est agaçant, surtout quand on sait que le secteur public distribue gratuitement des sacs en plastique à grande échelle, déplore l'élu:

«Des sacs à crottes de chien Robidog sont disponibles dans chaque commune suisse. Allez vous promener dans la forêt, il y en a partout»

Une intervention possible du Conseil fédéral

Si l'accord sectoriel entre la Swiss Retail Federation et la CI du commerce de détail venait effectivement à expirer en fin d’année, le Conseil fédéral pourrait intervenir pour résoudre la problématique.

Selon la loi sur la protection de l'environnement, il est en principe possible d'interdire les sachets plastiques à usage unique, et ce, sans nouvelle législation. C'est au Conseil fédéral, et plus précisément à Albert Rösti en tant que chef du Département de l'environnement, de prendre les mesures nécessaires.

Bundesrat Albert Roesti spricht an einer Medienkonferenz ueber die Botschaft zur Aenderung des Schwerverkehrsabgabe-gesetzes (Weiterentwicklung der leistungsabhaengigen Schwerverkehrsabgabe), am Mittw ...
Albert Rösti, en tant que chef du DETEC, serait habilité à prendre des mesures contre les sacs en plastique à usage unique.Image: keystone

Marionna Schlatter doute toutefois fortement que Rösti prenne des initiatives contre les sachets plastiques à usage unique:

«Depuis sa prise de fonction, rien n'avance vraiment en matière de protection du climat, à part le développement des énergies renouvelables. En ce qui concerne la nature et la biodiversité, il n'a jusqu'à présent rien fait.»

Schlatter fait référence aux réglementations plus strictes sur les plastiques au sein de l'UE et estime que «la Suisse doit enfin suivre».

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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