Qui ne connaît pas cette situation: sur le chemin du retour après le travail, on s'arrête rapidement pour faire quelques courses. Pas de gros panier, juste quelques ingrédients pour le repas du soir. Un sac en papier serait trop grand, raison pour laquelle on préfère le petit sachet en plastique à usage unique. Alors, on le prend, sans trop y penser.
C'est ainsi que procédaient beaucoup de consommateurs en Suisse. Du moins, jusqu'à ce que les distributeurs décident, en 2016, de ne plus fournir gratuitement les sachets en plastique et de les faire payer cinq centimes l'unité. Par cet engagement volontaire, pris en accord avec les autorités, ils ont pu éviter l'introduction d'une réglementation légale.
Résultat: en 2024, les consommateurs ont emporté 51 millions de sachets en plastique à usage unique dans les magasins, contre 417 millions en 2016. Ainsi, l'introduction des cinq centimes a entraîné une baisse de la consommation de ces sachets de 88%.
L'accord ne prévoyait pas seulement l'introduction d'une taxe, mais aussi l'obligation de tenir une statistique sur le nombre de sachets distribués, que les détaillants devaient ensuite transmettre à la Confédération. Désormais, la faîtière du commerce de détail, la Swiss Retail Federation, souhaite laisser expirer l'accord sectoriel d'ici la fin de l'année. L'objectif annoncé? Ne plus avoir à tenir de décompte.
Dans un entretien avec le Tages-Anzeiger, la directrice de la Swiss Retail Federation Jenni Dagmar déclare:
Jenni Dagmar assure que l'objectif du groupement n'est pas de réintroduire la gratuité pour les sachets plastiques à usage unique ni pour les sacs plastiques réutilisables plus grands, payants depuis 2019. Elle précise que le secteur examinera s'il existe toujours une volonté collective de renoncer à leur distribution gratuite.
Des déclarations qui laissent sceptique la conseillère nationale des Verts Marionna Schlatter. Elle dit comprendre, dans une certaine mesure, la volonté de se prémunir de la charge administrative que représente l'accord pour les détaillants, mais elle rappelle néanmoins:
Fait marquant: les deux leaders du marché, Coop et Migros, ne font pas partie de la Swiss Retail Federation, contrairement à d'autres détaillants, tels qu'Aldi, Lidl, Landi, Manor ou Volg. Ils défendent leurs intérêts séparément via la Communauté d'intérêt (CI) du commerce de détail suisse et souhaitent poursuivre l'accord sur les sachets plastiques.
Pour Marionna Schlatter, c'est clair: «Les détaillants veulent dénoncer l'accord parce qu'ils constatent que la pression publique pour réduire le plastique n'est plus aussi forte qu'avant.» Elle insiste sur un point:
Marionna Schlatter milite pour une interdiction totale des sachets plastiques à usage unique:
La conseillère nationale déposera prochainement une motion réclamant l'interdiction des emballages à usage unique, comme les sachets plastiques. Elle affirme:
Les organisations environnementales réclament, elles aussi, une interdiction totale du plastique à usage unique. Le Tages-Anzeiger cite Greenpeace à cet égard:
L'interdiction ne convainc guère le conseiller national Christian Imark (UDC), membre comme Marionna Schlatter de la commission de l'environnement. Il fait appel à la responsabilité individuelle:
A ses yeux, il est dommage que la Suisse doive réglementer toujours plus à cause d'individus qui ne savent pas se comporter correctement.
Interrogé au sujet de l'accord sectoriel que Swiss Retail souhaite abandonner d'ici la fin de l'année, Christian Imark répond:
Le fait que les sachets plastiques à usage unique soient payants est agaçant, surtout quand on sait que le secteur public distribue gratuitement des sacs en plastique à grande échelle, déplore l'élu:
Si l'accord sectoriel entre la Swiss Retail Federation et la CI du commerce de détail venait effectivement à expirer en fin d’année, le Conseil fédéral pourrait intervenir pour résoudre la problématique.
Selon la loi sur la protection de l'environnement, il est en principe possible d'interdire les sachets plastiques à usage unique, et ce, sans nouvelle législation. C'est au Conseil fédéral, et plus précisément à Albert Rösti en tant que chef du Département de l'environnement, de prendre les mesures nécessaires.
Marionna Schlatter doute toutefois fortement que Rösti prenne des initiatives contre les sachets plastiques à usage unique:
Schlatter fait référence aux réglementations plus strictes sur les plastiques au sein de l'UE et estime que «la Suisse doit enfin suivre».
Traduit et adapté par Noëline Flippe