Les boutiques «to-go» du géant du commerce de détail Coop sont déjà monnaie courante dans les gares. Avec leurs sandwiches, leurs boissons sucrées et leurs chips, elles répondent aux demandes des pendulaires assoiffés et affamés. Il existe aujourd'hui 22 filiales réparties dans tout le pays. A cela s'ajoutent environ 140 points de restauration sans service dans des bureaux d'entreprises, qui contiennent parfois aussi des réfrigérateurs. Ils sont gérés par l'entreprise de distributeurs automatiques de snacks Selecta.
Les deux entreprises souhaitent désormais pousser le concept to-go encore plus loin. «Nous voulons établir des filiales "Coop to-go" sans service dans des lieux semi-publics», annonce le chef de projet Roland Frefel dans un entretien avec CH Media, l'éditeur de watson.
Ce qu'il entend par là: les coins «to-go» dans les bureaux d'entreprises ne sont accessibles qu'aux employés de ces entreprises. Lorsqu'il est question du secteur semi-public, Coop et Selecta pensent aux universités, aux hautes écoles spécialisées ou aux hôpitaux.
«Nous avons déjà conclu un contrat avec un hôpital cantonal», déclare Frank Keller, directeur de Selecta Suisse. Il ne révèle pas encore de quel hôpital il s'agit. «Nous ouvrirons probablement le magasin au deuxième trimestre». Il ajoute qu'ils sont aussi en contact avec d'autres hôpitaux ainsi qu'avec des hautes écoles.
Ces nouveaux coins de restauration auront deux grandes différences avec les boutiques à emporter telles qu'on les connaît dans les gares: ils seront ouverts 24 heures sur 24 et se passeront de personnel. Les clients pourront scanner eux-mêmes leurs produits à une caisse et les payer par voie électronique.
En outre, l'assortiment sera également adapté en fonction de l'emplacement:
Reste à savoir comment Coop va gérer les vols potentiels. «C'est bien sûr un sujet que nous examinons de près», dit Frefel. «Il est clair que nous installerons des caméras de surveillance et que les clients en seront informés».
Keller estime que le potentiel de chiffre d'affaires est important:
Car la clientèle potentielle comprendrait non seulement le personnel, qui travaille de jour et de nuit, mais aussi les patients et les visiteurs. A titre de comparaison, le chiffre d'affaires des coins à emporter dans des entreprises se situe, selon Keller, entre 30 000 et 200 000 francs par an, selon l'emplacement. «A moyen terme, je peux m'imaginer 10 à 20 magasins dans le secteur semi-public».
On peut toutefois se demander quelles sont les chances de succès. Après tout, le groupe de kiosques Valora a abandonné ses boutiques 24 heures sur 24, toujours sans service, de la marque Avec, tout comme Migros avec ses filiales Migrolino et Voi. Et même le géant américain Amazon a récemment fait marche arrière avec ses filiales de ce type.
«Nous avons bien entendu observé ces évolutions», déclare Frefel, «Mais nous sommes convaincus de notre stratégie». Notamment parce que Coop ne miserait pas sur une technologie aussi coûteuse qu'Amazon. En effet, ce dernier équipe ses magasins de capteurs, de puces et de caméras qui rendent le scannage des produits superflu. Le logiciel du magasin reconnaît ce qui atterrit dans le panier et le débite automatiquement de la carte de crédit enregistrée.
De plus, Coop mise sur son partenaire Selecta pour son expansion. «Notre compétence est la micro-distribution», explique le directeur de Selecta Suisse. En d'autres mots, il s'agit de la livraison de snacks en petites quantités à des distributeurs automatiques ou à des magasins sans personnel.
Certes, certains concurrents ont récemment mis en veilleuse leurs propres projets de magasins en libre-service ouverts 24 heures sur 24. Néanmoins, Coop et Selecta ne sont pas les seuls à avoir des ambitions de ce genre. Migros Zurich exploite actuellement quatre sites de son concept Teo, issu de sa filiale Tegut en Allemagne, qui est un mini-magasin Migros sans personnel, accessible 24 heures sur 24.
Selon ses propres indications, l'entreprise bernoise Rüedu exploite désormais 32 boutiques qui vendent des produits venant de fermes locales en libre-service à Berne et à Zurich. Dernièrement, Rüedu a chiffré à CH Media le potentiel de 50 sites par région. Spar a également lancé son propre concept 24 heures sur 24 sans personnel avec Go24.
Coop teste actuellement l'utilisation de distributeurs automatiques de nourriture extra-larges, accessibles 24 heures sur 24 par carte de crédit. Les distributeurs sont installés depuis quelques mois dans les gares de Soleure, Berne Wankdorf, Ostermundigen et Konolfingen. Sur les étagères, on trouve des produits comme le lait, la viande et le fromage.
Selon Frefel, ce sont surtout les petites gares qui entrent en ligne de compte, car elles ne disposent pas, aujourd'hui, d'un magasin de proximité. L'année dernière, Selecta, partenaire de Coop, a testé un concept similaire, appelé Smart-Fridges, dans quelques gares CFF, avec des sandwichs et des salades fraîches.
L'assortiment était axé sur des produits frais qui ne se conservent pas longtemps: «La situation concurrentielle dans les grandes gares était sans doute trop importante pour cela». A Paris-Gare-de-Lyon et à l'aéroport de Zurich, les smart-fridges sont toutefois un succès, tout comme à l'aéroport d'East Midlands en Angleterre.
L'expansion se poursuit donc. 24 heures sur 24.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci