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Les anti-mesures Covid n'en ont pas fini avec la pandémie

Demonstranten und Polizisten bei einer Kundgebung gegen die Massnahmen zur Eindaemmung des Coronavirus und gegen das Covid-19-Gesetz, am Samstag, 20. November 2021 in Zuerich. (KEYSTONE/Michael Buholz ...
Samedi 20 novembre 2021: les opposants aux mesures sanitaires manifestent à Zurich.Image: KEYSTONE

Les anti-mesures Covid n'en ont pas fini avec la pandémie

Les groupes qui ont lutté contre les restrictions sanitaires en Suisse, tels que les Amis de la Constitution ou Mass-Voll, n'ont pas disparu avec les assouplissements. Engagés sur de nombreux fronts, ils s'attaquent encore et toujours à la gestion de la crise.
28.01.2023, 07:5428.01.2023, 11:39
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Lundi, un médecin de famille a été condamné dans le canton de Lucerne pour infractions à la législation sur les épidémies. Affirmant avoir agi pour des raisons «médicales et éthiques», il n'avait pas fait respecter l'obligation du masque dans son cabinet durant l'hiver 2020/2021, et ne l'avait lui-même pas porté en présence des patients.

Un scénario qui nous ramène d'un coup dans le passé, à l'époque de la pandémie et des mesures restrictives. Alors que celles-ci ont été levées il y a bientôt une année (l'obligation du certificat sanitaire a été supprimée en février 2022, le masque dans les transports en public un mois plus tard), la population semble être passée à autre chose, du moins en bonne partie. De récents sondages montrent en effet que le Covid ne fait plus partie des principales préoccupations des Suisses.

Un avis qui n'est pas partagé par les principaux groupes coronasceptiques. Les Amis de la Constitution, le mouvement Mass-Voll!, les sonneurs de cloches des Freiheitstrychler et l'Aktionsbündnis Urkantone (pour ne citer qu'eux) n'ont pas disparu avec les restrictions contre lesquelles ils se sont battus, bien au contraire.

Nés dans un contexte très précis - les mesures sanitaires adoptées par le gouvernement en 2020 et 2021 - ces mouvements sont-ils parvenus à trouver une autre raison d'être, maintenant que leur cible principale a disparu du quotidien des gens? Et que font-ils maintenant?

Berset (toujours) dans le viseur

Un rapide tour sur leurs sites internet montre que le Covid (et tout ce qui va avec) reste leur fonds de commerce, bien qu'ils s'expriment également sur des sujets actuels. La récente affaire des Covid-leaks en est un exemple. Le mouvement Mass-Voll demande par exemple une «enquête immédiate» sur Alain Berset. Une plainte pénale contre le président de la Confédération a également été déposée, avec les Amis de la Constitution.

Un élément commun est mis en avant dans leur récit: la soi-disant défense de la liberté. «Nous nous sommes toujours considérés comme une organisation de défense des droits civiques», affirme à watson Nicolas Rimoldi, président de Mass-Voll.

Qu'il s'agisse des Amis de la Constitution, de Mass-Voll ou d'Aktionsbündnis Urkantone, ces groupes se posent en «gardiens de la liberté» et des droits des citoyens, comme le déclare Roland Bühlmann, co-président des Amis de la Constitution. «C'est pourquoi nous nous sommes opposés par le passé à la loi fédérale sur les mesures policières de lutte contre le terrorisme, soutenons l'initiative sur l'argent liquide ou observons d'un œil critique le développement et les effets de l'IA», liste-t-il.

Au-delà de cette posture, et bien que ces mouvements affirment avoir leur mot à dire sur les thèmes du moment, c'est encore et surtout le Covid qui occupe leur esprit. Les mesures sanitaires ont beau avoir disparu de notre quotidien depuis des mois, «le certificat peut revenir à tout moment», assure Nicolas Rimoldi.

Corona-Massnahmenkritiker und Praesident von "Mass Voll" Nicolas Rimoldi auf dem Weg ins Luzerner Bezirksgericht, aufgenommen am Freitag, 11. November 2022 in Luzern. Rimoldi muss sich wegen ...
Nicolas Rimoldi, président de Mass-Voll.Image: sda

Troisième référendum contre la Loi Covid

En décembre dernier, le Parlement a décidé de prolonger la Loi Covid jusqu’au 30 juin 2024. «Ces dispositions doivent rester en vigueur étant donné que l’épidémie peut évoluer de manière imprévisible», écrivait le Conseil fédéral. Cette décision concerne, entre autres, le certificat sanitaire, le traçage des contacts et la limitation de l’entrée en Suisse des ressortissants de pays tiers.

Un retour du dispositif sanitaire pour le moins théorique, mais qui énerve les groupes anti-mesures. Le 16 décembre, une «large alliance d’organisations» comprenant Mass-Voll et les Amis de la Constitution a lancé un référendum contre la Loi Covid. Le troisième en trois ans.

La récolte des 50 000 signatures nécessaires avance «dans le cadre de ce qui est attendu», affirme Roland Bühlmann. Et d'ajouter: «Bien sûr, avec la fin des mesures et à cette période de l'année marquée par le froid et les Fêtes, il ne faut pas s'attendre à une participation aussi élevée que lors du précédent référendum».

Interrogé par le Blick alémanique, le spécialiste des campagnes électorales Daniel Graf n'exclut pas que la collecte des signatures puisse être menée à bonne fin. Il estime même «probable» que les Suisses doivent se prononcer sur les mesures Covid une troisième fois. Ce sera probablement le cas en juin.

Mais même si c'était effectivement le cas, qu'est-ce qui ferait changer les choses aujourd'hui? Après tout, les tentatives précédentes se sont soldées par deux échecs dans les urnes. «Avec un peu de recul et sans alarmisme permanent, de nombreuses personnes remettent aujourd'hui en question le bien-fondé des mesures», pense Roland Bühlmann.

La pandémie, c'est pas un peu has been?

Reste à voir si ces arguments parviendront à convaincre la population. Car une question se pose aujourd'hui: et si tout cela n'appartenait finalement pas au passé? «Je comprends tout à fait que de nombreuses personnes souhaitent oublier cette époque terrible», affirme Nicolas Rimoldi. Qui tient à souligner:

«Il est important que ce sujet soit traité afin que nous puissions, en tant que société, en tirer des enseignements et éviter des erreurs à l'avenir»
Nicolas Rimoldi, président de Mass-Voll

Des «erreurs» que, tout comme le président de Mass-Voll, les autres intervenants dénoncent avec véhémence. Le «mépris des droits fondamentaux», «les atteintes à la liberté d'expression» ou «les mensonges du gouvernement» sont notamment mis en avant. Des accusations non avérées et qui n'ont pour l'heure donné lieu à aucune suite.

Nicolas Rimoldi évoque également «les victimes des mesures de coercition», nécessitant à ses yeux «soutien et indemnisation», ainsi que «les personnes souffrant de lésions dues aux vaccins».

Ces dernières restent très minoritaires, du moins selon les données de Swissmedic. L'institut de la Confédération a évalué 16 212 déclarations d’effets indésirables des vaccins Covid: 38,2% sont considérées comme graves, soit quelque 6199 cas sur plus de six millions de personnes vaccinées. Cela correspond à un taux de 0,1%. «Le rapport bénéfice-risque des vaccins utilisés reste globalement positif», commente Swissmedic.

Survivre à la pandémie

Bien que la pandémie occupe encore une place importante dans leur récit, ces groupes affirment finalement avoir réussi à lui survivre. Pour les Amis de la Constitution, qui ont frôlé la dissolution en novembre dernier, cela ne fait aucun doute: «Les mesures prises pendant la pandémie ont été le point de départ de notre mouvement, mais il y a certainement encore beaucoup à faire à l'avenir», affirme Roland Bühlmann.

Nicolas Rimoldi va encore plus loin: «Mass-Voll est plus fort que jamais. Depuis la fin des restrictions, nous avons gagné plus de 1000 nouveaux membres et nous avons développé et professionnalisé nos structures internes».

Le succès des opérations en cours sera finalement mesuré dans les urnes, tout comme l'effective capacité des mouvements anti-mesures à évoluer en dehors du contexte particulier de leur naissance.

La manif anti-pass de Lausanne, en images
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