La pandémie de Covid-19 n'occupe plus qu'une place mineure dans le baromètre des préoccupations des Suisses. Dans une récente étude de Moneyland, le Covid-19 apparaissait au 38e rang des plus grandes préoccupations des Suisses. Bien que des vagues plutôt discrètes continuent de traverser le pays, le Covid a perdu de sa dangerosité, notamment grâce à la vaccination et à l'immunité collective.
Du moins pour la majorité de la population. Car comme le montre la dernière statistique provisoire des causes de décès de l'Office fédéral de la statistique (OFS) pour 2022, 4029 Suisses sont morts du Covid l'année dernière. C'est certes nettement moins que lors des deux premières années de pandémie, mais le virus est toujours la cause principale de plus de 330 décès par mois, selon cette statistique. Ce sont surtout des personnes âgées qui sont mortes du Covid en 2022: 94% avaient plus de 65 ans, 55% avaient même plus de 85 ans.
«Le virus n'a pas simplement cessé de circuler en 2022», explique à watson Huldrych Günthard, médecin-chef de la clinique des maladies infectieuses de l'Hôpital universitaire de Zurich, à propos des derniers chiffres de l'OFS.
Celle-ci est également visible dans les statistiques de l'OFS sur les causes de décès. Ainsi, en juin, juillet et août de l'année dernière, plus de Suisses sont morts du Covid que durant les deux premiers étés de la pandémie. L'infectiologue Günthard met toutefois en garde contre d'éventuelles distorsions:
En effet, les statistiques de l'OFS sur les causes de décès se basent sur des informations figurant sur le certificat de décès rempli par un médecin.
«De nombreuses personnes âgées sont polymorbides», explique Günthard. Cela signifie qu'elles souffrent simultanément de plusieurs maladies.
Au final, il est difficile d'estimer quelle a été la principale cause de la mort de l'individu. Le nombre de décès réels dus au Covid devrait donc être inférieur à celui indiqué dans les statistiques de l'OFS.
Nous voici donc face à un mystère. En Suisse, en 2022, la surmortalité s'élevait à environ 10%. Ce qui signifie que 6600 personnes de plus que prévu sont décédées. Au cours des deux premières années de pandémie, en 2020 et 2021, la surmortalité en Suisse a pu être expliquée en grande partie par les conséquences du coronavirus.
En 2022, cela n'est désormais plus possible. Si le Covid est responsable d'environ 4000 décès supplémentaires, 2600 disparitions restent mystérieuses. «Nous ne pouvons actuellement pas expliquer entièrement la surmortalité élevée en 2022», explique Günthard. «Mais une partie est certainement due au Covid.»
Une théorie actuelle est que le coronavirus provoque des dommages sanitaires plus durables et que des personnes ne sont pas mortes directement du Covid, mais en raison des lésions organiques provoquées par le virus, notamment des maladies cardiovasculaires. «Je n'exclus pas cette possibilité», déclare Günthard à ce sujet. Il ajoute:
Le vaccin Covid n'est pas responsable de la surmortalité élevée en 2022. L'OFS n'a enregistré que six décès en 2022 en raison d'«effets secondaires indésirables lors de l'utilisation des vaccins Covid-19». Ceux-ci sont tragiques, mais ne peuvent pas expliquer la surmortalité observée dans toute la Suisse. Cela coïncide avec l'expérience de Günthard.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)