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Crime

Port du couteau chez les jeunes: «Un problème dans tout le pays»

Meurtre de Berikon: Les filles aussi portent des couteaux sur elles. Port du couteau chez les jeunes: une hausse très inquiétante en Suisse.
Après le choc du meurtre de Berikon, l'heure est au constat: les jeunes (principalement les garçons) sont de plus en plus nombreux à porter régulièrement sur eux une arme blanche. Une tendance inquiétante qui semble s'étendre à tous les cantons. Image: imago

«Un jeune sur 25 se promène avec un couteau en Suisse»

Le meurtre d’une adolescente à Berikon, dans le canton d’Argovie, a choqué. L'arme du crime était un couteau, et beaucoup ignorent encore à quel point les blessures par arme blanche sont graves. Interview avec un criminologue.
18.05.2025, 15:5518.05.2025, 15:55
Bruno Knellwolf / ch media
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Le cas est sans précédent en Suisse: le 11 mai, une jeune fille de 14 ans aurait tué une camarade de 15 ans à Berikon, dans le canton d’Argovie. Ce qui surprend moins, en revanche, c’est l’arme utilisée: un couteau. En effet, les armes blanches sont de plus en plus répandues en Suisse.

En Suisse, les résultats d'une enquête montrent qu'environ un jeune sur sept porte un couteau sur lui occasionnellement. Dirk Baier, criminologue et professeur à la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) et à l'université de Zurich, nous explique:

«Environ un jeune sur 25 se promène avec un couteau régulièrement»

Selon les statistiques criminelles suisses de 2024, trois cas de lésions corporelles graves sont enregistrés chaque jour dans le pays. Dans un quart de ces affaires, un couteau est impliqué. Selon Baier, ce phénomène est largement porté par les garçons:

«Les attaques au couteau ont augmenté: il y a dix ans, on recensait environ dix délits à l’arme blanche par an. Aujourd’hui, on en compte près de cinquante. Cette hausse s’explique probablement par le fait que les couteaux sont plus fréquemment portés sur soi.»

D'une simple bagarre à de graves blessures

Lorsqu’un adolescent porte une arme blanche sur lui, le risque qu’une bagarre dégénère en agression grave augmente considérablement. Les dernières statistiques criminelles de 2024 le montrent bien: pour la troisième année consécutive, les délits de violence graves ont augmenté.

Les garçons portent plus souvent des couteaux sur eux, notamment parce qu'ils cherchent à correspondre à des idéaux de masculinité véhiculés sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, ils se retrouvent plus souvent en groupe dans les espaces publics. Or, dans certaines bandes, cela peut conduire à des comportements d’exclusion des autres, et, dans le pire des cas, à des actes de violence.

Port d'arme blanche: une fille pour quatre garçons

Dans le cas du meurtre de Berikon, c’est une fille qui portait un couteau sur elle. Pour la Suisse, on ne peut pas affirmer que le nombre de filles qui portent des armes blanches sur elles a augmenté. A ce sujet, Dirk Baier précise:

«Je ne pense pas que la différence entre les sexes ait diminué, puisque nous ne constatons pas de variation pour les d'autres types de comportements violents. Le fait est que les adolescentes portent moins souvent des couteaux sur elles.»

Le taux de filles portant souvent des couteaux ne représenterait qu'un quart de celui observé chez les garçons.

Andreas Baier ne pense pas que les filles portent un couteau sur elles pour mimer le comportement de certains garçons. L'écart entre les hommes et les femmes reste très stable à cet égard, selon lui. Il indique en revanche:

«Ce que l’on peut dire, en revanche, c’est que lorsque la propension à la violence augmente chez les garçons, elle tend aussi à augmenter chez les filles»

La provenance de ces armes pousse au questionnement

Difficile de dire précisément d’où proviennent les couteaux que transportent ces jeunes. Baier distingue trois voies d'approvisionnement principales: les cercles d'amis, internet (où l'on peut même acheter des couteaux interdits), et enfin, comme l'indiquent certains cas chez les jeunes, l'étranger.

Les différences régionales en matière de détention de couteaux n'ont pas été étudiées jusqu'à présent. Baier doute qu'il y ait de grandes différences entre les cantons.

«Si l'on peut partir du principe que le port du couteau est devenu une sorte de mode, celle-ci ne s'arrête pas aux zones rurales.»
«Je pense donc que le port du couteau est un problème dans toutes les régions du pays»

Ce qui est sûr, c'est que les attaques au couteau entraînent, sinon la mort, des blessures extrêmement graves. Valentin Neuhaus, spécialiste des blessures au couteau et directeur du service de traumatologie de l'hôpital universitaire de Zurich, en a récemment parlé dans le Tages-Anzeiger. Les blessures par arme blanche sont complexes pour le chirurgien: lors de l'opération, il risque de causer des lésions encore plus importantes. Valentin Neuhaus plaide pour une meilleure sensibilisation des jeunes face au danger que représentent les attaques au couteau.

Traduit de l'allemand par Anne Castella

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Video: youtube
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