Suisse
Cuisine

Il prend la relève d'un resto étoilé: «C'est l'amour»

Les chefs Pierrot Ayer et Victor Moriez au Pérolles à Fribourg.
Les chefs Pierrot Ayer et Victor Moriez au Pérolles à Fribourg.Image: watson

«Croquez la tête»: j'ai testé la relève de la gastronomie romande

Dès février 2026, Victor Moriez prendra les rênes de l'établissement étoilé Le Pérolles, à Fribourg, succédant ainsi au chef Pierrot Ayer après plus de 40 ans de métier. Comment se passe-t-on un tel flambeau? Rencontre.
09.11.2025, 18:0110.11.2025, 18:03

Il faut descendre les marches au numéro 1 du Boulevard de Pérolles à Fribourg pour entrer dans le restaurant étoilé du même nom. L'architecture du lieu, imaginée par le Tessinois Mario Botta, est à la fois sculpturale et chaleureuse.

On vous montre:

Restaurant Le Pérolles à Fribourg.
Le restaurant étoilé Le Pérolles à Fribourg.Image: watson

La cave à vin de taille raisonnable:

Restaurant Le Pérolles à Fribourg.
Je veux la même à la maison.Image: watson

Depuis près de 10 ans, le chef d'origine gruérienne Pierrot Ayer est aux fourneaux de l'établissement de renom. En février 2026, après 40 ans de métier, il laissera les rênes du restaurant gastronomique à son fils Julien et au chef Victor Moriez, qui a notamment travaillé au Valrose à Rougemont et à l'Hôtel de Ville de Crissier.

Plus d'infos:
Un menu hommage à Pierrot Ayer sera proposé du 19 novembre 2025 au 31 janvier 2026 au restaurant Le Pérolles.

Vous restez manger?

«Nous avons fait un gros travail pour assurer la relève», confie Pierrot Ayer. Trente candidats ont été sélectionnés, puis éliminés petit à petit jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que quatre. Chacun a dû présenter un plat. Une étape qui fait indéniablement penser à une épreuve de Top Chef. L'image fait sourire Pierrot Ayer et Victor Moriez:

«Pour choisir un chef, il faut voir sa philosophie, sa stature. Est-ce qu'il collabore bien avec l'équipe? Le plat proposé n'est pas le seul élément décisif»
Pierrot Ayer, chef du restaurant Le Pérolles à Fribourg.

On veut tout de même connaître la proposition de Victor Moriez! Ce dernier explique qu'à l'époque, c'était la période de la cueillette en montagne. Il a donc réalisé un plat autour du veau du Saanenland, son lieu d'origine, et des herbes alliacées (ail, oignon, échalote) qu'il a lui-même cueillies. Une recette gagnante.

Début octobre, il a fait son entrée dans les cuisines de son prédécesseur pour lequel il a «beaucoup d'admiration». Leurs points communs? La passion pour les produits de la région et le fait de se laisser inspirer par ce qui les entoure:

«Je fais deux fois par semaine le marché. J'ai besoin d'avoir le produit en main pour dire ce qui me plaît»
Pierrot Ayer

De son côté, Victor Moriez révèle qu'il pense constamment à la création de ses plats:

«Mes voyages ou les choses que j'ai goûtées me donnent des idées. C'est assez spécial comme gymnastique mentale. Et c'est subjectif»
Victor Moriez

Ressent-il une pression à l'idée de devoir conserver l'étoile Michelin que Pierrot Ayer a depuis 26 ans?

«Je souhaite assurer la pérennité de l'entreprise et la satisfaction des clients. L'étoile est un objectif que je garde en tête et qui viendra avec le travail fourni»
Victor Moriez

Actuellement, Victor Moriez s'imprègne de la culture du Pérolles, aiguille la brigade et échange énormément avec ses collègues. De quelle manière cette fusion se manifeste-t-elle dans l'assiette?

«Pour comprendre, il faut goûter»
Victor Moriez et Pierrot Ayer

Ça tombe bien: il est bientôt midi et Julien Ayer me demande si je reste pour manger. D'accord!

«Vous attrapez le bec et vous croquez»

Pour être dans le feu de l'action, je suis installée à la table du chef. Comprenez: en cuisine! Pierrot Ayer laisse faire la relève, une équipe d'une dizaine de personnes qui oscille entre la vingtaine et la trentaine. C'est donc aux côtés de Frédéric Martot, le chef exécutif, qu'œuvre Victor Moriez. Elément surprenant: l'ambiance est calme, détendue, joviale.

«Les choses ont beaucoup changé ces dernières années. Ce n'est pas parce que nous sommes sérieux que nous ne pouvons pas être humains et bienveillants»
Victor Moriez
Restaurant Le Pérolles à Fribourg.
Victor Moriez (à gauche) et Frédéric Martot (à droite) dressent les plats. Image: watson
Restaurant Le Pérolles à Fribourg.
J'avais dit que j'étais dans le feu de l'action.Image: watson
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Image: watson

Au milieu des odeurs alléchantes et de la chaleur, amuse-bouche, entrées et plat se suivent: champignons enveloppés dans une feuille de chou, râble de lièvre ou encore selle de chevreuil. Un menu chasse auquel Victor Moriez apporte sa touche. Le bouillon de carottes rôties lentement, par exemple, est l'une de ses spécialités. Le bricelet qui l'accompagne est une recette de la grand-mère de Julien Ayer.

Moi, qui crie au chef:

«Je dois tremper quelque chose dans le bouillon?»
«Non», répond en souriant Victor Moriez. «Il faut le boire», répond-il en mimant le geste.
Restaurant Le Pérolles à Fribourg.
Le bricelet farci d'une terrine de faisan, le tartare de cerf et le bouillon de carottes rôties.Image: watson

La bécasse est également un plat imaginé par Victor Moriez. Elle est servie en entier – je le comprends quand Frédéric Martot l'attrape par les pattes pour la préparer.

Je mange ça comment?

«Vous attrapez la bécasse par le bec et vous croquez la tête»
M'explique Victor Moriez. D'accord.

La bécasse:

Restaurant Le Pérolles à Fribourg.
Vous voyez le bec?Image: watson

L'incroyable râble de lièvre:

Restaurant Le Pérolles à Fribourg.
Image: watson

Alors, c'est bon?

Il s'agit de mon premier restaurant étoilé. Verdict? Les plats sont riches, généreux, familiaux. Ils confèrent le sentiment d'être comme à la maison qui se retrouve d'ailleurs en salle. Si je n'avais aucun doute sur l'excellence des mets, je découvre ce que signifie une cuisine simplement parfaite: il n'y a rien à ajouter ni à enlever. On ne se pose pas de question et on se laisse porter.

J'arrive gentiment en bout de course – j'ai tout de même craqué pour le plateau de fromages – lorsqu'on m'amène le pré-dessert (oui, ça existe). Une douceur au citron qui rafraichit quand on vient de s'envoyer la quasi-totalité des animaux de la forêt. Je termine officiellement mon repas avec une gourmandise au chocolat et des mignardises (quand il n'y en a plus, il y en a encore).

Il est bientôt 15 heures quand je quitte les contrées fribourgeoises. «Vous reviendrez en mars pour découvrir mon menu?» me lance Victor Moriez en guise d'au revoir. Si vous insistez!

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source: boston globe / boston globe
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