Samedi, 10 heures du matin. Pas franchement l’heure où Lausanne sort son plus beau déhanché (sauf ceux qui sont en plein walk of shame, en rentrant d’after, coucou à vous). Et pourtant, au numéro 36 de la route Aloys-Fauquez, les fêtards affluent devant la vitrine d'un Bread Store, boulangerie bien connue dans la région.
A l’intérieur, pas d’habitués qui lisent 24 heures en sirotant un cappuccino, mais un DJ set en pleine montée, des gens qui dansent café en main, et des odeurs de pain chaud qui flottent au-dessus des platines. La toute première Bakery Session lausannoise est en train de lever comme une belle pâte feuilletée.
Le concept, venu de France, c’est un peu le fantasme de tous les noctambules qui ont promis «cette fois j’arrête les afters à 9h du mat’»: faire la fête dans une boulangerie, à l’heure où d’habitude on comate devant la rediff’ d’une émission pétée de voyance (comment ça, vous faites pas ça, vous?).
Pas de vodka Red Bull qui vous enlève de l'espérance de vie ni de fumoir glauque mal aéré, mais des parts de tarte à la rhubarbe, du jus d’orange pressé et un lineup 100% local, avec des DJs de la région bien déterminés à faire danser Lausanne en plein jour et sans alcool. Ce samedi 17 mai, entre 10 heures et 14 heures, les baguettes ont tremblé au rythme des basses et le comptoir est devenu une table de mix, entre les sandwichs et les croissants.
Ce n’était pas une after glauque. Ce n’était pas non plus une soirée. C’était autre chose. Un entre-deux sucré-salé, électro-friendly, sorte de «soirée matinale», où l’on a pu danser sans culpabiliser d’avoir laissé tomber le traditionnel pilate du samedi.
Cette Bakery Session était ouverte à tous, même à celles et ceux qui n’avaient pas entendu parler de la petite sauterie. Certains clients qui venaient juste acheter du pain se sont d’ailleurs laissés cueillir par l’ambiance.
D’autres, au contraire, attendaient l'événement avec impatience, motivés par des images qui ont fait le buzz il y a quelques semaines sur les réseaux sociaux. Des Parisiens avaient été surpris de trouver, dans leur boulangerie de quartier, un certain Bob Sinclar, mixant au milieu des croissants.
Parmi les fêtards lausannois, il y avait de tout. Des gens du quartier, des jeunes, des moins jeunes, des très, très jeunes (une petite puce en couche-culotte qui vivait sans doute sa première sortie «en boîte»), des habitués des soirées, des habitués des boulangeries... Tous alléchés par l'odeur du beurre et du café qui coule à flots, attirés par l'idée de faire la fête en plein jour, dans un lieu insolite... et pour certains, avec la promesse de s'amuser sans «devoir» boire.
Le succès de cette première édition à Lausanne, organisée par l'association Move To The Sound et la boulangerie Bread Store, laisse espérer que d’autres suivront. «Très, très certainement!», nous souffle Laurent, le patron des lieux, tout sourire. Peut-être à Lausanne, peut-être aussi dans d'autres Bread Store de la région. Un DJ venu en curieux profiter de la fête m’annonce d’ailleurs qu’il mixe bientôt à l’occasion d’une… Bakery Session. Ce sera samedi prochain, le 24 mai, au Duo Créatif à la Tour-de-Peilz.
Le concept bobo-croissant-parisien fait-il des petits jusqu’en Suisse? Il faut croire. On devra peut-être bientôt s’habituer à voir des files de fêtards devant les boulangeries. En plein jour, au milieu des croissants, sans alcool, avec un jus d’orange, un virgin mojito ou un café à la main. Et franchement, ça fait du bien. Santé!