Depuis que Donald Trump est de retour à la Maison Blanche, les organisations suisses d'entraide ont supprimé près de 1000 postes. En effet, le gouvernement américain a considérablement réduit les financements de l'Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID), qui finance des projets à l'échelle mondiale.
Après que certaines ONG suisses aient déjà informé sur les conséquences de cette réduction drastique, un aperçu global de la branche est désormais disponible pour la première fois. Alliance Sud, le centre de compétences suisse pour la coopération internationale et la politique de développement, a présenté mardi à Genève les résultats d'une enquête remplie par 24 organisations non gouvernementales suisses.
En raison des coupes opérées par l’USAID, les ONG participantes ont dû licencier soixante personnes en Suisse, renoncer à publier certains postes prévus, et se séparer d’au moins 891 collaborateurs à l’étranger. Des pays comme le Burkina Faso, l’Ouganda ou le Bangladesh ont été particulièrement touchés:
Il a également souligné que la situation restait imprévisible.
Selon l’enquête, sept organisations attendent actuellement des versements en provenance des Etats-Unis pour des projets déjà réalisés, pour un montant total de plus de 12 millions de francs suisses. Par ailleurs, cinq ONG ont dû annuler des projets d’une valeur de 20 millions de francs.
Terre des hommes est particulièrement touché. L'ONG a dû supprimer plus de 400 postes à l’étranger, car 10% de ses dépenses dépendaient des Etats-Unis. Sa directrice a mis en garde contre le fait que ces coupes budgétaires pourraient entraîner des pertes humaines:
Au total, les 24 ONG suisses estiment qu’en raison du manque de financements de l’USAID, elles ne pourront plus venir en aide à environ trois millions de personnes dans le besoin. Dans le domaine des projets de santé, cela pourrait notamment favoriser la propagation de maladies comme le paludisme.
La situation est d’autant plus tendue que les coupes budgétaires américaines ne sont pas les seules en cause: plusieurs pays européens ont réduit leur aide au développement en raison de la hausse des dépenses militaires, c’est aussi le cas de la Suisse, depuis décembre. Selon Alliance Sud, les ONG suisses pourraient ainsi faire face en 2025 à une baisse globale de 100 millions de francs des fonds disponibles.
Le secteur est en quête désespérée de nouvelles sources de financement, conscient de l’ampleur herculéenne de la tâche. Les donateurs et donatrices privés se sont-ils montrés plus généreux, dans un réflexe d’opposition à Trump?
Même son de cloche chez Terre des hommes. Sa directrice, Barbara Hintermann, explique que l’organisation se prépare à fonctionner à l’avenir de manière «plus modeste», avec un budget d’environ 80 millions de francs, contre 100 millions jusqu’ici.
Traduit et adapté par Noëline Flippe